Prism, la révolution pour Windows on ARM ? © Allison Johnson/The Verge
Prism, la révolution pour Windows on ARM ? © Allison Johnson/The Verge

Depuis l'arrivée de Windows 11 sur les appareils ARM, Microsoft a introduit une nouvelle technologie qui pourrait bien révolutionner l'utilisation des applications x86-64 sur ces plateformes. Baptisée « Prism », cette couche de traduction promet des performances accrues et une compatibilité élargie pour les utilisateurs d'ARM.

En effet, à l'instar de Rosetta 2 sur les Mac Apple Silicon, Prism permet d'exécuter des applications initialement conçues pour des processeurs Intel sur les nouvelles architectures ARM, et ce, de manière quasi transparente pour l'utilisateur. Les premières évaluations de Prism montrent des gains de performance impressionnants, notamment grâce aux optimisations spécifiques apportées par Microsoft.

Pour bien comprendre l'importance de Prism, il est essentiel de revenir sur l'histoire de Windows RT, un système d'exploitation lancé par Microsoft en 2012. À l'époque, Windows RT visait à offrir une version de Windows optimisée pour les tablettes ARM, mais l'absence d'émulation pour les applications x86 s'est révélée être un obstacle majeur. De nombreuses applications populaires, y compris celles préinstallées comme Windows Media Player, étaient inutilisables, ce qui a largement contribué à l'échec commercial de Windows RT. Aujourd'hui, avec Prism, Microsoft semble avoir appris de ses erreurs passées, offrant enfin une solution viable pour exécuter des applications x86 sur ARM, sans compromis significatif sur les performances.

Une technologie similaire à Rosetta 2… et pas seulement exclusive aux PC Copilot+

Lorsque Apple a annoncé sa transition des processeurs Intel vers ses propres puces ARM, appelées Apple Silicon, une des clés de son succès a été l'introduction de Rosetta 2. Cette technologie de traduction binaire permettait aux utilisateurs de continuer à utiliser leurs applications x86 sans modification, tout en profitant des améliorations de performances et d'efficacité énergétique offertes par les nouvelles puces ARM. Rosetta 2 fonctionne en traduisant les instructions x86 en instructions ARM au moment de l'exécution, avec une perte de performance minimale. Les utilisateurs ont rapporté que la plupart des applications fonctionnaient aussi bien, sinon mieux, que sur les anciens Mac à processeur Intel, rendant la transition presque invisible pour beaucoup.

Vous pouvez consulter l'architecture utilisée par le logiciel à l'aide du gestionnaire de tâches. © Ars Technica
Vous pouvez consulter l'architecture utilisée par le logiciel à l'aide du gestionnaire de tâches. © Ars Technica

Microsoft, en lançant Prism, vise un objectif similaire pour les appareils Windows 11 ARM. Selon la société, Prism n'est pas simplement une réitération de l'ancienne technologie d'émulation, mais une amélioration significative qui promet des gains de performances pouvant atteindre 20 % pour les applications x86 exécutées sur le même matériel ARM. Les premiers benchmarks, comme ceux de GeekBench, montrent que Prism peut effectivement offrir des performances doublées en mode single core et triplées en mode multithreaded par rapport aux précédentes solutions d'émulation. Comparé à Rosetta 2, Prism promet une compatibilité accrue avec les applications x86 et une meilleure efficacité globale, même si ces résultats peuvent varier en fonction du matériel utilisé. Ainsi, en comparant Prism à Rosetta 2, Microsoft cherche à prouver que les appareils Windows 11 ARM, Copilot+ mais pas seulement, peuvent être tout aussi performants et polyvalents que leurs homologues Mac.

Une évolution plus qu'une révolution

L'un des points forts de Prism est son intégration avec le tout nouveau processeur Snapdragon X Elite de Qualcomm. Conçu spécifiquement pour les appareils Windows sur ARM, ce processeur apporte plusieurs améliorations matérielles qui pourraient optimiser l'exécution des applications x86 émulées. À l'instar des puces Apple Silicon, il est possible que le Snapdragon X Elite intègre des optimisations cachées, comme l'accélération du code JavaScript ou l'amélioration du memory ordering, pour booster les performances des applications web et offrir une expérience utilisateur plus fluide. Ces « tricheries » matérielles, bien que controversées, peuvent faire une grande différence dans la perception de la vitesse et de l'efficacité des appareils.

