Le Premier ministre, Jean Castex (© France 2)
Le Premier ministre, Jean Castex (© France 2)

Déjà que l'application de suivi de contacts a du mal à convaincre le public, la sortie du Premier ministre, jeudi à la télévision, n'arrangera pas ses affaires.

Jean Castex s'est-il pris les pieds dans le tapis jeudi soir devant Léa Salamé, Thomas Sotto et les centaines de milliers de téléspectateurs qui l'écoutaient, en répondant à une question autour de l'outil StopCovid ? Invité de l'émission Vous avez la parole sur France 2 ce 24 septembre, le Premier ministre a révélé, dans un exercice d'honnêteté, n'avoir toujours pas téléchargé l'application, imputant ce refus à ses nouvelles fonctions.

StopCovid, une histoire de métro pour Jean Castex

Voilà un moment bien embarrassant pour le chef du gouvernement. Alors que Léa Salamé lui demandait s'il avait téléchargé l'application StopCovid, le Premier ministre s'est fendu d'un « non » qui semblait bien affirmé.

Provocant l'étonnement de l'assistance et des deux journalistes, Jean Castex a alors expliqué ne pas l'avoir fait en étant « très honnête », après avoir « pourtant poussé les Français à le faire ». Gêné, le chef du gouvernement a alors justifié ce choix au regard de son nouveau rôle au sommet de l'État.

« Vu les activités qui sont les miennes, vous les voyez, très honnêtement ? StopCovid, c'est intéressant quand vous allez dans le métro, quand vous croisez du monde. Malheureusement, l'exercice de mes fonctions fait que je ne prends plus le métro », a déclaré le Premier ministre. On ne croise donc pas beaucoup de monde lorsqu'on est le chef du gouvernement.

Moins de 300 alertes envoyées depuis le 2 juin

La réponse du Premier ministre est d'autant plus dérangeante pour l'opinion qu'il a lui-même été cas contact du directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, le 5 septembre dernier sur la Grande boucle, l'obligeant à observer une période d'isolement de plusieurs jours. Finalement testé négatif trois jours plus tard, Jean Castex avait rapidement pu reprendre ses activités.

Dans la foulée, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, et la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, ont avoué avoir également fait fi de StopCovid.

StopCovid ne brille décidément pas par son efficacité. À la mi-septembre, l'application avait été installée sur le smartphone de 2,3 millions de Français, soit 3,6% de la population. Ce qui est largement insuffisant. Ajoutez à cela plus de 700 000 désinstallations, pour moins de 300 alertes envoyées, et moins de 4 000 utilisateurs ayant scanné leur QR code covid. Rappelons que l'application coûterait tout de même 120 000 euros par mois à l'État.

Qu'en pense-t-on chez Clubic ?

Sans entrer dans des considérations politiques, Jean Castex a fait ce que l'on appelle une « boulette ». On devine de là le sourire crispé d'un Cédric O, secrétaire d'État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, qui s'est dépatouillé ces derniers mois pour imposer StopCovid. Visiblement, l'appli de contact tracing ne serait clairement pas d'une grande utilité pour plusieurs membres du gouvernement.

Concernant Jean Castex, on peut évidemment dire qu'il s'agit d'un comble pour celui qui était surnommé jusqu'il y a peu « Monsieur Déconfinement ». Déjà que StopCovid n'inspirait pas la plus grande sympathie des Français, autant dire que là, l'application ne devrait pas sortir du bois avant un moment. Et le nombre record de cas enregistrés le 24 septembre (16 096), expliqué en partie par une recrudescence des tests, ne devrait rien y changer.

« Le cochon est dans le maïs », pourrait-on dire de StopCovid, pour reprendre une expression culte du monde de rugby, chère au Premier ministre.