La "skycrane" photographiée par Perseverance juste avant qu'il se pose sur Mars, suspendu aux cables. Les moteurs sont allumés mais ne produisent pas d'effet visuel. Crédits NASA/JPL-Caltech
La "skycrane" photographiée par Perseverance juste avant qu'il se pose sur Mars, suspendu aux cables. Les moteurs sont allumés mais ne produisent pas d'effet visuel. Crédits NASA/JPL-Caltech

Lors de l'arrivée de la mission Mars2020 sur la surface martienne, les différentes caméras activées pour les « 7 minutes de terreur » ont capturé pratiquement 23 000 images. La NASA a tout juste commencé à diffuser ce trésor de données sur le site de la mission et lors d'une conférence de presse ce lundi 22 février.

Les bonnes nouvelles continuent pour Perseverance.

Une descente filmée sous toutes les coutures

L'attente a duré tout le week-end, savamment organisée par la NASA, dont les responsables de la communication ont du faire face à une véritable fronde populaire : jusqu'ici toutes les missions martiennes orchestrées par le JPL avaient transmis au public toutes leurs images au fur et à mesure de leur réception, sans rétention. Le suspense s'est finalement terminé ce lundi, et la récompense est à la hauteur des attentes.

L'agence a en effet diffusé une première vidéo de toute la phase de descente de Perseverance, depuis l'ouverture des parachutes jusqu'après l'atterrissage, alors que la « Skycrane » libérée du rover se dégage du site pour aller s'écraser un peu plus loin. Un véritable festival d'images en haute définition en forme d'hommage technique à celles et ceux qui ont orchestré cette descente, avec l'ouverture d'un très grand parachute à une vitesse supersonique, le guidage précis qui se « ressent » très bien dans la vidéo, et l'atterrissage maîtrisé dans des volutes de poussière martienne.

Un peu de tri dans les photos

Si les équipes ont été occupées depuis jeudi soir pour rapatrier les images de la phase de descente (environ 23 000 clichés, téléchargés essentiellement en miniatures d'abord, puis une sélection en haute résolution), les opérations au sol ne sont pas restées au point mort. Le rover a réussi à déployer son antenne grand gain, suivie ce week-end par le mât principal de Perseverance, qui contient ses deux caméras de navigation (Navcam), deux caméras capables de zoomer (Mastcam-Z) et la suite instrumentale SuperCam.

Cette dernière n'est pas encore activée, mais l'étalonnage va commencer dans les jours à venir. Une fois le mat activé, les équipes ont pu faire pivoter le mât pour enregistrer un panorama en haute résolution, premier d'une série qui sera probablement longue et productive.

(cliquez sur l'image pour afficher le panorama large et découvrir la zone). Crédits NASA/JPL-Caltech
(cliquez sur l'image pour afficher le panorama large et découvrir la zone). Crédits NASA/JPL-Caltech

Même depuis l'orbite…

En orbite non loin du cratère Jezero au moment de l'atterrissage, le Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) a orienté son petit télescope vers le site, et capturé plusieurs clichés de la zone, qui ont permis d'identifier Perseverance à la surface, mais aussi les sites de crash des autres éléments : la coque arrière avec son parachute, le bouclier thermique et la « Skycrane », qui a heureusement réussi à s'éloigner de plusieurs centaines de mètres avant d'arriver à court de carburant.

Les différents éléments crashés au sein du cratère Jezero. Crédits NASA/JPL-Caltech

Pas de micro, mais des vidéos

Seule minuscule ombre au tableau, le microphone qui était chargé d'enregistrer les sons lors de la phase de descente n'a pas pu fonctionner correctement. Ce dernier est à présent en fonction, et la NASA a diffusé les premiers sons enregistrés sur place, à savoir quelques faibles rafales de vent (et les bruits du rover, qui - heureusement qu'il n'y a personne autour - produit un sifflement entêtant).

Ces données seront importantes, couplées à celles de la petite « station météo » qu'emporte le rover et pour un retour scientifique de l'exploitation de microphones dans ce genre de très faible atmosphère.

Le dispositif au premier plan est le mat robotisé de Perseverance, encore replié. Pour le reste, bienvenue à Jezero... Crédits NASA/JPL-Caltech/E. Bottlaender

Les équipes scientifiques ont également pu entrer en jeu, puisque le rover a fourni dès ce week-end une impressionnante collection d'images montrant les alentours. Une phase intense de découvertes, puisqu'évidemment aucun véhicule n'avait visité le cratère Jezero auparavant, et que les images de l'orbite n'autorisaient qu'une résolution comprise entre 30 et 50 centimètres par pixel.

En plus d'observer les traces d'éjection de poussière, ce sont déjà trois types de roches différentes qui sont en cours d'évaluation… Et comme le rover a pris soin de se poser dans une zone dégagée, il y a plusieurs options d'études futures sur des gros blocs aux alentours, pour les futurs tours de roue.

Ces derniers n'auront pas lieu immédiatement, mais d'ici quelques jours les équipes du JPL prévoient un premier « gigotement » pour tester les déplacements du rover. Le petit hélicoptère Ingenuity se porte bien, mais ne sera pas déployé avant plusieurs semaines (il va faire l'objet de tests de batteries - tout cela était prévu à l'avance).

La vue depuis le mat de Curiosity, orienté vers l'arrière du rover et son générateur électrique à radioisotope. Crédits NASA/JPL-Caltech/E.Bottlaender

D'ici là, professionnels, passionnés et amateurs peuvent dès à présent aller voir et revoir les images de la mission, le nombre d'images « brutes » sans pré-traitement se comptant déjà en milliers (3 500 le 22 février). De quoi observer le déploiement du parachute et de ses motifs (il y est écrit la devise du JPL : Dare Mighty Things, et les coordonnées GPS du centre de Pasadena), la dépose du rover ou tout simplement de quoi se perdre dans le paysage de Jezero depuis les multiples points de vue, sous le rover, sur le mat, à l'arrière…

Attention toutefois, les images sont présentées la plupart du temps en valeur de gris pour garder un format de données fixes. Une image couleur de la Navcam par exemple, est constituée de trois images (filtres rouge, vert, bleu) qu'il faudra assembler avec le logiciel de votre choix. Le résultat, même comparé aux très belles images de Curiosity, est époustouflant.

Source : nasa.gov