Le temps presse pour les Guillemot. La famille à l'origine de Gameloft avait relevé sa participation à 15,64 % le 26 novembre, afin de freiner la « prise de contrôle rampante » de Vivendi, entré au capital de l'éditeur de jeux mobiles un mois auparavant. Mais voilà, le groupe de Vincent Bolloré est décidé à placer ses pions. Il a annoncé, lundi 7 décembre au soir, qu'il détenait désormais 26,69 % du capital. Il est à deux pas de l'OPA.
C'est la prochaine étape. Si le groupe de médias dépasse 30 %, il sera obligé de déposer une offre publique d'achat, signifiant alors clairement ses intentions. Malgré la tournure hostile de ces rachats d'action, que le PDG Yves Guillemot disait récemment vivre comme une « agression », Vivendi maintient qu'ils « n'ont pas été spécifiquement conçus comme une étape préparatoire à un projet de prise de contrôle de Gameloft ».
Collaborer ou se faire racheter
Vivendi déclare qu'« aucune décision n'a été prise en l'état concernant un éventuel dépôt d'offre publique d'acquisition sur les titres de Gameloft ». Voulant prouver sa bonne foi, il ajoute qu'il compte, durant les prochains mois, « privilégier une approche constructive permettant d'étudier une collaboration fructueuse pour les deux groupes ». Mais si « une telle approche ne se conclut pas favorablement », prévient-il, Vivendi « n'exclut pas de prendre le contrôle de Gameloft ». Seulement, une telle collaboration parait impensable.Vincent Bolloré (à droite) conditionne l'OPA sur Gameloft à une collaboration avec l'éditeur contrôlé par Yves Guillemot (à gauche) - Crédit : DR.
Depuis que le « raider » breton Vincent Bolloré est entré « de façon non-sollicitée », selon les termes de Gameloft et d'Ubisoft, dans le capital des deux éditeurs de jeux vidéo, Yves Guillemot n'a de cesse d'affirmer sa volonté de rester indépendant. En recherche active d'un « partenaire », il préférerait vendre Gameloft à un chevalier blanc qui partagerait sa vision industrielle plutôt qu'à Vivendi, avec qui il ne partage rien.
Pour la partie adverse, les choses sont claires, « l'investissement de Vivendi dans le secteur d'activité de Gameloft participe d'une vision stratégique de convergence opérationnelle entre les contenus et les plates-formes de Vivendi et les productions de Gameloft dans le domaine des jeux vidéo », dit le communiqué.
Les Guillemot sur la défensive
Avant une nouvelle avancée de Vincent Bolloré, qui serait décisive, la famille Guillemot affirmait il y a deux semaines envisager poursuivre ses achats d'actions selon les conditions de marché. Mais n'envisageait « pas de prendre le contrôle de Gameloft SE » même si elle ne « s'interdit pas de le faire »... Une déclaration qui a les airs d'une provocation tant elle reprend mot pour mot les termes employés, le 22 octobre, par Vivendi.Même ton au sujet du conseil d'administration, convoité par le groupe de Vincent Bolloré : les Guillemot n'envisagent pas de demander la nomination d'une ou plusieurs personnes, « mais ne s'interdisent pas de le faire ». De son côté, Vivendi dit que ses achats ne sont pas « une étape préparatoire à un projet de prise de contrôle d'Ubisoft et Gameloft »... mais qu'il ne « peut pas écarter la possibilité d'envisager un tel projet ».
- La prise de contrôle de Vivendi dans Ubisoft et Gameloft :
22 octobre 2015 : Vivendi devient premier actionnaire d'Ubisoft
27 octobre 2015 : Bolloré est prêt à croquer Ubisoft et Gameloft
29 octobre 2015 : Ubisoft : le PDG fustige "l'agression" de Bolloré
06 novembre 2015 : Ubisoft est prêt à tout pour repousser Bolloré
26 novembre 2015 : La famille Guillemot unie face à Vincent Bolloré