Le président américain a suggéré, lundi, que le Trésor puisse percevoir une partie substantielle de la transaction que pourrait conclure Microsoft avec ByteDance.
Si vous étiez connecté·e sur Clubic lundi (ce dont on ne doute pas), vous avez pu suivre les rebondissements de ce week-end dans le dossier TikTok vs Donald Trump. Alors que le président des États-Unis s'est résolu à accepter que Microsoft puisse s'emparer de TikTok US, pour dissocier totalement l'application de sa maison-mère chinoise ByteDance, voilà que la Maison-Blanche voudrait avoir sa (grosse) part du gâteau.
TikTok, ce locataire
Le principe est le suivant : Washington a accordé un délai à TikTok et laisse à ByteDance (maison-mère de la plateforme) jusqu'au 15 septembre 2020 pour faire aboutir les négociations avec le géant Microsoft. À défaut d'un accord, l'application mobile devra tout simplement mettre fin à ses opérations sur le sol américain, depuis lequel on l'accuse de collecter les données personnelles des utilisateurs pour les transmettre au renseignement chinois, mettant ainsi en péril la sécurité nationale.
Si, au départ, Donald Trump était hostile à un rachat de Microsoft, lui et de nombreux Républicains sont non seulement pour, mais ils souhaiteraient désormais obtenir une partie « très substantielle » du prix de vente, qui serait alors versée au Trésor américain, pour compenser financièrement les contribuables.
« Une partie très importante de ce prix devra entrer dans les finances américaines », a directement déclaré Donald Trump en ce début de semaine. « Les États-Unis devraient être remboursés ou payés parce que sans eux, ils n'ont rien ». Le président-milliardaire compare même la relation entre TikTok et les États-Unis à celle d'un propriétaire et d'un locataire. « Sans bail, le locataire n'a rien », a-t-il lâché.
Un conseiller du Bureau ovale demande un désengagement de Microsoft en Chine
La stratégie de Donald Trump et de la Maison-Blanche ne s'arrête pas là. Outre la volonté de faire de TikTok US une entité totalement indépendante de la Chine et de percevoir une somme non négligeable, Washington fait désormais aussi pression sur le potentiel futur acquéreur, en l'occurrence Microsoft.
Toujours lundi, la sortie du conseiller commercial de la Maison-Blanche, Peter Navarro, auprès de plusieurs médias américains, fait grandement parler. Il est en effet moins emballé que d'autres à l'idée qu'un accord puisse être scellé entre Microsoft et TikTok.
Pour lui, Microsoft devrait d'abord céder ses participations en Chine en cas de rachat de TikTok. Le conseiller Navarro prend même comme exemple le logiciel Skype et le moteur de recherche Bing, appartenant à Microsoft, qui sont « des catalyseurs de la censure, de la surveillance et du contrôle chinois ». La firme de Redmond, qui emploie 6 000 personnes dans l'empire du Milieu, possède des bureaux à Pékin, Shanghai et Suzhou. La Chine représenterait même jusqu'à 1% de son chiffre d'affaires.
Source : Washington Post