Certains constructeurs de PC portables à destination des joueurs font ainsi le pari de proposer des machines à la fois performantes et attrayantes, car particulièrement fines. C'est le cas de Razer, avec son Blade, et du nouveau venu Aorus, avec son X7. Deux portables capables d'embarquer des composants performants dans des châssis très compacts.
Jouer en mobilité, c'est un doux rêve qu'ont sans doute caressé nombre de possesseurs d'ordinateurs portables. Disposer d'un PC à la fois autonome, compact, léger et silencieux, mais également performant, y compris dans les jeux, est un Graal que, pour le moment, nous n'avons jamais découvert.
Razer et Aorus sont-ils parvenus à stopper notre quête et leurs produits parviennent-ils à répondre à ces nombreuses exigences ? Plus généralement, compacité et gaming exigeant font-ils bon ménage ? La réponse dans ce test !
Au moment de son annonce, le X7 a fait grand bruit. Non pas parce qu'il embarque un SLI de GeForce GTX 765M, d'autres modèles en étaient équipés bien avant le portable de Aorus. La vraie prouesse se trouve plutôt dans l'intégration de tels composants dans un châssis extrêmement fin, ce que le constructeur est le premier à tenter.
Le X7 n'excède en effet pas les 2,3 cm d'épaisseur. Si on ramène cette dimension aux 17,3 pouces de sa dalle, l'impression de finesse est manifeste. Le poids de la machine est également assez contenu : 2,9 kg, c'est assez peu pour un portable de cette dimension.
Qui dit diagonale de 17,3 pouces dit forcément Full HD : le X7 n'échappe heureusement pas à la règle et propose une dalle capable d'afficher sur 1 920 par 1 080 pixels. Elle est par ailleurs bien contrastée et profite d'un traitement antireflet efficace, mais pêche en revanche par un manque de luminosité une fois l'écran calibré (sans lequel l'image est un peu froide).
Aorus a soigné l'aspect de son X7. Le design anguleux rappelle le caractère gamer de la machine, qui reste cependant très sobre et conviendra probablement au plus grand nombre. La construction est assez soignée et le portable ne souffre pas de défaut particulier de ce point de vue, mais la finition reste en deçà de ce qu'offre Razer avec son Blade.
C'est d'ailleurs aussi le cas lorsqu'on soulève le capot du X7 : l'agencement des composants et le souci du détail, nécessaires dans un châssis aussi fin, impressionnent. Le circuit de refroidissement, notamment, parait tout à fait adapté aux objectifs élevés qu'impose la finesse du X7 : refroidir efficacement des composants placés dans un espace particulièrement confiné.
Des composants, justement, parlons-en : le X7 embarque un Core i7-4700HQ, de génération Haswell, dont la fréquence de base est de 2,4 GHz, alors que le mode Turbo peut faire grimper l'un des 4 cœurs de ce processeur à 3,4 GHz. Ce dernier est épaulé de 8 Go de mémoire vive fonctionnant à 1 600 MHz, alors que la quantité de RAM totale peut être facilement portée à 32 Go, via l'utilisation des 4 slots SO-DIMM prévus par Aorus.
L'affichage est, comme nous le disions plus haut, assuré par un SLI de GeForce GTX 765M de NVIDIA, une puce que nous avions testée à sa sortie (voir Les NVIDIA GeForce GTX 760M et 765M en test). Chacun de ces deux GPU dispose pour rappel de 2 Go de GDDR5 fonctionnant à 1 GHz, est constitué de 768 cœurs CUDA tournant à 850 MHz et utilise un bus mémoire 128-bit.
Côté stockage, Aorus a choisi d'intégrer deux slots mSATA, avec la possibilité de disposer (dans les versions les plus onéreuses) d'un RAID 0 de SSD (pour une capacité totale variant donc de 128 à 512 Go). On trouve également un emplacement 2,5 pouces dans lequel vient s'insérer un disque dur de 500, 750 ou 1 000 Go.
Pour alimenter tous ces composants, Aorus a placé une batterie d'une capacité de 73,3 Wh. Suffisant pour confier à une telle machine une autonomie décente ? Nous reviendrons plus loin sur ce sujet.
Si ce dossier s'intéresse davantage au hardware qu'aux autres aspects de nos deux portables, un mot tout de même sur l'ergonomie de cet Aorus X7. Le touchpad offre une glisse remarquable, et le clavier est large et confortable, tant du point de vue de l'espacement des touches que de la course de ces dernières. Il bénéficie en outre d'un rétroéclairage réglable en intensité et de touches dédiées à la macro (jusqu'à 25 actions différentes). Seul petit regret : une tendance, pour le clavier, à retenir les traces de doigts.
Notez enfin que le X7 profite de deux ports HDMI et d'un connecteur mini-DisplayPort : au CES, le stand d'Aorus présentait ainsi un X7 pilotant trois écrans. Ce portable Aorus devrait être rapidement disponible, pour un tarif débutant à 2 000 euros.Le 31 mai dernier, Razer annonçait la seconde génération de son Blade et présentait, pour l'occasion, le premier modèle 14 pouces de la gamme.
