Vous ne le savez peut-être pas, mais la société TomTom est à l'origine de bien des services connectés embarqués dans les véhicules. Si la firme a acquis une expérience incontestable du côté de l'information trafic, vous allez voir que ce qu'elle nous réserve pour la suite s'annonce très prometteur et bien souvent indispensable pour faciliter la vie des conducteurs.
Bon nombre de constructeurs automobiles semblent parfois baisser les bras face à l'efficacité des applications mobiles développées par des sociétés telles que Google et Apple. C'est pourquoi, lorsqu'ils évoquent leur système d'infotainement embarqués, ils en viennent bien souvent à évoquer la compatibilité de leur système avec Google Android Auto ou Apple CarPlay. Plus récemment, le propos s'est même étoffé en ajoutant que ces applications de « réplication du smartphone » sont désormais sans fil. Lorsque celles-ci sont couplées avec un chargeur à induction dans l'habitacle, c'est parfait ! Après tout, c'est ce que les conducteurs recherchent. Pour autant, des sociétés historiques travaillent activement aujourd'hui à reprendre la main sur les solutions embarquées et TomTom en fait partie.
TomTom Navigation for Automotive : un concurrent des solutions Google
Nul besoin d'y penser très longtemps pour comprendre que TomTom, acteur historique du monde l'industrie automobile, n'entend pas laisser le champ libre à Google qui, tout géant qu'il est, pourrait bien imposer son Google Android Services, déjà adopté par Polestar.
Comme nous l'explique George De Boer, Directeur Marketing chez TomTom, à l'occasion d'une interview, TomTom Navigation Automotive est - attention, accrochez-vous bien - « un système de navigation embarqué cloud-native et hybride ». Rien que ça. Résumé plus simplement, il est question ici de tout un écosystème comprenant à la fois la cartographie, les fonctions d'affichage, celles de recherche ainsi que de nombreux services de navigation.
Et par « fonctions d'affichage », il faut considérer la multiplication des écrans dans l'habitacle pour saisir l'étendue du propos. La simple fonction de navigation comporte aujourd'hui de multiples couches de données incluant l'information trafic, la présence d'un accident ou d'un radar et, pourquoi pas, l'emplacement des feux de circulation.
TomTom a fait partie des cartographes à démocratiser les indications de guidage telles que « au feu, tournez à droite » ou « à la pharmacie, tournez à gauche », mélangeant ainsi la base de données des points d'intérêts (POI) avec la navigation. Et cette multitude d'informations peut désormais être exploitée sur des écrans de plus en plus grands, mais aussi sur des compteurs numériques, sur des affichages tête haute et même sur des écrans déportés du côté passager.
TomTom ajoute qu'il sait d'ores et déjà gérer toutes les tailles d'écran et même proposer des systèmes d'affichage tête haute en réalité augmentée. George De Boer reste pour l'heure discret sur ses partenaires et ne nous indiquera pas s'il est impliqué dans ce genre de solution proposée notamment chez Mercedes et Volkswagen.
Des fonctionnalités que nous avons pu utiliser concrètement sur des véhicules de série tels que la Porsche Taycan ou encore la Honda-e. Ce qui nous amène à ce que nous qualifierons de surcouche la plus intéressante à venir et celle que les constructeurs automobiles en mal d'équipe de développeurs devraient adopter à bord de leur véhicule : l'interopérabilité entre le software et le hardware.
Quand les capteurs discutent avec l'intelligence logicielle
La caméra qui lit le panneau de limitation et qui indique au régulateur de vitesse actif qu'il faut ralentir… cela n'a rien de nouveau. En tout cas pour une partie des constructeurs automobiles qui ont fait le choix de proposer ce type d'équipement, généralement en option. Mais lorsqu'on sait que des dizaines de capteurs sont embarqués dans un véhicule récent, les possibilités sont innombrables, à condition de savoir exploiter les données.
Prenons l'exemple du véhicule électrique. George De Boer nous explique que TomTom travaille d'ores et déjà avec les principaux opérateurs des réseaux de charge. Il est ainsi capable de collecter des informations sur l'état des bornes ainsi que leur disponibilité. Interrogé sur ce point M. De Boer estime à environ 400 000 les stations pour lesquelles il dispose aujourd'hui d'informations actualisées.
Comme d'autres nous direz-vous. Sauf que, lorsque vous êtes cartographe, que vous connaissez l'état du trafic, mais aussi le type de revêtement et les dénivelés (positif et négatif) et que vous comptez également parmi vos services des relevés sur la météo, vous augmentez la qualité de l'intelligence prédictive.
Ce qui revient alors à être en mesure de proposer des itinéraires optimisés, avec une actualisation en permanence de l'autonomie estimée du véhicule, y compris en prenant en compte le style de conduite. À chaque instant, le système de guidage peut vous orienter vers une station plutôt qu'une autre. Sur le papier, c'est une bonne nouvelle pour les conducteurs de ces véhicules, mais cela ne résout pas le problème de la qualité déplorable du réseau de charge dans l'Hexagone.
Comme nous le disions plus haut, cette API TomTom Navigation for Automotive peut exploiter une multitude d'écrans et ainsi en profiter pour améliorer les instructions liées à la sécurité. Toujours grâce à cette communication entre les ADAS (les capteurs) de la voiture et les dispositifs d'affichage, TomTom est en mesure de proposer une fonction de changement de voie améliorée.
Par exemple, à l'occasion d'un changement de voie sur autoroute, le GPS sera non seulement en mesure de vous dire qu'il faut prendre, par exemple, la troisième voie à gauche, mais il vous dira aussi s'il faut attendre parce qu'un véhicule a été détecté par les radars.
Enfin, toujours selon George De Boer, toutes ces fonctions sont très simples à intégrer pour les constructeurs automobiles. TomTom propose d'ailleurs pour chacun de ses clients une solution afin d'en personnaliser l'affichage. Le hic, c'est que pour l'heure les détails des différents partenaires qui pourraient adopter cela sont encore confidentiels. George De Boer nous rappelle toutefois que l'entreprise est aujourd'hui partenaire d'une quarantaine de marques et que de prochaines annonces devraient être faites, tirant tout ou partie des technologies de TomTom.
Certains d'entre vous auront peut-être identifié que les photos ci-dessus mettent en scène un concept d'habitacle imaginé par TomTom. Pour autant, même si pour l'heure aucun constructeur n'a mis en place la solution de TomTom (cela ne saurait tarder), la forme de l'écran central nous fait penser à celui de la nouvelle Peugeot 308 - un autre des partenaires historiques de TomTom. Pas vous ?