Officiellement en vigueur depuis le mois d'avril, la version « british » de la taxation sur les géants du numérique pourrait ne pas survivre, pour éviter de nuire aux relations entre le Royaume-Uni et les États-Unis, dans un contexte houleux.
Au début de l'année, avant que n'éclate la crise de coronavirus, la France avait annoncé la suspension de sa taxe GAFA nationale, non sans mettre la pression sur les États-Unis et en poussant, en parallèle, pour qu'un accord puisse être trouvé au sein de l'OCDE. Le voisin britannique, qui a introduit sa version de la taxe au mois d'avril, pourrait supprimer la sienne, même si, pour l'instant, le gouvernement dément cette éventualité.
Une taxe qui ne rapportera « que » 500 millions de livres sterling chaque année
Ce week-end, outre-Manche, le Mail on Sunday a fait des révélations fracassantes, évoquant l'intention du ministre britannique des Finances, Rishi Sunak, de laisser tout simplement tomber la taxe sur les géants du numérique, pourtant introduite il y a quelques mois sur une base de 2% des revenus britanniques des réseaux sociaux, des e-commerçants et des moteurs de recherche majeurs.
Les dirigeants du Royaume-Uni considéreraient que la taxe ne rapporte pas suffisamment d'argent. Celle-ci est censée, selon les estimations des économistes du pays, générer 500 millions de livres sterling de revenus chaque année, soit un peu plus de 500 millions d'euros. Une goutte d'eau, en sachant que les Britanniques se sont constitués une nouvelle dette de 200 milliards de livres sterling pour supporter la crise du Covid-19.
Autre argument évoqué par le média britannique, abandonner la taxe GAFA locale éviterait de nuire aux relations commerciales entre la Grande-Bretagne et les États-Unis dans un contexte pandémique et post-Brexit, et éviter ainsi le couac franco-américain, causé en partie par la suspension et non la suppression de la taxation française. Sauf que le gouvernement britannique a en partie démenti ces informations.
Le Trésor rappelle que la taxe n'est que « provisoire »
Dimanche, un porte-parole de la chancellerie de l'Échiquier, c'est-à-dire du ministère de l'Économie, a rappelé que par définition cette taxe GAFA ne serait que temporaire. « Nous avons clairement indiqué qu'il s'agissait d'une taxe temporaire qui sera supprimée une fois qu'une solution mondiale adaptée sera mise en place. Nous continuons de travailler avec nos partenaires internationaux pour atteindre cet objectif », a-t-il affirmé.
Toutefois, si pour l'heure la taxation du numérique reste officiellement en vigueur sur le sol britannique, n'oublions pas que Rishi Sunak avait co-signé une lettre écrite avec le ministre français, italien et espagnol des Finances, en juin dernier, pour appeler les géants du secteur, parmi lesquels Facebook, Google et Amazon, à verser davantage d'impôts, après avoir gonflé leurs bénéfices en pleine crise sanitaire.
Si on devine sans doute la part d'intox dans le discours des autorités britanniques, qui ne veulent pas froisser l'allié américain, les États-Unis ont en tout cas annoncé la couleur il y a plusieurs semaines désormais, en se désengageant au moins provisoirement des discussions menées à l'OCDE, sur lesquelles des pays comme la France comptent beaucoup pour parvenir à un accord global qui ne froisserait alors aucune partie.
Source : The Guardian