Après deux mois en orbite au sein de la Station Spatiale Internationale, les astronautes Doug Hurley et Bob Behnken sont revenus sur Terre, ce 2 août.
La première mission habitée de Crew Dragon est un succès !
Tous à l'eau !
« Je ne suis pas religieux, mais ce coup-ci j'ai prié », avouait Elon Musk en conférence de presse cette nuit. Tout sourire, le fondateur de SpaceX célébrait hier soir le succès de la mission Demo-2 ou DM-2 avec les responsables de la NASA. À 20h48 (heure de Paris) au large de la Floride dans le Golfe du Mexique, la première capsule habitée Crew Dragon réussissait à amerrir en toute sécurité sous ses quatre parachutes. La NASA avait finalement choisi ce site plutôt que les autres points candidats côté Atlantique, en raison de la présence de la tempête tropicale Isaias.
À l'intérieur du véhicule, les deux astronautes Douglas Hurley et Bob Behnken ont attendu d'être hissés sur le navire de SpaceX (et quelques poignées de minutes supplémentaires pour éviter tout dégagement de gaz de propulsion toxique) pour pouvoir s'en extraire vers 22h. Sains et saufs après deux mois de mission, ils ont ensuite immédiatement entamé leur voyage de retour vers Houston. C'était le premier amerrissage d'un véhicule orbital américain depuis la mission Apollo-Soyouz en juillet 1975.
Cotillons vs distanciation
Premier partenariat « public-privé » pour des vols habités, le contrat Commercial Crew signe un succès majeur avec ce retour, puisque ce vol de test était le dernier d'importance avant de pouvoir certifier la capsule Crew Dragon de SpaceX et entamer des rotations régulières de quatre astronautes vers la Station Spatiale Internationale depuis la Floride. La conclusion de presque une décennie de contrats de développement, dont le dernier round a été attribué en janvier 2015 à SpaceX (2,6 milliards de dollars) et Boeing (4,1 milliards).
La capsule Starliner de Boeing doit encore effectuer deux vols de démonstration vers l'ISS, mais pour la NASA, la réussite de cette mission « toute américaine » signe la fin de la dépendance aux véhicules russes Soyouz… Qui aura tout de même duré neuf ans. Cette orientation nationale est très chère à l'administration actuelle.
Un retour très observé
Les deux astronautes ont mis pratiquement une journée à revenir à bon port, puisque leur capsule s'est désamarrée de l'ISS à 1h34 du matin, après une longue liste de vérifications (on n'oubliera pas qu'il s'agissait d'un vol d'essai). Après s'être éloignés de la station, Bob et Doug ont bénéficié d'une période de repos d'environ 10 heures avant de préparer leur retour sur Terre. Crew Dragon s'est orientée pour larguer son « coffre » (ou module de service) à 19h41 (heure de Paris) avant de freiner et de quitter son orbite à 20h08. Le véhicule a résisté comme prévu à sa rentrée atmosphérique, et a pu communiquer rapidement avec les équipes au sol en attendant le déploiement réussi de ses parachutes.
Seul accroc dans ce retour triomphant, la présence de plus d'une quinzaine de bateaux de pêche et de plaisance qui se sont agglutinés à faible distance autour de la capsule juste après son amerrissage, au mépris des avertissements des garde-côtes. La NASA, SpaceX et les autorités promettent de faire mieux la prochaine fois.
Go pour la réutilisation !
Une période intense s'annonce maintenant pour les équipes de l'agence américaine et de SpaceX, qui vont éplucher les données et analyser avec précision l'état de la capsule, sa télémesure, son état physique et le débriefing des astronautes.
Maintenant que la NASA dispose d'un accès à l'espace, elle compte bien s'en servir. Le premier vol « régulier », USCV-1 est pour l'instant prévu avec quatre astronautes (les américains Michael Hopkins, Victor Glover et Shannon Walker et le japonais Soitchi Noguchi) avant fin septembre.
Enfin, la NASA, qui semblait jusqu'à présent réticente à la réutilisation des capsules Crew Dragon, a donné le feu vert à l'entreprise pour démonter et remettre en état celle qui a servi au vol Demo-2 et baptisée « Endeavour » par Doug Hurley et Bob Behnken. Selon SpaceX, il faudra environ quatre mois pour la préparer à nouveau à voler. Elle devrait être prête au printemps prochain, pour le vol USCV-2, au sein duquel on retrouvera notre Thomas Pesquet national.
Source : NASA