Proposer un vélo électrique qui ressemble véritablement à un vélo : c’est ce qu’avait en tête le hollandais Vanmoof en concevant le S3, produit haut de gamme vendu 2000 euros.
Destiné aux citadins, il ne s’encombre toutefois pas des codes habituels des vélos de ville et son design épuré pourrait presque le faire passer pour un fixie. Pour arriver à ce résultat, ses concepteurs ont-ils dû faire des concessions sur le confort d’utilisation, la maniabilité et l’autonomie ? Afin de le savoir, nous l’avons adopté pendant un peu plus de deux semaines.
Design : un minimalisme élégant
Vanmoof n’est pas adepte des fioritures inutiles. Notre modèle de test, peint d’un noir mat du plus bel effet, ne laisse aucune place aux fantaisies graphiques. Seule une discrète bande bleu ciel apporte une touche de couleur sur la barre supérieure. Cette dernière héberge à ses extrémités les feux avant et arrière, sa face supérieure embarquant une matrice de LEDs faisant office d’afficheur.
On trouve sous la barre supérieure une touche de mise en route ainsi que le port de chargement de la batterie. Celle-ci, intégrée dans la barre diagonale, ne peut être retirée comme c’est le cas chez la quasi-totalité des concurrents. Certes, cette intégration renforce l’impression de ne pas avoir un vélo électrique, mais elle ne vous facilitera pas la vie si votre garage ne dispose pas de prise de courant.
Le S3 ne laisse apparaître aucun câble autre que ceux des freins, tout étant logé dans le cadre. Le moteur est quant à lui monté dans le moyeu avant, choix a priori étonnant. Nous y reviendrons un peu plus loin.
Le vélo est équipé en standard de deux garde-boue prolongés par une bavette afin de préserver le conducteur de toute forme d’éclaboussures. La chaîne est quant à elle protégée par un carter fait de plastique. Celle-ci s'avère assez solide et ne nous a posé aucun problème pendant la durée de notre test. Signalons aussi la présence d’une béquille bien pensée que nous avons trouvé très stable.
Le S3 est doté de roues de 28’’, d’un cadre aux dimensions généreuses et d’un guidon large. Conçu pour permettre de garder le dos droit pendant les déplacements, il convient aux utilisateurs mesurant entre 1,70 m et 2,10 m. Pour les cyclistes plus petits (à partir de 1,55 m), le constructeur préconise le X3, déclinaison plus compacte du S3 équipée d’un cadre à la géométrie plus basse et de roues de 24’’. Vanmoof affirme que cette compacité le rend également plus maniable, notamment pour les trajets urbains.
Le guidon ne dispose pas de changeur de vitesse, mais de deux boutons logés sur les poignées gauche et droite. Le premier déclenche la sonnette électronique tandis que le second est réservé à l’activation du booster électrique.
La selle, plutôt étroite et longue, procure une assise proche de celle d’un vélo de course. Si cela ne vous convient pas, libre à vous d’opter pour une selle plus confortable, quitte à casser un peu la ligne du S3. Nous avons finalement opté pour une housse en gel qui a apporté un confort nettement plus conséquent à nos fesses de citadins, plus habituées aux sièges des transports en commun qu’aux selles rigides.
Sécurité et entretien : tout est prévu
Vanmoof ne prend pas à la légère les risques de vol potentiels. En premier lieu, des boulons antivol sécurisent la fixation des roues, amoindrissant ainsi tout risque de disparition. Le moyeu arrière dispose d’un kick lock, sorte de bouton manipulable au pied qui verrouille la roue tout en activant le mode antivol. Toute manipulation jugée inhabituelle par l’ordinateur de bord fait apparaître sur l’afficheur une tête de mort lumineuse, accompagnée d’un clignotement des phares et d’une très dissuasive alarme.
Le son produit, plutôt soft lors des premières secondes devient strident si elle n’est pas désarmée rapidement. L’opération s’effectue depuis l’application installée sur le smartphone du propriétaire. À noter qu’un mode proximité, fonctionnant grâce à la connexion Bluetooth, peut empêcher le déclenchement de l’alarme si le propriétaire se trouve à proximité du vélo (la distance est paramétrable dans l’application).
Si le smartphone n’est pas utilisable (batterie à plat ou même oublié à la maison), il est bien entendu possible de désactiver le mode de surveillance en utilisant un code. Celui-ci, formé d’une séquence de trois chiffres, est composé en pressant plusieurs fois d’affilée le bouton de la sonnette.
Si le S3 est malgré tout dérobé, plusieurs options restent disponibles. Grâce au module GSM intégré, il est possible de verrouiller complètement l’ordinateur de bord depuis l’application, le rendant de fait inutilisable. Associé au GPS du S3, il enverra constamment sa position afin de faciliter sa localisation. Afin d’être encore plus efficace, Vanmoof propose l’assurance Peace of Mind : lorsque le vol du vélo est signalé, les Bike Hunters du constructeur rentrent en action afin de le retrouver. Si cela n’est pas fait dans les deux semaines, le vélo est alors replacé. Valable 36 mois, cette option est facturée 290 € à l’achat.
À noter que Vanmoof propose aussi un pack maintenance. Valable lui aussi pendant 36 mois, il couvre l’entretien et la réparation du vélo en boutique Vanmoof ou à domicile (sur Paris uniquement) par les Bike Doctors du constructeur. L’achat simultané des packs maintenance et sécurité est facturée 490 €.
Une conduite très agréable
Le moteur du S3 se trouve dans le moyeu de la roue avant tandis que le moyeu arrière abrite le mécanisme de changement de vitesse automatique. On pouvait craindre qu’un mécanisme de traction avant procure une assistance un peu trop brusque. À l’usage, il n’en est rien et le S3 s’avère très agréable en ville.
