Vkontakte

Difficile de garder son indépendance lorsque l’on est un média en Russie. Le site VKontakte, réseau social de l’Europe de l’Est, perd cette semaine la liberté qui lui restait pour devenir la propriété du géant russe Gazprom.

Créé en 2006 par Pavel Dourov, également créateur de Telegram, le réseau social a depuis complètement perdu son indépendance. Le 2 décembre dernier, un oligarque russe a revendu ses actions MF Technologies au groupe Gazprom-Media. Si les utilisateurs du site ne remarqueront pas de changements notables, la transaction constitue une démonstration des pleins pouvoirs de la Russie sur les grands médias, Internet compris.

VKontakte, un instrument d'opinion de plus de 100 millions d’utilisateurs

L’histoire d’amour entre VKontakte et les peuples de l’Est dure depuis 2006. En apparence, le site est un copier-coller de Facebook (la couleur Navy Blue comprise), mais il propose plus de fonctionnalités de personnalisation de l'expérience, comme une intégration de musiques et de vidéos plus naturelle que son rival américain. La philosophie de son créateur, Pavel Dourov, était de garder son indépendance coûte que coûte contre les pressions constantes de l’administration Poutine. 

Après le départ de son fondateur, il semblerait que cet idéal de liberté soit un lointain souvenir, puisque le site a été infiltré par les agents du FSB, œuvrant pour le Kremlin. Le partage d’opinions politiques dissidentes est un exercice risqué : les sujets sensibles comme la guerre avec l’Ukraine sont rigoureusement censurés et leurs auteurs inquiétés.

Le 2 décembre dernier, alors que le milliardaire Alicher Ousmanov se déleste de la moitié de ses parts, le site VKontakte passe entre les mains de Gazprom-Media. Le groupe possède aussi 10 radios aux noms évocateurs comme Humor FM ou Romantica, bref, des organes d'informations peu susceptibles d'inquiéter le pouvoir en place.

Mainmise totale des grands groupes sur les médias

En 2011, le site VKontatke avait encore une certaine influence sur le débat politique. Le site comptait encore 12 millions d’Ukrainiens qui critiquaient le gouvernement Poutine dans une certaine mesure, ainsi qu'une guerre qui s’éternise sur le territoire du Dombass. 

La censure progressant sur l’ensemble des médias en ligne, YouTube compris, il semblerait que l’emprise du gouvernement russe n’est pas près de changer de trajectoire. En réponse, le gouvernement ukrainien a banni complètement le réseau social. Pas sûr que cette interdiction empêche les utilisateurs de VPN d’y communiquer et d’y faire valoir leur liberté d’expression.

Source : Le Monde