En 2011, Razer sortait son premier PC portable, le Blade. Une machine qui a fait sensation, notamment grâce à une surface tactile couleur et 10 touches à affichage LED, qui remplaçaient le traditionnel pavé numérique. Finalement commercialisé en février 2012 (au tarif de 2 800 euros !), ce Blade premier du nom fut en rupture de stock en 30 minutes. Signe de l'engouement engendré par le produit.
Après une mise à jour adoptant les processeurs Ivy Bridge, en septembre 2012, Razer dispose donc, depuis mai dernier, de deux déclinaisons de son portable gamer : le Blade Pro, qui conserve le fameux pavé tactile, et le Blade 14, qui doit s'en passer, format réduit oblige.
C'est donc ce modèle que nous testons aujourd'hui. Un produit qui se démarque par sa finesse impressionnante : 1,7 cm seulement, soit moins qu'un MacBook Pro Retina 13 pouces, alors même que le Blade offre une diagonale, plus généreuse, de 14 pouces.
Ce portable compact l'est d'autant plus si l'on considère son poids : avec ses 1 880 grammes, il est sans doute trop lourd pour qui recherche la mobilité avec tout. Mais pour quelqu'un qui mise avant tout sur la polyvalence, le Blade 14 est probablement ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle.
Car dans ce châssis aux dimensions réduites se cache tout de même un Core i7-4702HQ et ses 4 cœurs fonctionnant à 2,2 GHz (et 3,2 GHz grâce au Turbo d'Intel), 8 Go de DDR3L-1600, et une GeForce GTX 765M et ses 2 Go de GDDR5 dédiés. Soit une configuration que l'on peut retrouver dans des portables dont l'épaisseur est, aux bas mots, deux fois plus importante.
Le stockage est assuré par un SSD de 128, 256 ou 512 Go, sans que ce dernier ne soit épaulé par un disque dur, les dimensions réduites du Blade 14 ne le permettant pas.
Sa finesse prive également le Razer Blade 14 d'un port Ethernet. On pourra se consoler avec la puce signée Qualcomm, une Killer NIC N1202 compatible Wi-Fi 802.11n et Bluetooth 4.0. Le reste de la connectique est sans surprise : 3 ports USB 3.0 (aux couleurs de la marque) et une sortie HDMI. Il affiche enfin sur une définition HD+ (1600 x 900 pixels) et son écran propose des prestations tout à fait convaincantes : bonne luminosité, traitement antireflet efficace... Idéal pour jouer en toute mobilité, comme l'autorisent les dimensions de ce portable.
Un petit mot enfin sur l'ergonomie de ce portable : on apprécie le rétroéclairage (vert, évidemment) du clavier, dont l'intensité est variable. Aucun souci au niveau de son utilisation ; les touches sont bien proportionnées (notamment le pavé directionnel) et bénéficient d'une course tout à fait suffisante.
Le touchpad est quant à lui de bonne taille, et la glisse qu'il offre est très bonne. Petit bémol sur les boutons qui le soulignent, ou encore l'écran (et notamment son contraste), dont la qualité nous semble en dessous par rapport au reste du portable. Le Razer bénéficie en effet d'un très bon niveau de finition et ne souffre d'aucun défaut de construction. Tout juste pourra-t-on regretter que les patins placés sous le châssis accrochent très vite la saleté.
Le ticket d'entrée pour ce Blade 14 se situe à 1 700 euros, et grimpe selon les choix effectués, notamment au niveau de la capacité du SSD. Sa disponibilité est pour l'heure encore inconnue.
Les performances dans les jeux
Pour répondre aux questions posées en introduction, il convient tout d'abord de connaître le niveau de performances de nos deux machines. Sont-elles capables de faire tourner des jeux récents avec un niveau de détails élevé ?Pour le savoir, nous avons choisi 4 titres, en plus de l'inévitable 3DMark : Battlefield 4, Crysis 3, Dirt Showdown et Bioshock Infinite. Nous avons réalisé nos tests en 1 600 x 900 pixels, soit la définition native du Razer Blade, mais aussi en 1 920 x 1 080 pour l'Aorus X7, puisque sa dalle 17 pouces profite de cette définition. Pour le Razer Blade, nous avons alors utilisé un écran externe.
3DMark met naturellement en avant le SLI de GeForce GTX 765M de l'Aorus X7, dont les performances sont supérieures de 85% à celles du Blade 14, que ce soit en 1600 x 900 ou en Full HD.
Nous utilisons Fraps sous Battlefield 4, lors d'une scène de la première mission du jeu. Remarquez que sur ce test, les performances du X7 sont au moins deux fois supérieures à celles du Blade. La raison ? Pas seulement le SLI qu'embarque le portable Aorus, mais aussi son processeur, légèrement plus véloce que celui du modèle Razer : le Core i7-4700HQ fonctionne entre 2,4 et 3,4 GHz, quand le Core i7-4702HQ tourne à des fréquences comprises entre 2,2 et 3,2 GHz.
