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Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, les médias ou encore le fondateur de ByteDance, tous condamnent la stratégie américaine à propos de TikTok, qualifiée de « vol ».

Depuis quelques semaines, l’application TikTok cristallise les tensions entre les États-Unis et la Chine. En début de mois, le gouvernement Trump envisageait carrément d’interdire l’application Outre-Atlantique. Désormais, le président est moins catégorique. Il se dit prêt à maintenir TikTok dans le pays à condition que Microsoft rachète l’application.

Forcément, côté chinois, on ne voit pas les choses de la même manière. Ainsi, hier, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Wang Wenbin, a dénoncé le « deux poids, deux mesures » quand du côté des médias chinois, on n’hésite pas à qualifier les manœuvres américaines de « vol ».

Une application critiquée mais convoitée

Lancée en 2016, l’application de partage de vidéo TikTok comptabilise maintenant plus de 800 millions d’utilisateurs actifs dans le monde. Bien que son siège social soit situé en Californie et qu’elle soit dirigée par Kevin Mayer, un ancien de chez Disney, l’application est détenue par l’entreprise chinoise ByteDance - il s’agit en fait de la version internationale de Douyin.

Mais selon certains, Pékin utilise TikTok pour collecter certaines données sensibles des utilisateurs. À ce titre, l'application a été attaquée plusieurs fois en justice ; notamment en mai par des associations de défense des droits des enfants.

Selon l’administration américaine, TikTok menace également la sécurité nationale, surtout à l’approche des élections présidentielles (fixées au 3 novembre 2020). L’Inde partage d’ailleurs cet avis, puisque le pays, en pleine escalade militaire avec son voisin, a mis l’application sur liste noire en juin dernier.

Néanmoins, comme indiqué ci-dessus, les États-Unis sont prêts à laisser TikTok en paix. À un petit détail près : qu’elle soit cédée à une entreprise américaine, en l’occurrence Microsoft. L’ultimatum est fixé au 15 septembre prochain. Sans accord d’ici là, des mesures seront prises pour bouter l’application hors du territoire. Le gouvernement pourrait ainsi prendre des mesures pour rendre son accès moins aisé, par exemple en la faisant retirer du Google Play Store ou de l’Apple Store.

Pour la Chine, les États-Unis veulent voler TikTok

Vous vous en doutez, de l’autre côté du Pacifique, la vision de la situation n’est pas tout à fait la même. Le ministre des Affaires étrangères ne s’est pas exprimé directement. En revanche, le porte-parole de son ministère, Wang Wenbin, a déclaré lors d’un point presse : « Si l'on suit le mauvais exemple donné par les États-Unis, chaque pays pourrait utiliser la sécurité nationale comme excuse pour cibler les entreprises américaines. Les États-Unis ne devraient pas ouvrir la boîte de Pandore, ils risquent d’en payer eux-mêmes le prix ».

Parmi les médias, le China Daily se montre particulièrement véhément. Un édito, publié lundi, se termine en effet par ces mots : « Mais la Chine n'acceptera en aucun cas le "vol" d'une entreprise technologique chinoise, et elle a de nombreux moyens de réagir si l'administration procède à son "smash-and-grab" planifié ».

Même jugement chez le fondateur de ByteDance, Zhang Yiming, lequel estime que le véritable objectif de Trump n'est pas « de sauver mais de tuer TikTok ».

Pour l’instant, on ne sait pas si la Chine prendra des mesures et le cas échéant, de quelle nature seront celles-ci. Quoi qu’il en soit, le feuilleton TikTok risque de connaître encore pas mal de rebondissements...

Source : Bloomberg