Le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) a annoncé ce jeudi s'être lancé sur les plateformes fondées sur les logiciels Mastodon et PeerTube.
Le réseau social proclamé concurrent de Twitter, Mastodon, est en train de séduire de plus en plus d'utilisateurs. La plateforme, créée en 2016 par un jeune développeur allemand aujourd'hui âgé d'une trentaine années, a recruté plus de 40 000 nouveaux utilisateurs le 26 avril, et même un peu plus le lendemain, soit le double de ses standards habituels. Désormais, voilà que les instances de l'Union européenne débarquent sur la plateforme. Explications.
Le CEPD ouvre son propre serveur sur Mastodon
Le Contrôleur européen de la protection des données, équivalent de la CNIL à l'échelle de l'UE, l'annonce lui-même : « Le CEPD lance aujourd'hui la phase pilote publique de deux plateformes de médias sociaux : EU Voice et EU Video. » Alors, de quoi s'agit-il, plus concrètement ?
Sans surprise, et après le rachat de Twitter par le milliardaire Elon Musk, qui fourmille déjà d'idées sur la sécurité et la liberté d'expression pour le petit oiseau bleu, l'Union européenne a fait preuve d'un vrai intérêt pour la plateforme Mastodon. Open source, gratuite et décentralisée, elle revendique une réelle indépendance vis-à-vis des « géants » et se développe progressivement à l'aide de dons (donc pas de publicités). Elle possède également plus de 2 000 serveurs directement exploités par des individus et organisations indépendants.
Sur Mastodon, le CEPD a lancé son propre serveur, baptisé EU Voice, et fondé donc sur le logiciel open source. Il a plus précisément créé sa propre communauté (une « instance », dans le jargon Mastodon), qui permet à son gestionnaire d'effectuer sa propre modération. Le principe est ensuite plus ou moins identique à Twitter, avec l'idée du microblogging limité à 500 caractères par « pouet » ou message (on attend vos meilleurs jeux de mots en commentaires), mais aussi une messagerie privée, un système de notifications, etc.
Un projet initié par le CEPD, mais aussi ouvert à toutes les institutions de l'Union européenne
Sur son serveur EU Voice, l'autorité indépendante européenne entend encourager l'interaction avec le public, en partageant notamment des textes courts, des images et des vidéos. Sur EU Video, le CEPD fondera les interactions sur le partage, le téléchargement et les commentaires de vidéos et de podcasts. Cette seconde plateforme, elle, repose sur le logiciel libre PeerTube.
L'idée globale, pour le CEPD, est de fédérer un maximum d'institutions, organes et agences de l'Union européenne, autour des plateformes EU Voice et EU Video. Sur la première citée, plusieurs autorités jouent déjà le jeu, comme la Cour de justice de l'Union européenne, la Commission européenne ou encore l'Agence des droits fondamentaux de l'UE.
« Avec le lancement pilote de EU Voice et EU Video, nous visons à proposer des plateformes de médias sociaux alternatives qui donnent la priorité aux individus et à leurs droits à la vie privée et à la protection des données. Concrètement, cela signifie, par exemple, que EU Voice et EU Video ne reposent pas sur des transferts de données personnelles vers des pays hors de l'Union européenne et de l'Espace économique européen ; il n'y a pas de publicités sur les plateformes ; et il n'y a pas de profilage des personnes susceptibles d'utiliser les plateformes. Ces mesures, entre autres, donnent aux individus le choix et le contrôle sur la manière dont leurs données personnelles sont utilisées », explique le contrôleur européen de la protection des données, Wojciech Wiewiórowski.
L'UE poursuit donc ses rêves en matière de données et de souveraineté numérique, pour peut-être un jour véritablement favoriser l'indépendance de l'Europe dans l'écosystème numérique. Avant cela, il faudra fédérer et convaincre les citoyens européens, et ça, c'est loin d'être gagné.
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Source : Union européenne