Le patron du réseau social avait annoncé, vendredi, avoir fait une offre pour racheter les activités américaines de son rival. Une tentative démentie par TikTok, qui nie clairement les discussions.
Alors que les délais imposés par les différents décrets pris par Donald Trump rapprochent chaque jour un peu plus TikTok de l'inéluctable, le groupe ByteDance, maison-mère de l'application mobile, n'a toujours pas trouvé de « repreneur » pour ses activités nord-américaine, australienne et néo-zélandaise. Il n'a en tout cas pas encore tranché. Et après Microsoft, Oracle, Twitter et Walmart, un nouveau candidat s'est déclaré, en la personne de Triller, concurrent de TikTok. Sauf que le groupe chinois n'a visiblement pas reçu d'offre en conséquence.
Partie de poker menteur entre ByteDance et Triller
Vendredi, le président exécutif de Triller, une application de vidéos courtes concurrente qui jouit d'une très belle popularité aux États-Unis, a annoncé avoir fait une offre à hauteur de 20 milliards de dollars pour racheter les actifs américains de TikTok. Lancée en 2015, la start-up serait épaulée dans sa tentative par Centricus Asset Management Ltd, une société d'investissement londonienne.
L'information de l'offre faite par Triller a été relayée par le très bien informé Bloomberg, qui évoque une source proche de l'affaire. Pourtant, cette fois, il semblerait que l'information soit très bien protégée, survendue ou simplement erronée. Quand on a conscience des multiples rebondissements dans le dossier de la cession attendue des activités US de TikTok, on peut émettre des doutes.
Triller vs TikTok, qui est le plus fort aux États-Unis ?
Outre-Atlantique, TikTok compterait plus de 100 millions d'utilisateurs actifs mensuels à présent. Le service Triller est distancé, avec 65 millions d'utilisateurs. Il reste toutefois un honorable concurrent.
Toujours est-il que, pour l'heure, ByteDance et TikTok n'auraient pas eu connaissance de l'offre de Triller, et il n'y aurait donc aucune discussion à ce stade. Triller affirme pourtant bien avoir échangé avec son concurrent et même avec le président de ByteDance, Zhang Yiming. Mais de l'autre côté, on indique ne pas être au courant de l'offre.
Donald Trump, utilisateur de Triller depuis le 15 août
Le président de Triller, Bobby Sarnevesht, n'en démord pas. Il affirme que pour les dirigeants de TikTok, son offre vient bouleverser un accord qui à la base pourrait être plus favorable pour eux, mais moins pour les actionnaires, et qu' « ils font tout ce qu'ils peuvent pour discréditer » l'offre et « l'empêcher d'être considérée comme réelle ». Sarnevesht va même plus loin en affirmant qu'il aurait obtenu l'assentiment de la Maison-Blanche pour entamer des discussions. Là aussi, il est difficile d'adopter une position ferme. Donald Trump ayant rejoint Triller comme nouvel utilisateur le 15 août 2020, il y a de quoi nourrir les doutes. Il est d'ailleurs mis à l'honneur brièvement dans la dernière vidéo promotionnelle du réseau social.
Alors, qui croire dans cette partie de poker menteur ? ByteDance, qui serait victime d'une tentative de déstabilisation de son concurrent aux USA ? Ou Triller, qui serait alors snobée par le géant chinois pour ne pas faire capoter des négociations déjà en cours avec d'autres entreprises ?
TikTok fait face à un décret pris le 6 août par le président américain, lui interdisant de mener toute transaction avec des entreprises aux États-Unis, avec un délai de 45 jours pour entrer en conformité avec ce dernier. Soit jusqu'au 20 septembre environ. Le second décret qui inquiète TikTok est celui officialisé le 14 août 2020, laissant au groupe ByteDance 90 jours pour se désengager totalement des USA, afin qu'une société de l'Oncle Sam puisse reprendre les opérations américaines de l'application fétiche des jeunes.