Parler application

Depuis l’invasion du Capitole de Washington D.C par des militants pro-Trump la semaine dernière, c’est l’escalade. L’actuel président des États-Unis ayant vu ses comptes suspendus sur les réseaux sociaux traditionnels, ses supporteurs se sont rués en masse vers Parler, Gab et d’autres plates-formes leur garantissant, a priori, un espace de parole non modéré.

Problème : ces mêmes plates-formes ont été abondamment utilisées par les instigateurs de l’assaut contre le Capitole, et de fait identifiées par Apple et Google comme des viviers potentiels d’extrémisme. Conséquemment, Parler et Gab ne sont plus téléchargeables sur l’App Store iOS ni le Play Store d’Android.

Un ultimatum posé par Apple

Quelques jours après les tristes événements du Capitole, et constatant que de nombreuses figures de l’alt-right américaine recommandaient aux militants de migrer vers des réseaux sociaux plus libres (disons plutôt : moins modérés), Apple a posé un ultimatum à l’application Parler.

Pour que l’application puisse rester en ligne sur l’App Store, il a été demandé à ses propriétaires de mettre en place une forme de modération pour retirer les propos haineux, et notamment ceux appelant explicitement à la violence. Une tâche herculéenne au vu de la popularité du réseau social dans les sphères les plus extrémistes, à laquelle Parler n’a pas daigné se plier.

Depuis dimanche dernier, Parler n’est désormais plus téléchargeable sur l’App Store d’iOS, ni sur le Play Store d’Android. Pour motiver sa décision, la firme de Cupertino a publié un communiqué pointant un « manquement dans la régulation de la prolifération de contenus dangereux et contestable au sein de l’application ». Et ce malgré une réponse initiale de Parler assurant que ce type de contenus était « pris très au sérieux depuis des semaines ». Aussi, en vertu des points 1.1 et 1.2 des conditions d’utilisation de l’App Store, Parler n’est désormais plus le bienvenu dans les étals du magasin numérique. Celles et ceux qui l'ont déjà téléchargée peuvent continuer de l'utiliser, mais elle ne sera plus mise à jour.

© Shutterstock
© Shutterstock

Le fondateur de Parler tourne casaque

Pire que la dépublication de Parler des plates-formes de téléchargement, le réseau social a également perdu l’appui d’Amazon Web Services, qui a annoncé hier ne plus vouloir lui être affilié de quelque manière que ce soit. Parler a ainsi jusqu’à minuit ce soir (heure de la côte ouest américaine) pour migrer ses serveurs vers un autre hébergeur, ou tout bonnement perdre l’accès à ses données. Bien d’autres prestataires ont également quitté le navire, a annoncé Hail Mary, PDG de l’entreprise, à l’antenne de Fox News ce matin :  « tous les prestataires, des fournisseurs de messagerie aux plates-formes de mailing jusqu’à nos avocats, ils nous ont tous lâché ».

Pour le dire autrement : ça chauffe, pour Parler, et il faut agir vite. Une situation qui pousse Hail Mary et John Matze, co-fondateur de Parler, à sortir du bois pour redorer leur image après plusieurs déclarations laissant penser qu’ils ne se sentaient pas du tout responsables des événements les plus récents. Ce dernier a publié un communiqué précisant la politique de Parler en matière de liberté d’expression. Un texte dans lequel on peut lire que l’application « condamne le contenu qui incite à la violence, ou d’autres activités qui enfreignent la loi ». 

John Matze, co-fondateur de Parler. Capture d'écran YouTube

Les réseaux sociaux au sens large semblent en être à un tournant de leur histoire. La décision unilatérale de suspendre le compte de Donald Trump sur les différentes plates-formes est aussi bien saluée que critiquée par une frange des internautes qui estime qu’il n’est pas du ressort d’une entreprise privée de réduire au silence une personnalité publique.

Des accusations qui s’ajoutent à des craintes de musellement de la sacro-sainte liberté d’expression, que la présente mise au pilori de Parler ne risque pas d’apaiser. Quand bien même le discours sur le réseau social co-fondé par Rebekah Mercer est beaucoup moins neutre et bienveillant que veulent le faire croire ses dirigeants.

Via : Input