Vue d'artiste de la station spatiale chinoise CSS ou SSC (© CMSA)
Vue d'artiste de la station spatiale chinoise CSS ou SSC (© CMSA)

La Chine estime que des satellites Starlink, propriétés de SpaceX ont, ces derniers mois et à deux reprises, menacé la sécurité de la station spatiale chinoise (SSC). À cela, Elon Musk répond qu'il y a de la place pour tout le monde.

Il y a du rififi dans l'espace - et maintenant sur Terre - depuis que la Chine a déposé une plainte, remise au Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), dans laquelle elle fustige SpaceX et ses satellites Starlink, qui œuvrent au déploiement de services de télécommunication sur tout le globe. Pékin reproche à la firme d'Elon Musk d'avoir dû contraindre sa station spatiale, Tiangong, d'effectuer des manœuvres d'évitement à deux reprises, par crainte d'entrer en collision avec des satellites Starlink.

La station spatiale chinoise a dû effectuer deux manœuvres d'évitement, en prévention de potentielles collisions

La Chine estime que Starlink, SpaceX et par extension les États-Unis ont violé l'article 5 du Traité sur l'Espace, qui impose à tout pays constatant un phénomène qui pourrait présenter un danger pour la vie ou la santé des astronautes dans l'espace extra-atmosphérique, de le porter à la connaissance d'autres États ou de l'ONU.

Dans sa plainte, la Chine ne relate pas un mais deux événements qui ont mis en danger, selon Pékin, la station spatiale chinoise. Le 1er juillet 2021, la Chine a constaté un rapprochement entre la SSC et le satellite identifié Starlink-1095, après avoir noté que ce dernier avait lentement manœuvré, depuis le 16 mai 2021, jusqu'à une orbite d'environ 382 km, alors qu'il se déplaçait, jusque-là, de manière stable à une orbite moyenne d'environ 555 km d'altitude. « Pour des raisons de sécurité, la station spatiale chinoise a pris l’initiative d’effectuer une manœuvre d’évitement dans la soirée de ce jour-là afin d’empêcher une collision potentielle entre les deux engins spatiaux », indique Pékin.

Le deuxième incident rapporté par la Chine remonte au 21 octobre 2021. Cette fois, il met en cause le satellite Starlink-2305, qui lui aussi s'est un peu trop rapproché de la station, se déplaçant sur une orbite stable et quasi circulaire à environ 390 km d'altitude (avec une inclinaison d'environ 41,5 degrés). Les experts déplorent une manœuvre continue mais inconnue du satellite de SpaceX, donnant lieu à des erreurs orbitales « difficiles à évaluer », selon les scientifiques chinois, qui ont ainsi procédé à une nouvelle manœuvre d'évitement, « pour empêcher une collision potentielle entre les deux engins spatiaux », dont la sécurité était menacée.

Ce n'est qu'une broutille, pour Elon Musk

Accusant Starlink, SpaceX et les États-Unis d'avoir mis en danger la vie et/ou la santé des astronautes à bord de sa station et de manquer à leurs obligations internationales, la Chine réclame à l'ONU de faire respecter les dispositions du Traité, alors que près de 1 800 satellites de SpaceX sont en orbite et que 12 000 de plus sont attendus pour optimiser la couverture Internet à haut débit de Starlink.

Principal intéressé, Elon Musk a répondu à la plainte à sa manière, auprès de la presse américaine. Le fantasque milliardaire, bien connu au sein de l'empire du Milieu grâce à Tesla, considère que « l'espace est tout simplement extrêmement énorme », et que « les satellites sont très petits ». Il affirme n'avoir aucune volonté de bloquer quelconque pays ou entreprise. « Nous n'avons empêché personne de faire quoi que ce soit, et nous ne nous attendons pas à le faire », a-t-il ajouté.

La stratégie de déploiement de satellites semble tout de même inquiéter au-delà de la Chine, jusqu'en Occident. Le patron de l'Agence spatiale européenne (ESA), Josef Aschbacher, a récemment averti le monde et fait comprendre que les milliers de satellites de communication mis en orbite par Starlink feraient tomber le nombre de créneaux orbitaux disponibles ainsi que le nombre de fréquences radio. Mais Elon Musk persiste. Pour lui, il y a suffisamment de place pour tout le monde. L'homme d'affaires compare ainsi les « quelques milliers de satellites » à « quelques milliers de voitures sur Terre », affirmant que « ce n'est rien ». Le débat est ouvert.

Sources : Ars Technica, ONU