Le satellite russe Cosmos 2553 tourne sur lui-même à 2000 km d'altitude depuis plusieurs mois. Les États-Unis soupçonnent cet engin spatial d'être lié à un programme militaire nucléaire antisatellites. Le Center for Strategic and International Studies estime que le satellite n'est plus opérationnel.

- Le satellite russe Cosmos 2553, opérationnel depuis février 2022, montre des signes de dysfonctionnement et tourne sur lui-même.
- Washington soupçonne que Cosmos 2553 fait partie d'un programme d'armes nucléaires antisatellites, qui ciblerait potentiellement des réseaux comme Starlink.
- Moscou affirme qu'il s'agit d'un satellite de recherche, mais les informations de surveillance spatiale contredisent cette version.
Les analystes américains ont repéré un comportement anormal du satellite Cosmos 2553. Deux entreprises de surveillance spatiale, LeoLabs et Slingshot Aerospace, ont détecté des mouvements de rotation non maîtrisés de ce satellite russe lancé en février 2022. Washington estime que cet engin participe au développement d'armes nucléaires spatiales, capables de détruire des constellations entières comme Starlink, que la Russie et la Chine ont en ligne de mire. La Russie maintient qu'il s'agit d'un satellite de recherche destiné à tester des instruments dans un environnement à fort rayonnement.
Le satellite Cosmos 2553 montre des signes de dysfonctionnement majeur depuis un an
Les observations ne laissent que peu de doutes. Les données radar Doppler de LeoLabs et les images optiques de Slingshot Aerospace indiquent des mouvements de rotation erratiques du satellite russe. Ces entreprises américaines de surveillance spatiale suivent Cosmos 2553 depuis son lancement le 5 février 2022. LeoLabs a détecté ces anomalies dès novembre dernier et a confirmé son diagnostic le mois suivant. « Cette observation suggère fortement que le satellite n'est plus opérationnel », a déclaré le Center for Strategic and International Studies dans son évaluation annuelle des menaces spatiales publiée vendredi.
Le satellite russe se trouve à environ 2 000 km d'altitude, dans une zone caractérisée par un fort rayonnement cosmique. Cette position isolée est inhabituelle pour un satellite d'observation ou de communication classique. Moscou affirme qu'il s'agit d'un appareil de recherche destiné à tester des instruments dans un environnement à forte radiation. Le commandement spatial américain conteste cette version car les caractéristiques de l'engin ne correspondent pas à cette mission.
Si Cosmos 2553 paraissait incontrôlable jusqu'à récemment, les dernières observations de Slingshot montrent qu'il pourrait s'être stabilisé, selon Belinda Marchand, directrice scientifique de l'entreprise. Mais le mal est peut-être déjà fait.

Washington soupçonne un lien avec un programme d'armes nucléaires spatiales russe
Mais les États-Unis ne l'entendent pas de cette oreille. Ils le considèrent comme une pièce importante du programme russe de développement d'armes antisatellites à capacité nucléaire. Ces armes pourraient théoriquement détruire des réseaux entiers de satellites, notamment le système Starlink de SpaceX utilisé par l'armée ukrainienne.
Mallory Stewart, ancienne secrétaire d'État adjointe américaine au contrôle des armements, avait déclaré l'année dernière que la Russie « envisageait l'incorporation d'armes nucléaires dans ses programmes de contre-attaque spatiale ». Trois responsables américains ont confirmé à Reuters que le lancement de Cosmos 2553 avait renforcé la conviction de Washington concernant ces développements militaires russes.
Le porte-parole du commandement spatial américain a souligné que l'incohérence entre les caractéristiques du satellite et sa mission déclarée, « associée à une volonté démontrée de cibler des objets américains et alliés en orbite, augmente le risque de mauvaise perception et d'escalade ».
Les technologies de surveillance spatiale commerciales jouent désormais un rôle crucial dans ce contexte tendu. Ces services, relativement récents mais en plein essor, permettent de mieux distinguer les différents types de manœuvres d'engins spatiaux. Le ministère américain de la Défense en a fait une priorité pour éviter les erreurs d'interprétation qui pourraient mener à des incidents diplomatiques ou militaires.
La Russie n'est pas seule dans cette nouvelle course aux armements spatiaux. Les États-Unis et la Chine investissent aussi massivement dans leurs capacités militaires en orbite. Des dizaines de milliards de dollars sont consacrés au développement de technologies spatiales pouvant avoir des applications militaires.
Source : Reuters