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Ces titres sans paroles ni musique sont écoutés plusieurs millions de fois chaque mois par des auditeurs qui cherchent un moment de relaxation.

C'est un phénomène qui a surpris à la fois les services de streaming musical, mais aussi les maisons de disques ces derniers mois.

Une tendance qui ne cesse de s'amplifier avec des nombres d'écoutes gigantesques

Si les catalogues des plateformes comme Spotify ou Apple Music peuvent proposer jusqu'à 100 millions de titres, les auditeurs semblent avoir une préférence marquée pour des titres dépourvus de toute musique ou de paroles.

Bruit du vent, pluie tombante, feu crépitant, ou encore bruit blanc, bruit brun et bruit rose sont actuellement à la mode et génèrent des millions d'écoutes chaque mois à travers les différents services d'écoute musicale.

À titre d'exemple, le titre Clean White Noise - Loopable With No Fade a généré pas moins de 837 millions d'écoutes sur Spotify. Ce morceau relaxant aide les plus petits à s'endormir et peut être écouté pas moins de 280 fois par nuit si on laisse le lecteur allumé durant les sept heures de sommeil d'un enfant. Ce nombre faramineux d'écoutes, qui tutoie ceux d'artistes confirmés mondialement, aurait rapporté 2,5 millions de dollars de royalties à ses auteurs.

Certains artistes s'insurgent contre les rémunérations accordées à ces titres

Si la tendance se confirme auprès des auditeurs, certains artistes s'insurgent du montant des redevances versées par les plateformes de streaming. En effet, ces morceaux ne demandent que peu de travail et sont souvent joués en boucle par des utilisateurs qui souhaitent se concentrer ou se détendre, mais ils génèrent bien plus d'argent que des titres plus complexes qui ont demandé des mois de travail.

« Il y a des artistes incroyables qui travaillent dans la conception sonore, mais beaucoup de choses dont nous parlons ne sont pas ça, c'est juste quelqu'un qui sort un micro par la fenêtre », explique Tom Gray, le guitariste de Gomez et fondateur de BrokenRecord, une campagne qui milite pour une meilleure rémunération des artistes présents sur les sites de streaming. Il ajoute : « Cela ne fait que drainer l'argent des choses qui ont une valeur culturelle, car tout vient du même pool. Il devrait y avoir un pool d'argent différent pour ce genre de choses. »

Un avis que ne partage pas Patrick Zajda, cofondateur de Lullify Music Group. L'homme a créé des playlists consacrées au bruit blanc et autres sons relaxants. Il explique mettre un certain soin pour proposer une expérience d'écoute optimale aux auditeurs : « Nous mixons et maîtrisons chaque piste, tout comme nous le ferions si nous essayions de faire un disque gagnant d'un Grammy. »

Interrogée sur le sujet, Spotify indique avoir rapidement tranché. Ainsi, la plateforme ne modifiera pas ses règles de rémunération pour ces titres particuliers : « Cette musique, comme toutes les autres musiques sur Spotify, est concédée sous licence par les titulaires de droits, et nous leur versons des frais de licence pour leur musique. »

Source : The Guardian