© SpaceX
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Josef Aschbacher, directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA) depuis novembre 2020, a exprimé son inquiétude quant à la surreprésentation de SpaceX en orbite basse. Selon lui, il existe un manque de coordination flagrant entre les gouvernements pour mieux réguler les lancements de satellites. 

Les propos d’Aschbacher font suite à la décision récente de l’Allemagne de demander à l'Union internationale des télécommunications (UIT), qui coordonne l'utilisation des fréquences sans fil pour le transport de données, d'accorder au réseau Starlink de SpaceX un spectre pour environ 40 000 satellites. L’entreprise possède déjà l’autorisation d’en envoyer 30 000 dans l’espace. 

Les nouveaux satellites s’accumulent en orbite basse 

Josef Aschbacher estime ainsi que la complaisance des pays européens avec le réseau Internet Starlink risque d’avoir un impact direct sur le secteur spatial privé du Vieux Continent, qui n’aura pas assez de marge de manœuvre pour se développer tant SpaceX occupe déjà une place importante en orbite basse – zone qui se situe entre 250 et 1 500 km d'altitude. « L'espace sera beaucoup plus restrictif [en termes de] fréquences et de créneaux orbitaux. Les gouvernements d'Europe devraient collectivement avoir intérêt à donner aux fournisseurs européens des chances égales de jouer sur un marché équitable », a affirmé le directeur général de l’ESA. 

« Vous avez une personne qui possède la moitié des satellites actifs dans le monde. C'est assez incroyable. De facto, c'est lui qui fait les règles. Le reste du monde, y compris l'Europe... ne réagit pas assez vite », a-t-il continué, en faisant évidemment référence à Elon Musk, le P.-D.G. de SpaceX. 

Le secteur spatial privé est en plein boom grâce à la baisse des coûts de lancement mais également au développement de satellites moins imposants ; SpaceX, bien que leader, n’est pas la seule firme à vouloir exploiter l’orbite basse pour le déploiement d’une constellation de satellites. C’est également le cas d’Amazon avec le projet Kuiper, ainsi que de OneWeb. Dans ce contexte, la Satellite Industry Association estime qu’il pourrait y avoir plus de 100 000 satellites commerciaux en orbite d'ici 2029. 

Un manque de régulation à l’échelle internationale 

La hausse du nombre d’objets en orbite pose plusieurs problèmes, notamment l’augmentation de risques de collision et donc une hausse exponentielle du nombre de débris spatiaux. Par ailleurs, les astronomes se plaignent d’une baisse de la visibilité du ciel à cause de Starlink ; si de nouvelles technologies ont été incorporées aux satellites pour solutionner ce problème, il est certain que l’ajout de milliers d’appareils en orbite basse ne fera qu’empirer la situation. 

Les propos de Josef Aschbacher vont dans le même sens que ceux de Franz Fayot, Ministre de l’Économie luxembourgeois :

« Vous avez des gens comme Elon Musk, qui ne font que lancer des constellations et des satellites et lancer des Teslas en orbite. Nous devons établir des règles communes. La colonisation, ou le fait de faire des choses dans un espace complètement déréglementé, est une préoccupation ». 

Aujourd’hui, il n’existe pas d’autorité internationale ayant pour mission de réguler les lancements de satellites : c’est surtout ce manque de supervision, très préjudiciable au spatial européen, que Fayot et Aschbacher dénoncent.