Crysis 3 (et Fraps) apporte le même constat (évident) que précédemment : la configuration en SLI du X7 se montre très supérieure à celle du Blade. Mais l'information la plus importante concerne le nombre de fps : tout comme sur Battlefield 4, on ne peut pas jouer à plus de 30 fps sous Crysis 3 avec le Blade, du moins dans les conditions de jeu que nous avons choisies.
Ce n'est pas le cas de Dirt Showdown, qui tourne correctement sur nos deux machines, quelle que soit la définition sélectionnée. Reste que le constat demeure : le X7 affiche des performances supérieures de 61% en Full HD, et 85% en 1600x900.
Sous Bioshock Infinite (et son benchmark intégré), l'Aorus X7 domine encore largement, mais de manière moins écrasante : « seulement » 40% de gain en 1600x900. En 1920x1080 en revanche, les scores sont presque doublés. Dans cette définition (qui n'est pas celle de l'écran du Blade, rappelons-le), le jeu tombe tout juste sous les 30 fps, dans un niveau de détails élevé toutefois.
Nuisances sonores et températures
Placer des composants puissants dans des espaces très réduits comme les sont les châssis de nos deux portables est un sacré défi, car il faut pouvoir refroidir de façon satisfaisante des puces qui risqueraient de souffrir en cas de surchauffe. Et qui dit refroidissement efficace dit parfois nuisances sonores importantes.Pour vérifier comment se comportent nos deux machines durant une session de jeux, nous avons mesuré les températures du processeur et du GPU, ainsi que la pression acoustique générée par les portables. Notre salle de test était maintenue à 25°C durant les tests, et la pression acoustique de référence était de 33,8 dB(A). Les mesures sont prises au sonomètre, juste devant les machines, au niveau du touchpad, après trois sessions de 3DMark Extreme en 1600x900.
Le silence de fonctionnement du Razer Blade est étonnant pour un portable aussi compact et embarquant ce type de composants ! Et même l'Aorus, pourtant encore mieux doté, nous surprend avec une pression acoustique générée plutôt contenue. Noter toutefois qu'après une longue session de jeux, ce dernier monte nettement plus dans les tours et se fait clairement entendre.
Conséquence : les composants du X7 demeurent à un température très raisonnable, ce qui n'est pas forcément le cas de ceux du Blade. Un parti pris de la part des deux constructeurs, qui n'utilisent visiblement pas la même gestion de la ventilation.
Quid de l'autonomie ?
La grande finesse d'un PC portable et donc son caractère très mobile n'ont que peu d'intérêt sans une autonomie décente. Pour vérifier les compétences de nos deux portables en la matière, nous avons utilisé un outil développé par nos soins et capable de mesurer l'autonomie via une utilisation classique d'un PC en mobilité (lecture en plein écran d'une vidéo, bureautique, manipulation de fichier, lecture audio, un peu de surf).L'ensemble de ces opérations est répété en boucle jusqu'à ce que la batterie de l'ordinateur succombe. Notez, côté réglages, que le module Wi-Fi est actif, la luminosité est réglée sur 200 cd/m² et le volume sonore à mi-puissance, alors que le PC est placé en mode économie d'énergie.
Le X7 est équipé du SLI qui exclut de facto la technologie Optimus de NVIDIA. Et cela se ressent sur son autonomie, qui dépasse juste les 2 heures. Le Blade, au contraire, profite d'Optimus, et ça se ressent : près de 4 heures d'autonomie selon notre test, ce qui est tout à fait acceptable pour un PC gamer.
Grâce à son châssis de 17 pouces, le X7 d'Aorus se permet d'embarquer un SLI de GeForce GTX 765M. Cette configuration plutôt musclée lui autorise d'excellentes performances : malgré un niveau de détails élevés et une définition Full HD, il est parvenu à faire tourner nos quatre titres de référence. Les autres éléments qui le composent (Core i7-4700HQ, RAID 0 de SSD) lui confèrent une vélocité remarquable.
Revers de la médaille : son autonomie est trop faible, et son encombrement demeure trop important pour que l'on puisse parler d'ultra-mobilité.
En revanche, ses performances sont clairement en deçà de ce qu'offre le portable Aorus. Il vous faudra faire quelques sacrifices sur le niveau de détails si vous souhaitez pouvoir jouer dans de bonnes conditions, y compris dans la définition (pourtant modeste) de la dalle. Certains s'en satisferont sans doute, et le prix de la compacité est probablement d'abaisser ses prétentions en terme de qualité d'image.
Finalement, le portable idéal aurait été un Razer Blade offrant les performances du X7. Un modèle qui n'existe pour le moment que dans nos rêves. Il n'en reste pas moins que ces deux machines revêtent un caractère exceptionnel dans le sens où, malgré un rapport performances / encombrement absolument remarquable, elles ne souffrent pas d'une surchauffe excessive et fonctionnent donc avec un niveau de nuisances sonores tout à fait acceptable. Les progrès en matière de consommation des fondeurs que sont Intel et NVIDIA n'y sont pas étrangers. Gageons qu'en poursuivant ces efforts, ils parviennent à enfin permettre la conception du portable de nos rêves !