Les premiers tests de performance confirment les promesses de Microsoft. Selon les benchmarks GeekBench, les gains de performance sont significatifs, avec des scores doublés en mode single core et triplés en mode multithreaded pour les nouveaux processeurs Qualcomm Elite. Ces résultats soulignent les avancées de Prism et la capacité des nouveaux processeurs à tirer pleinement profit de cette technologie. En revanche, les anciens processeurs montrent une amélioration plus modeste, d'environ 20 %, principalement due aux améliorations logicielles apportées par Prism plutôt qu'à des avancées matérielles. Cela démontre que Prism peut améliorer l'efficacité même sur du matériel plus ancien, mais que les meilleurs résultats sont obtenus avec les nouvelles générations de processeurs ARM.

Microsoft promet un gain énorme de performances pour la nouvelle gamme Copilot+ comparé à d'anciens modèles. © Microsoft

Il est important de noter que Prism représente une évolution, et non une révolution, de la technologie d'émulation de Microsoft. Depuis l'introduction de Windows 10 ARM en 2017, l'émulation des applications x86 a toujours été un élément clé de la stratégie de Microsoft pour ses appareils ARM. Avec Prism, cette technologie atteint un nouveau niveau de maturité, offrant une compatibilité et des performances nettement améliorées. Les développeurs et les utilisateurs peuvent désormais s'attendre à une expérience plus homogène et efficace lorsqu'ils utilisent des applications x86 sur des appareils Windows 11 ARM.

Et le gaming dans tout ça ?

L'une des grandes questions concernant Windows sur ARM est de savoir comment ces appareils gèrent les applications x86 exigeantes, comme les jeux vidéo. Microsoft et Qualcomm ont récemment dévoilé un site web, WorksOnWoA.com, qui répertorie la compatibilité des jeux avec les processeurs ARM. Ce site classe les jeux en quatre catégories : Parfait, Jouable, Fonctionne, et Injouable. Selon Linaro, le groupe d'ingénierie ARM derrière ce site, 747 jeux sont actuellement classés comme parfaits, fonctionnant à 60 FPS ou plus en 1080p, sans problème significatif. Cependant, certains jeux populaires comme Fortnite et PUBG restent Injouables en raison de problèmes de compatibilité avec les systèmes anti-triche​​, ce qui ne surprendra pas les utilisateurs de Steam Deck.

En plus des jeux, la compatibilité des applications x86 sur ARM continue de s'améliorer grâce à des efforts concertés de Microsoft et des développeurs de logiciels. Adobe, par exemple, a récemment annoncé des versions compatibles ARM de ses applications phares, Illustrator et Premiere Pro, qui seront disponibles en juin 2024. Ces versions profiteront pleinement de l'architecture ARM pour offrir des performances améliorées et une meilleure autonomie de batterie. Cette évolution s'inscrit dans une tendance plus large où de plus en plus de logiciels, y compris les navigateurs comme Vivaldi, Opera et Brave, deviennent compatibles avec ARM, rendant l'écosystème Windows sur ARM de plus en plus robuste et performant.

Une solution à un problème qui ne disparaîtra jamais

Contrairement à Apple, dont la stratégie a été de migrer complètement son écosystème vers ARM avec les puces Apple Silicon, Microsoft adopte une approche différente. La firme de Redmond ne cherche pas à abandonner l'architecture x86, mais plutôt à offrir une coexistence harmonieuse entre x86 et ARM. Cela signifie que les utilisateurs peuvent continuer à utiliser leurs applications x86 sur les nouveaux appareils ARM sans attendre de versions natives pour chaque logiciel. Prism joue un rôle crucial dans cette stratégie, permettant une transition en douceur et garantissant que les utilisateurs ne ressentent pas de perte de performances trop importante lors de l'exécution d'applications x86 sur ARM.

La majorité des applications grand public proposent ou devraient proposer sous peu une version ARM. © Microsoft

Alors que Rosetta 2 chez Apple était conçue comme une solution temporaire pour faciliter la transition vers ARM, Prism est destiné à être une solution pérenne pour Windows sur ARM. Cette différence est essentielle, car elle montre que Microsoft anticipe des scénarios dans lesquels certains logiciels, notamment les logiciels open-source ou ceux qui ne sont plus activement maintenus, ne seront jamais portés nativement sur ARM. Pour ces applications, Prism restera une technologie indispensable, assurant leur fonctionnement et leur compatibilité sur les nouveaux appareils ARM. En outre, Prism continuera d'évoluer et de s'améliorer, offrant des performances accrues et une meilleure compatibilité au fil du temps, ce qui renforce l'attrait des appareils Windows sur ARM pour une large base d'utilisateurs.

Avec des avancées comme Prism et le soutien croissant des développeurs de logiciels, Windows sur ARM se positionne comme une alternative viable et performante aux systèmes traditionnels x86. La stratégie de Microsoft, axée sur la compatibilité, promet un avenir où les utilisateurs pourront bénéficier des avantages des deux architectures sans compromis majeur.

  • Refonte graphique de l'interface réussie
  • Snap amélioré
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