Le pari de Microsoft sur l'architecture ARM pour ses Surface Laptop 7 rencontre un obstacle de taille. Amazon vient d'apposer une mention « article fréquemment retourné » sur le produit, signalant un taux de retour anormalement élevé pour cette catégorie d'appareil.

La transition vers l'architecture ARM représentait un tournant stratégique majeur pour Microsoft. Avec le Surface Laptop 7 équipé du processeur Snapdragon X Elite, l'entreprise espérait reproduire le succès d'Apple avec ses puces M1, M2 et M3. Pourtant, plusieurs mois après son lancement, les premiers signaux d'alarme apparaissent.

- Puissance de la puce Snapdragon X Elite
- Autonomie flatteuse
- Qualité d’affichage de très bon niveau
Un taux de retour qui questionne la viabilité de Windows on ARM
Amazon a récemment ajouté un avertissement sur la page du Surface Laptop 7, prévenant les acheteurs potentiels que ce produit est « fréquemment retourné » et les encourageant à consulter les avis avant l'achat. Cette étiquette, réservée aux produits affichant un taux de retour significativement plus élevé que la moyenne de leur catégorie, constitue un revers pour Microsoft. Les avis sur Amazon US révèlent plusieurs sources d'insatisfaction. Si l'appareil conserve une note moyenne de 4,2 étoiles sur 5, environ 12% des évaluations ne lui accordent qu'une seule étoile. Les critiques concernent principalement la compatibilité logicielle et les performances inconstantes.
Ces problèmes persistent malgré l'introduction de Prism, la technologie d'émulation développée par Microsoft pour faire fonctionner les applications x86 sur ARM. Bien que cette solution améliore considérablement l'expérience par rapport aux précédentes tentatives, certaines applications professionnelles et jeux restent problématiques ou totalement incompatibles.
Un écosystème encore fragile malgré les promesses
Ces difficultés s'inscrivent dans un contexte plus large de faible adoption des PC Windows sur ARM. Avec seulement 720 000 portables Snapdragon X vendus depuis leur lancement, ces appareils représentaient une part infime des ventes de PC. Les tests de performance montrent des résultats contrastés. Si les puces Snapdragon X Elite offrent d'excellents scores en calcul multicœur, elles accusent un retard dans des tâches quotidiennes comme l'encodage vidéo ou la conversion de documents. L'autonomie, censée être leur atout principal, ne surpasse pas systématiquement celle des MacBook équipés de puces Apple, pourtant dotés de batteries plus petites.
La dépendance aux versions natives des applications reste le talon d'Achille de l'écosystème. Contrairement à Apple qui a créé un environnement unifié incitant les développeurs à optimiser leurs logiciels, Microsoft demande un effort supplémentaire : maintenir simultanément des versions x86 et ARM, compliquant considérablement la transition.
Microsoft ajuste sa stratégie face aux défis
Face à ces obstacles, Microsoft semble recalibrer son approche. L'entreprise prévoit de lancer en 2025 de nouveaux modèles Surface Pro et Surface Laptop équipés de processeurs Intel Lunar Lake, tout en maintenant sa gamme ARM. Ces futurs appareils Intel seront les premiers PC de Microsoft avec cette architecture à recevoir la certification Copilot+ PC, initialement réservée aux machines ARM. Cette décision suggère que Microsoft privilégie désormais une stratégie de cohabitation des architectures plutôt qu'une transition complète, à l'instar de ce qu'a pu proposer Apple en maintenant au mieux la prise en charge de ses Mac Intel jusqu'en 2024.
Cette approche pragmatique pourrait s'avérer judicieuse à court terme. Elle permet aux utilisateurs exigeants de bénéficier de la compatibilité x86 tandis que l'écosystème ARM continue de mûrir progressivement. L'avenir de Windows sur ARM dépendra largement de la mobilisation des développeurs. L'arrivée prochaine de puces Snapdragon X plus abordables pourrait démocratiser ces machines et offrir un marché plus attractif aux éditeurs de logiciels. Reste à savoir si les consommateurs donneront une seconde chance à cette plateforme malgré ces premiers signes d'adoption difficile.
Source : WCCFTECH