L’assistance reste très progressive et ne pose pas de problème de maîtrise du vélo, y compris pour les débutants. On apprécie l’aide efficace qu’elle apporte sans jamais se montrer trop fougueuse, notamment à faible allure. On aurait apprécié la présence de capteurs au niveau des pédales afin qu’elle colle encore mieux à l’effort fourni par l’utilisateur.
Le passage entre les quatre vitesses disponibles est entièrement automatique (pas de dérailleur manuel), le niveau de déclenchement de l’une à l’autre étant ajustable depuis l’application. Pour tout dire, nous étions a priori un peu déçus à l’idée de ne pas pouvoir changer manuellement de vitesse pendant un trajet. Mais à l’instar des voitures automatiques, ce système s’avère au final agréable.
L’assistance électrique dispose de quatre niveaux, réglables depuis l’application compagnon : impossible de la modifier lors d’un trajet. Si cela ne pose pas de problème en train raisonnablement plat, il en va autrement lors d’une montée où l’on regrette parfois de ne pas avoir défini l’assistance électrique au maximum avant le trajet. C’est à ce moment qu’on apprécie la présence du Turbo Boost, activable par une pression sur le bouton logé au niveau de la poignée droite. En fournissant une accélération supplémentaire, il permet d’éviter de devoir forcer trop lors d’une montée ou procure l’accélération nécessaire lorsqu’un feu passe au vert.
Comme exigé par la réglementation européenne, le S3 coupe l’assistance électrique lorsque la vitesse atteint 25 km/h, ou dès que l’on cesse de pédaler. Aux USA, la limite maximale passe à 32 km/h : charge à l’utilisateur de régler au travers de l’application la région dans laquelle est utilisé le vélo. On s’en doute, nombre de cyclistes peuvent être tentés d’utiliser la limite américaine afin d’aller plus vite. Bien qu’illégale, la manœuvre reste possible en France, comme nous l’avons constaté (seul un avertissement apparaît lors de la sélection de la zone USA). Pourquoi ne pas avoir exploité le GPS intégré au vélo afin de mettre en place automatiquement la limitation adéquate ?
Vanmoof a opté pour un très efficace mécanisme de freinage à disques hydrauliques. D’après nos constatations, il permet en cas de besoin de passer de 25 km/h à l’arrêt total en moins de 4 m. Bien sûr, le conducteur risque d’être un peu secoué par un arrêt brusque, mais il ne sera pas désarçonné. En dehors d’un freinage d’urgence, on apprécie la progressivité du mécanisme hydraulique, à la fois confortable et rassurant.
Dépourvu de mécanisme d’amortisseur, le S3 vous fait bien sentir les aspérités de la surface de roulage si elle n’est pas raisonnablement plane. Et si les plus petites sont correctement absorbées par les pneus, les bosses et nids-de-poule plus marqués se rappelleront à votre bon souvenir lorsque nous passerez dessus (et on ne vous parle même pas des sensations procurées par les pavés…) Qu’on ne se méprenne pas : le S3 n’est pas un « tape-cul », loin de là, et nous avons pris beaucoup de plaisir à le piloter en ville. Mais il ne nous semble pas vraiment adapté à la forêt ou aux chemins mal entretenus.
Pour finir, quelques remarques sur l’application. Lors de notre test, celle-ci n’était disponible qu’en anglais. Vanmoof affirme « réfléchir » à sa traduction en français, sans toutefois avancer de date précise. Disponible pour iOS et Android, celle-ci s’avère plutôt réussie et offre des options intéressantes. Parmi elles, la possibilité de choisir la tonalité de la sonnette parmi les trois proposée ou d’analyser l’intensité ou le rythme des trajets. Précisons que l’application ne fait pas office de GPS et qu’elle n’enregistre que des données liées à la vitesse, à la distance et à la dénivellation du parcours. Pour garder une trace géographique du parcours, il faudra passer par une application cycliste traditionnelle.
Autonomie : variable selon l’usage
On l’a mentionné plus haut, la batterie n’est pas amovible. Il faudra donc impérativement ranger le vélo dans un local doté d’une prose électrique. Cela risque de poser problème si l’on habite en appartement et qu’il faut porter les 19 kg du vélo sur quelques étages d’escalier.
La batterie affiche une capacité de 504 Wh : de quoi assurer d’après le constructeur une autonomie variant entre 60 et 150 km selon l’usage fait de l’assistance électrique. On le voit, l’amplitude est importante. Difficile en deux semaines de vérifier l’ensemble de ces valeurs (surtout lorsqu’il n’est pas possible de poser des congés !). Après avoir parcouru une cinquantaine de kilomètres en ville (niveau d’assistance 4, utilisation fréquente du boost), la batterie chargée à bloc affichait une capacité disponible de 18 %. Cela semble en ligne avec les prévisions de Vanmoof pour la valeur basse de la fourchette d’autonomie.
L’avis de Clubic
Avec le S3, Vanmoof propose un vélo à assistance électrique très convaincant à défaut d’être parfait. On aime son aspect soigné, la qualité de la construction ainsi que la sensation de sécurité qu’il procure en ville. Malgré son installation sur le moyeu avant, l’assistance électrique s’avère efficace, souple et agréable. On apprécie les différents dispositifs de sécurité intégrés ainsi que l’autonomie très correcte pour une utilisation urbaine.
Malgré tout, le S3 n’est pas parfait. On pourra par exemple regretter que sa batterie ne soit pas détachable afin de la recharger plus facilement. Ou que la sélection de l’assistance électrique ne puisse se faire qu’à l’arrêt. À ces détails près (qui n’en seront peut-être pas pour certains utilisateurs potentiels), on ne peut qu’être séduit par cet excellent vélo électrique.