Créé pour combattre les spam, phishing et autres fraudes par e-mail, le protocole DMARC, qui fête ses 10 ans, assure une vraie protection contre l'usurpation de noms de domaine.
Il y a dix ans désormais, le 30 janvier 2012, des acteurs du numérique s'étaient réunis pour offrir une portée digne de ce nom au protocole DMARC, alors adopté pour détecter et empêcher l'usurpation d'identité. Le Domain-based Message Authentification Reporting and Conformance reste, une décennie plus tard, l'une des armes les plus efficaces pour se prémunir contre les différentes attaques basées sur le courrier électronique. Son adoption s'est même accélérée en France ces dernières années.
Le protocole DMARC, une protection contre l'usurpation des e-mails efficace mais qui ne freine pas suffisamment la propagation des cyberattaques
Le DMARC est donc un protocole ouvert d'authentification de courrier électronique qui vise à empêcher un hacker d'usurper l'identité d'une organisation et de son domaine, en écartant purement et simplement des messages qui ne seraient pas authentifiés. Il s'agit encore à ce jour de l'unique technologie massivement déployée permettant de rendre l'en-tête d'un e-mail fiable.
Les exemples d'utilisation du DMARC ne manquent pas. Le protocole combat l'usurpation de domaine (lorsqu'un cybercriminel usurpe le domaine d'une entreprise pour faire croire que l'e-mail est légitime), l'usurpation d'adresse électronique, l'e-mail d'imposteur, le courriel de phishing, le hameçonnage de consommateur, l'usurpation de partenaire, l'escroquerie par e-mail et le Business email compromise (BEC), qui consiste en un courrier électronique semblant provenir d'un collaborateur de haut niveau d'une entreprise ou d'une société, et qui demande à son destinataire de lui envoyer de l'argent ou des informations sensibles (une technique souvent utilisée dans le cadre de l'ingénierie sociale).
Malgré l'adoption et l'efficacité du protocole, l'e-mail demeure le vecteur majeur de propagation de cyberattaques dans le monde, avec plus de 9 menaces sur 10 initiées par la messagerie. Chaque mois, des centaines de marques restent détournées par des hameçonneurs.
Une pédagogie nécessaire, pour exploiter au mieux les propriétés du protocole DMARC
Ces quatre dernières années, l'adoption du protocole DMARC s'est accélérée en France. De plus en plus de RSSI font adopter le standard, et en janvier 2022, ce sont pas moins de 30 entreprises du CAC40 qui ont un enregistrement DMARC. Elles n'étaient que 23 en 2020, 18 en 2019. Lorsque nous parlons d'un « enregistrement », il s'agit de la procédure effectuée par le propriétaire du domaine, qui peut publier un enregistrement DMARC dans le système de noms de domaine (DNS), pour ensuite créer une politique expliquant aux destinataires ce qu'ils ont à faire dans le cas où ils reçoivent un e-mail dont l'authentification échoue.
Et pourtant, derrière cet enthousiasme certain, il y a une réalité qui ne trompe pas. Car sur les 31 entreprises du CAC40 ayant un enregistrement DMARC, elles ne sont que six à bloquer de façon proactive les emails frauduleux et à être donc conformes au protocole DMARC, nous indique Proofpoint. Il existe par ailleurs un vrai décalage aussi entre les secteurs privé et public. Cinq ministères français sur 14 ont mis en œuvre DMARC. Avouons que c'est bien peu.
Du côté français toujours, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), encourage fortement l'adoption du protocole DMARC. De même, le gouvernement propose un outil de diagnostic d'un domaine (par exemple gmail.com) dont il est bon de se servir notamment dans le monde professionnel. « Sans DMARC, les cybercriminels disposent d'un outil puissant pour inciter les employés à commettre une erreur et donner des informations confidentielles qui peuvent avoir de graves conséquences », explique Loïc Guézo, directeur stratégie cybersécurité EMEA chez Proofpoint.
Le standard DMARC est aujourd'hui complété par le BIMI (Brand Indicators for Message Identification), qui facilite l'identification de l'expéditeur d'un courrier électronique. BIMI possède la particularité de n'être ouvert qu'aux noms de domaine protégés par DMARC, et vient renforcer le protocole d'authentification au global.
Source : Proofpoint