Ultrabook : entre succès d'estime et désillusion ?

Julien Jay
Publié le 04 juillet 2012 à 17h19
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Face à l'érosion des ventes de PC et pour contrer le succès croissant des tablettes, Intel lançait une nouvelle catégorie de machines portables, les Ultrabook. Alors que les premières machines sont apparues dans le commerce à l'automne dernier, et tandis qu'Intel étrennait il y a peu la deuxième génération de ces machines avec Ivy Bridge, partenaires et analystes dressent un premier bilan. Et le moins que l'on puise dire est que ce n'est pas nécessairement le succès escompté par Intel.

Les Ultrabooks selon Acer

Récemment Acer indiquait à nos confrères de The Channel par la voix de son président de la zone EMEA, Olivier Ahrens : « Dans l'ensemble le segment des Ultrabook se développe bien moins rapidement que prévu par Intel et nous avons déjà ajusté notre stratégie au trimestre dernier ». D'après les chiffres communiqués par NPD, les Ultrabook représentent 11% des ventes d'ordinateurs portables de plus de 700 dollars aux Etats-Unis pour les cinq premiers mois de l'année. Rappelons qu'Intel évoquait une part de marché de 40% pour la fin de cette année sur le segment des ordinateurs portables au sens large par la voix de Sean Maloney.

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Vers une hausse du prix de vente moyen d'un ordinateur portable Windows

S'il n'y a pas de raz de marée Ultrabook, il est intéressant de constater l'effet Ultrabook sur les chiffres de vente. Alors que le marché des ordinateurs portables Windows baisse globalement de 17% sur l'année (source NPD), les ventes d'ordinateurs portables à plus de 700$ baissent de 3% et celles des machines à plus de 900$ bondissent de 39% par rapport à l'an dernier, toujours d'après NPD. Les Ultrabook ont donc vraisemblablement contribué à recréer un marché pour les ordinateurs portables dont le prix final est supérieur à 700$. Ainsi au mois de mai, selon NPD, les Ultrabook représentent 14% des ventes d'ordinateurs portables à plus de 700 dollars. Un segment jusqu'alors l'apanage d'Apple.

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Les propos d'Acer et les chiffres des analystes de NPD seraient-ils contradictoires ? Pas si sûr. Alors que les chiffres de NPD se basent sur les ventes opérées outre-Atlantique, le porte-parole d'Acer évoque des performances en dessous des attentes dans la zone Europe. Facteur crise, positionnement tarifaire ou encore diagonale d'écran sont autant de points qui peuvent expliquer cette apparente disparité. Acer du reste ne s'attend pas à voir la part de marché globale des Ultrabook dépasser les 10% en Europe d'ici la fin de l'année.

Une stratégie confuse pour le moins

Quant à la stratégie d'Intel au sujet des Ultrabooks... elle pèche lourdement selon nous avec le risque bien réel de connaître un destin à la Viiv pour ceux qui s'en souviennent (voir Vers une simplification des marques d'Intel ?). Au lancement, l'appellation Ultrabook désignait une catégorie de machine bien précise. Typiquement un ordinateur portable de 13,3 pouces, ultra fin, ultra compact. D'aucuns diront un clone de MacBook Air. Puisque les partenaires d'Intel n'avaient pas réussis à proposer un équivalent aux réalisations d'Apple, le géant de Santa-Clara avait élaboré un cahier des charges bien précis, développé des technologies spécifiques aux Ultrabook pour améliorer l'autonomie, la réactivité et ce genre de paramètres tout en investissant dans des usines en Asie pour fabriquer des châssis de qualité... notamment.

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Seulement voilà, depuis ce lancement, Intel étire la marque Ultrabook dans tous les sens. Aux portables 13,3 pouces se sont ajoutés des Ultrabook 14 pouces, des modèles 15 pouces et il est même question d'Ultrabook gamer. Exit donc la promesse de compacité, de légèreté ou d'autonomie. Et nous n'évoquerons pas les hésitations sur des designs d'Ultrabooks avec écran tactile ou le flottement au sujet de la tablette Surface de Microsoft dans sa version Intel qui est qualifiée par certains d'Ultrabook. A force de désigner tout et n'importe quoi, la marque Ultrabook est diluée, perd de sa pertinence et relègue la promesse déjà pas forcément subtile à saisir pour l'utilisateur au rang de dénomination commerciale aussi pertinente que « Frigidaire ».

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A trop tirer le marché vers le bas...

En reprenant les chiffres de NPD, il y a quelque chose de frappant. NPD souligne en effet que le prix de vente moyen d'un Ultrabook est de 927 dollars soit largement au dessus du prix moyen d'un ordinateur portable Windows estimé à 510 dollars. Un écart du simple au double qui trouve ses racines dans l'aventure Netbooks. Rappelons qu'avant la vague Ultrabook, Intel a en effet poussé le segment Netbook quitte à proposer des machines franchement décevantes à un prix ultra-plancher entrainant mécaniquement vers le bas le prix moyen des ordinateurs portables. Un phénomène qui pourrait se reproduire puisque NPD constate déjà une baisse du prix moyen de l'Ultrabook passant de 927 dollars à 885 dollars au mois de mai tandis que le cabinet s'attend à l'arrivée prochaine de modèles à 699 dollars.

Remonter le prix moyen des machines n'est donc pas aussi évident, et si cela semble selon NPD se faire progressivement aux Etats-Unis sur les derniers mois, il faudra voir si cette tendance, probablement plus lente que ce sur quoi Intel avait tablé, se confirme. En cela, les chiffres de ventes des Ultrabook sur la saison du back-to-school, et sur la fin d'année plus globalement avec la sortie de Windows 8, sont particulièrement attendus.
Julien Jay
Par Julien Jay

Passionné d'informatique depuis mon premier Amstrad 3086 XT et son processeur à 8 MHz, j'officie sur Clubic.com depuis ses presque débuts. Si je n'ai rien oublié d'Eternam, de MS-DOS 3.30 et de l'ineffable Aigle d'Or sur TO7, je reste fasciné par les évolutions constantes en matière de high-tech. Bercé par le hardware pur et dur, gourou ès carte graphique et CPU, je n'en garde pas moins un intérêt non feint pour les produits finis, fussent-ils logiciels. Rédacteur en chef pour la partie magazine de Clubic, je fais régner la terreur au sein de la rédaction ce qui m'a valu quelques surnoms sympathiques comme Judge Dredd ou Palpatine (les bons jours). Mon environnement de travail principal reste Windows même si je lorgne souvent du côté de Mac OS X.

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