Interview Opera : un nouveau navigateur attendu en automne

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 03 juin 2016 à 13h28
Depuis quelques années, Opera travaille sur son navigateur de nouvelle génération basé sur le projet Chromium. Depuis, plusieurs navigateurs alternatifs ont vu le jour, mais la société maintient sa stratégie et dispose toujours d'une base d'utilisateurs fidèles.

Où en est Opera Software aujourd'hui, quelle est la vision de l'entreprise sur le long terme ? Krystian Kolondra, vice-président de l'ingénierie et responsable du développement de la version desktop du navigateur a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.

En 2006, l'homme a créé la division Recherche et Développement au sein de la société en Pologne où il est désormais responsable des activité du pays. En 2013, Krystian Kolondra a surtout été chargé de faire table rase des moteurs de rendu et d'exécution Javascript Presto et Carakan conçus en interne pour concevoir la nouvelle version du navigateur.


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Combien de personnes travaillent chez Opera aujourd'hui ?

Krystian Kolondra : Au total je dirais que nous sommes environ 800, mais il y a aussi les employés d'Opera Media Networks chargés des activités publicitaires.

Quelle est votre base d'utilisateurs actuelle ?

K.K : Au total, nous avons 350 millions d'utilisateurs et depuis deux ans, ces derniers ont migré depuis les feature phones vers les smartphones Android. Sur les PC, nous comptabilisons 60 millions d'internautes et environ 10 millions de personnes utilisent Opera Max. Notre base se développe désormais davantage vers les marchés de l'Ouest plutôt que dans les pays en voie de développement.

Où en est la procédure de rachat par des fonds d'investissement chinois ?

K.K : Nous n'avons pas encore été officiellement rachetés. Nous attendons les approbations des gouvernements américains et chinois. Ce que je peux dire c'est que ça serait bien d'avoir ces investisseurs afin de repousser nos stratégies. Lorsque nous aurons ces feux verts, alors il y aura une décision finale qui sera votée sur ce rachat. Voilà la situation aujourd'hui.

Google fait son chemin avec les Chromebook. Si a priori ce rachat vous permettra de vous rapprocher des fabricants chinois, l'idée d'un « Operabook » vous séduit-elle ?

K.K : Ça serait très tentant d'avoir un Operabook. Mais nous devons nous concentrer sur ce qui est le plus important pour nous et nous ne sommes pas des fabricants. Nous continuerons à travailler sur les navigateurs. En ce moment nous investissons dans l'intelligence artificielle. Nous souhaitons intégrer ces technologies directement dans le navigateur. L'idée est de retourner la bonne fonctionnalité ou le contenu pertinent à la bonne personne et au bon moment.

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Pourquoi avez-vous choisi de baser Opera sur Chromium et non pas Gecko ?

K.K : Lorsque nous avons réfléchi au sujet, nous nous sommes dit que WebKit était déjà devenu le standard sur mobile. Or le moteur de rendu Blink étant un fork de WebKit, nous avons opté pour Chromium.

Entendez-vous réintroduire toutes les fonctionnalités autrefois présentes au sein d'Opera Classic ?

K.K : Depuis 20 ans, le Web a évolué. Le poids des pages s'est considérablement alourdi et le navigateur se transforme un peu en système d'exploitation. Nous pensons que d'ici 2020, 80 à 85% des terminaux seront mobiles. Aujourd'hui, le PC est principalement utilisé au travail et les besoins des gens vont changer.

Les tentatives de piratage vont augmenter. Il faudra donc assurer la vie privée et la sécurité des internautes. C'est ce que nous faisons avec l'insertion d'un VPN. Je pense qu'à l'avenir tous les navigateurs disposeront d'un VPN. Aussi, à l'ère de la mobilité, nous souhaitons optimiser l'autonomie des appareils, d'où le blocage publicitaire.

Nous avons déjà presque toutes les fonctionnalités d'Opera Classic comme les gestuelles de la souris. Nous nous concentrons plutôt sur le multi-tâche comme le pop-out des vidéos.

Toutes les options d'Opera Classic ne sont pas pertinentes aujourd'hui et il existe des extensions vous permettant de les retrouver, par exemple si vous êtes un programmeur.


Que pensez-vous des travaux de Jon von Techzner portés au sein de Vivaldi ?

K.K : C'est juste un navigateur de plus comme on en voit tous les ans, il y a Brave aussi. Je pense que c'est bien de voir ces navigateurs, ça favorise l'innovation. Avec Vivaldi, la cible est toutefois un peu différente. Vivaldi touche les gens qui veulent modifier l'interface utilisateur. C'est vrai qu'il y a des personnes qui veulent ça. Mais selon nous, les avancées ne sont pas forcément techniques. Ce que nous voulons, c'est que vous puissiez faire plus de choses sur Internet.

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En mars, Håkon Wium Lie laissait suggérer qu'Opera Software planchait sur un nouveau navigateur, pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

K.K : Ce navigateur sera lancé ou présenté dans le courant de l'automne. Ce dernier sera centré sur le multitâche et particulièrement pour les écrans multipoints. Nous souhaitons mettre en place une alternative pour les PC tactiles, mais il sera toujours possible d'utiliser la version normale d'Opera.

Il y aura beaucoup de travail sur l'aspect visuel de l'application avec des animations. En ce sens, cela se rapprochera de Coast mais cela ne se fera pas au détriment des fonctionnalités pour les utilisateurs les plus avancés.

Enfin, quid d'une application universelle pour Windows 10 ?

K.K : Nous réfléchissons à cela mais même si l'application peut fonctionner partout, cela n'a pas trop de sens sur un smartphone parce que l'interface utilisateur ne fonctionne pas vraiment bien. C'est intéressant techniquement mais pas forcément approprié sur tout l'éventail des appareils.

Je vous remercie

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Je suis rédacteur en chef adjoint de Clubic, et plus précisément, je suis responsable du développement éditorial sur la partie Logiciels et Services Web.

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