TikTok se défend ardemment aux États-Unis, où la menace d'interdiction est sérieuse. L'application pointe du doigt les pratiques de collecte de données d'autres géants chinois, Shein et Temu.
Sous la menace d'une interdiction de son application aux USA, TikTok a décidé d'adopter une stratégie de défense ô combien audacieuse pour essayer de briller aux yeux du département américain de la justice. Pour éviter la sanction ultime du bannissement, le réseau social du groupe ByteDance a pointé du doigt d'autres entreprises qui collecteraient autant, voire plus de données personnelles qu'elle. Parmi les acteurs visés, on retrouve Shein et Temu, deux autres mastodontes.
TikTok pris au piège aux USA par la dernière loi américaine ?
Dans sa plaidoirie, l'avocat de TikTok, Andrew Pincus, a mis en avant l'existence d'autres applications chinoises de commerce électronique qui récolteraient des données sensibles à grande échelle. Sans les nommer de façon explicite, il a fait référence à Shein et Temu, deux géants du e-commerce qui connaissent, eux aussi, un succès fulgurant, que ce soit aux États-Unis ou en Europe.
Cette tactique teintée d'audace vise à démontrer aux yeux de la justice américaine que la loi PAFACA (Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act) viserait TikTok injustement. La loi, chère à Joe Biden, a été adoptée par les deux chambres puis votée par le président américain. Elle oblige TikTok à trouver au plus vite un acheteur bien américain pour récupérer son activité. À défaut, l'application serait écartée du pays de l'oncle Sam.
La loi PAFACA exclut toute entreprise qui permet à ses clients ou utilisateurs de déposer des avis sur des produits, entreprises ou voyages. Pour le réseau social appartenant à ByteDance, d'autres entreprises de l'empire du Milieu bénéficieraient d'exemptions, alors même qu'elles se livrent à des pratiques similaires en matière de collecte de données.
Un débat qui va bien au-delà de TikTok
La stratégie de défense de TikTok interroge. Elle pose évidemment question sur l'avenir à long terme des entreprises technologiques étrangères aux États-Unis. Certains experts, relayés par Wired, plaident pour un cadre juridique plus global, nécessaire pour traiter les enjeux de sécurité des données.
Ro Khanna, élu démocrate à la Chambre des représentants des USA, propose une approche différente. Selon lui, il faut interdire la collecte et le transfert de données par toutes les plateformes de médias sociaux, qu'elles soient Américaines ou étrangères. Plus que la nationalité des entreprises, le représentant de l'État de Californie milite pour mettre l'accent sur la protection des données au sens général du terme.
Ce qui est certain, c'est que ce débat autour de TikTok va encore faire parler. Il nous montre bien combien il est difficile, en 2024, de trouver un équilibre entre protection de la vie privée, sécurité nationale et liberté d'entreprise, dans un monde toujours plus fracturé, où les tensions géopolitiques inondent le globe. Du côté des utilisateurs, on se demande toujours si, outre-Atlantique, TikTok sera toujours bien disponible dans quelques mois.
Source : Wired
