L’usage militaire de Starlink, notamment en Ukraine, inquiète sérieusement des puissances comme la Russie et la Chine. Au point que chacune développe activement des technologies capables de brouiller ou de neutraliser les signaux des satellites de SpaceX.

Dans un rapport de plus de 300 pages, la Secure World Foundation (SWF), une organisation non gouvernementale entièrement consacrée à la durabilité de l'espace, analyse les capacités anti-satellite de douze pays, dont les États-Unis, la Russie et la Chine. Et le terme de « guerre spatiale » ne semble jamais avoir été autant d'actualité.
Brouiller Starlink
Une partie du document s'attarde sur Starlink, dont l'utilisation dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine a ouvert une nouvelle page dans la militarisation des infrastructures spatiales. Son exploitation a même donné des idées aux forces armées du Kremlin : le système Tobol, initialement conçu pour protéger les satellites russes contre le brouillage, est désormais utilisé pour perturber les signaux Starlink au-dessus de l’Ukraine.
Le pays développe même un dispositif plus avancé nommé Kalinka. Celui-ci est en mesure de détecter et bloquer les communications entre les satellites Starlink et leurs terminaux au sol, avec pour objectif de désactiver les communications militaires et les drones ukrainiens. Fait à ne pas négliger, il viserait aussi Starshield, la version militaire de Starlink, selon le rapport.
De son côté, la Chine réfléchit elle aussi à des systèmes capables d'endommager les satellites de la constellation. Les auteurs de l'étude soupçonne le pays de concevoir des sous-marins à lasers équipés de mâts rétractables capables de viser les satellites Starlink ou de les surveiller. Ces plateformes pourraient opérer avec l’aide d’un guidage externe pour localiser les cibles, estiment-ils.
La défense spatiale est aujourd'hui considérée comme un enjeu majeur par de nombreux pays. Les États-Unis, par le biais de la Space Force, testent actuellement des brouilleurs de satellites appelés Remote Modular Terminals. Pouvant opéré à distance, ils sont censés fournir une capacité de guerre électronique dans l’espace.

Un débat urgent
Alors que les tensions géopolitiques s'intensifient, ces efforts se multiplient. Il y a quelques semaines, Donald Trump signait par exemple un décret avec l'ambition de créer un « dôme de fer » visant à protéger les États-Unis des attaques intercontinentales. Et si pour l'heure, ces systèmes sont avant tout axés sur la défense, leur sophistication pourrait mener à des dispositifs plus agressifs.
« Notre société et notre économie mondiales dépendent de plus en plus des capacités spatiales, et un futur conflit dans l'espace pourrait avoir des répercussions négatives massives et à long terme qui se feraient sentir ici sur Terre, car tout le monde sur cette planète utilise des données spatiales sous une forme ou une autre », alerte la Secure World Foundation.
Dans ce contexte, l'organisme plaide pour un débat public ouvert et urgent sur les questions de sécurité spatiale, avec une coopération internationale renforcée, à plus de transparence sur les capacités militaires spatiales. Car dans le même temps, de plus en plus de satellites civils sont envoyés un orbite. Reste à voir si cet appel sera entendu…