La révolution numérique profite surtout aux riches et ne crée pas beaucoup d'emplois

Thomas Pontiroli
Publié le 18 janvier 2016 à 13h34
La révolution numérique redessine les entreprises et les sociétés, mais la Banque mondiale nuance sa portée et alerte sur ses retombées, qui profiteraient en réalité à une minorité.

Le nombre d'internautes a beau avoir triplé en dix ans, passant d'un milliard en 2005 à 3,2 milliards à ce jour, près de 60 % de la population mondiale n'a toujours pas accès à Internet, souligne la Banque mondiale dans un rapport publié en janvier. Autre constat : malgré l'expansion rapide du numérique, « les avantages plus larges que procurent ces technologies au plan du développement (...) tardent à se concrétiser ».

Pour le versant positif, la Banque mondiale reconnaît que le numérique a eu des bénéfices. Il a, notamment, apporté « des gains privés immédiats, un accès plus aisé à l'information et aux moyens de communication, plus de commodité, des produits numériques gratuits et de nouvelles formes de loisirs ». Cette « révolution » a aussi créé « un sentiment profond de cohésion sociale et d'appartenance à une communauté mondiale ».

Fracture numérique

Pourtant, les bienfaits du numérique sur l'économie mondiale se feraient attendre... « Les investissements massifs dans les technologies de l'information et de la communication (TIC) ont-ils accéléré la croissance, créé des emplois et amélioré les services ? En fait, les pays reçoivent-ils des dividendes substantiels (du) numérique ? », s'interroge la banque. Si les opportunités et réussites existent, les déceptions sont là.

Selon la Banque mondiale, « les effets de la technologie sur la productivité mondiale, l'amélioration des opportunités pour les pauvres et la classe moyenne et la promotion d'une éthique de responsabilité dans la conduite des affaires publiques n'ont pas été à la hauteur des attentes ». Même constat pour l'entreprise.


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Risques sur l'emploi

Alors qu'elles sont de plus en plus connectées (notamment grâce aux logiciels en cloud), « la croissance de la productivité mondiale a ralenti ». Et le marché de l'emploi - qui est de plus en plus menacé par les robots, les algorithmes et l'automatisation que ce soit dans la production ou dans les décisions - n'est pas en reste :

« Les technologies numériques transforment le monde du travail, mais les marchés de l'emploi se sont polarisés et les inégalités se creusent, surtout dans les pays les plus riches, mais aussi de plus en plus dans les pays en développement », alerte l'institution. « Les inégalités se creusent de plus en plus, poursuit la banque, en partie parce que la technologie développe les compétences élevées et remplace les fonctions routinières, forçant ainsi de nombreux travailleurs à rivaliser pour des emplois faiblement rémunérés. »

L'un des derniers effets délétères de la révolution numérique est que « les aspects économiques de l'Internet favorisent les monopoles naturels » (Amazon, Google, Facebook...), ce qui nuit à la concurrence et concentre les marchés, au profit des entreprises en place. Pour la Banque mondiale, il n'est donc pas surprenant que le numérique profite, à ce jour, aux « personnes les plus instruites, les mieux connectées et les plus capables ».


Consulter le rapport de la Banque mondiale, Les dividendes du numérique (PDF, français)


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