Pékin se décide à adopter une attitude combative vis-à-vis de la position de l'administration Trump et pourrait remettre en cause le rachat de la division américaine de l'application, en refusant de céder son algorithme.
Vente de TikTok aux US : saison 2, épisode 458, L'empire (du Milieu) contre-attaque. Alors que le groupe Bytedance discutait depuis plusieurs semaines avec les prétendants américains au rachat de ses opérations nord-américaine, australienne et néo-zélandaise (Oracle, Microsoft, Walmart, Triller, etc.), qui pèsent pour environ 30% des utilisateurs de l'application dans le monde, voilà que la Chine a changé, il y a quelques jours, sa réglementation en matière de technologies cessibles… ou non.
La Chine a-t-elle trouvé la parade pour refroidir les USA ?
En fin de semaine dernière, le ministère du Commerce chinois a décidé de rallonger un peu plus la liste des technologies pouvant être soumises à des contrôles et à des restrictions d'exportation, ce qui pourrait bien pousser les États-Unis à revoir leur copie s'agissant du rachat de TikTok US.
Le gouvernement de Xi Jinping a donc eu la bonne idée d'inclure dans ce champ des technologies soumises à accord et ne pouvant pas être exportées celle utilisée par TikTok pour, par exemple, recommander des vidéos à ses utilisateurs, qui correspond à la fameuse page « Pour toi » sur le réseau social (For You). La page pilier du service de partage de vidéos. En gros, Pékin veut imposer un droit de veto pour toute cession d'un algorithme de recommandation.
Faire de l'algorithme de TikTok une technologie invendable pourrait alors bloquer la vente et rebuter les potentiels acquéreurs, ce qui n'avantagerait pas les affaires de ByteDance aux USA, Donald Trump ayant laissé au groupe chinois jusqu'au 20 septembre pour trouver un accord avec un groupe américain.
Un rachat des actifs de TikTok sans l'algorithme de recommandation serait un cadeau empoisonné
Clairement, le rachat de TikTok sans son algorithme addictif serait un cadeau empoisonné pour l'entreprise qui rachèterait les activités américaines. Car si une fois l'algorithme éjecté l'opération perdrait une grande partie de sa valeur, il faudrait alors que l'acquéreur se charge de l'écriture d'un nouveau code, qui puisse se rapprocher un maximum de celui développé par ByteDance. Oui, un cadeau empoisonné.
Rien n'est définitif, certes, mais d'un point de vue juridique, Pékin dispose désormais d'un élément pour enquiquiner les États-Unis. Et dans le même temps, on apprend que l'accord initial pouvant potentiellement être négocié serait de l'ordre de 30 milliards de dollars, et selon les médias américains, c'est bien Microsoft qui tiendrait la corde.
Face aux alternatives, Donald Trump insiste et veut sa part du butin
ByteDance avait dans un premier temps décidé de choisir son acquéreur cette semaine, avant de finaliser un accord ferme avant la mi-septembre. Désormais, la firme doit attendre la position de l'État chinois.
D'autres alternatives sont également évoquées par nos confrères de Reuters, la plus probable étant celle de l'octroi d'une licence par ByteDance à l'acquéreur des actifs américains de TikTok, mais cela laisserait la Chine avoir encore un pied dans les affaires américaines de l'application, ce que Donald Trump refuse. Le président américain affirmait encore mardi qu'il souhaitait un accord avant le 15 septembre. « Après cela, nous clôturons (l'application) dans ce pays », a-t-il confirmé, tout en espérant toujours que le Trésor puisse toucher une part du magot. Les deux puissances se livrent donc une vraie bataille diplomatique au travers de TikTok, dont personne n'est capable de prédire l'issue.