Jeu vidéo : le SNJV publie un référentiel des salaires des métiers du secteur

Audrey Oeillet
Publié le 16 octobre 2012 à 16h17
Dans les locaux d'Isart Digital à Paris, le Syndicat national du jeu vidéo et le promoteur de compétences Opcalia ont présenté le premier référentiel des métiers du jeu vidéo. Au programme, un état des lieux de 28 emplois particulièrement représentés dans le secteur en France : les compétences et les salaires sont les pièces maîtresses de ce document très attendu.

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Nicolas Gaume, président du SNJV
C'est devant un parterre de professionnels du jeu vidéo et de journalistes que Nicolas Gaume et Julien Villedieu, respectivement président et délégué général du SNJV, ont présenté un condensé des 54 pages constituant le référentiel dédié aux métiers du jeu vidéo. Si ce document est mis en avant comme étant le premier en son genre, ce n'est pas tout à fait vrai : une ébauche de référentiel avait déjà vu le jour en 2010, mais autour de 10 métiers seulement. Aujourd'hui, ce sont 28 professions qui sont représentées, divisées en 5 familles : management, design, images, technologie et transverse.

« Ce travail, nous allons devoir le renouveler »

Réalisé entre septembre 2011 et septembre 2012, ce projet de s'est articulé autour de différentes démarches : la première, le référentiel en lui-même, a été réalisé auprès de 7 grandes entreprises françaises du secteur du jeu vidéo, au sens large : studios développant des jeux à gros budgets, dits « AAA » et studios tournés vers le social gaming ou les jeux mobiles sont représentés. L'objectif ici était de faire un état des lieux des métiers et de déterminer des fourchettes de rémunération pour ces derniers.

Seconde démarche : la réalisation d'un film de 17 minutes proposant une immersion dans les studios de production français, pour démystifier certains emplois obscurs aux yeux du public, des étudiants et des professionnels. Présenté par l'animateur Marcus, ce documentaire a pour vocation d'être très largement diffusé, ont insisté les représentants du SNJV.

Enfin, la troisième démarche consiste en une enquête nationale réalisée auprès des entreprises du jeu vidéo : clairement complémentaire du référentiel, elle a le mérite de synthétiser des données autres que le salaire.
Un exercice de longue haleine : sur le ton de l'humour, Julien Villedieu s'est dit « surpris » que le projet puisse être bouclé, en raison de la forte concurrence dans le secteur. Pour Nicolas Gaume, l'aboutissement de ce référentiel n'est pas une finalité : « On est dans un secteur qui évolue très vite, et en 4 ans tout peut changer. Ce travail, nous allons devoir le renouveler. »

Des fourchettes de salaires très vastes

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Le référentiel, disponible en ligne sous sa forme complète (PDF, 54 pages) ou sa forme condensée (PDF, 14 pages) ne donne pas de moyennes réelles concernant les salaires proposés pour les 28 métiers cités. A la place, le SNJV et Opcalia proposent des fourchettes de salaires, ainsi que les rémunérations les plus basses et les plus élevées constatées.

Pour un chef de projet par exemple, la fourchette couramment observée est de 30k€ - 45 k€ par an, avec un salaire minimum constaté de 20k€, tandis que le plus élevé constaté est de 79 k€. Pour un animateur, la fourchette est de 22 k€ - 35k€, avec un salaire minimum de 15k€ et un maximum de 53k€.

Des fourchettes larges, et des écarts importants qui peuvent égarer jeunes diplômés et recruteurs : mais pour les représentants du SNJV, proposer une moyenne était délicat en raison de la diversité des entreprises intégrées dans l'élaboration du référentiel. Comme dans la plupart des autres secteurs, le poids financier des studios de développement influe sur les salaires en place. « Proposer une moyenne serait revenu à dire à ceux se situant en dessous qu'ils sont mal payés » explique Julien Villedieu. « Avec une fourchette, le champ est plus large » et plus représentatif.

Les salaires, sujet tabou... mais pas que ?

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Les 28 métiers en question.
La question des fourchettes larges peut potentiellement s'expliquer également par la complexité affichée par le SNJV concernant la récupération d'informations liées à la rémunération de leurs employés. « C'est un sujet tabou » commente Julien Villedieu. « Il y a beaucoup de concurrence en France, et dévoiler les salaires, c'est donner des informations aux concurrents. » C'est sans doute la raison pour laquelle les studios de développement ayant participé à l'établissement du référentiel ne sont pas cités. On peut néanmoins penser que ceux qui apparaissent dans le film de 17 minutes peuvent potentiellement en faire partie : parmi eux, on trouve Quantic Dream, Ankama, Arkane Studio et 3DDUO, des entreprises adhérentes du SNJV. Nicolas Gaume a cependant précisé que des non-adhérents avaient également participé au projet.

Mais la question du salaire n'est pas la seule à avoir été abordée, notamment dans le cadre de l'enquête pilotée par Opcalia, en partenariat avec Capital Games et Interface (PDF). Sur 240 questionnaires envoyés aux professionnels du secteur, 100 sont revenus complétés. « c'est un très bon taux de retour » estime Delphine Asenmacher du cabinet Interface, même s'il a visiblement fallu relancer les entreprises pour atteindre ce chiffre.

L'étude, très vaste, met en avant le comportement des entreprises françaises sur le marché - on découvre notamment que 52% des studios se focalisent exclusivement sur le dématérialisé, 7% uniquement sur le physique et 41% sur les deux -mais également sur les systèmes de rémunération. 48% des entreprises offrent, par exemple, des primes à leurs employés, tandis que 18% seulement pratiquent l'intéressement aux bénéfices. 78% proposent des avantages en nature, tels que les chèques-cadeaux ou le remboursement des titres de transport, là où 22% n'en proposent aucun. Là encore, la taille et l'ancienneté de l'entreprise joue beaucoup : 32% des entreprises interrogées ont moins de deux ans, et 48% ont moins de 10 salariés.

Attirer les entreprises étrangères en France

Si un tel état des lieux manquait sur le marché français du jeu vidéo, Nicolas Gaume n'est pas dupe : « On ne se fait pas d'illusion quant à une possibilité de convention collective » a-t-il commenté. Néanmoins, le président du SNJV espère que la France va continuer sur sa lancée : actuellement, l'Hexagone est le 3e pays européen producteur de jeux vidéo, et le 7e mondial. Le secteur en France devrait afficher un chiffre d'affaire de 4 milliards d'euros en 2015, contre 3 milliards en 2011.

Et alors que les nouveaux diplômés n'hésitent souvent pas à partir à l'étranger pour travailler, Nicolas Gaume espère que les studios étrangers trouveront, dans les prochaines années, un intérêt à implanter des antennes en France. « Aujourd'hui, la France n'est pas un terrain favorable pour l'installation de studios étrangers. On espère que ça va changer. Ca créera forcément des tensions sur le marché de l'emploi, mais ça sera une saine concurrence. On croit à la compétition, on veut juste avoir des armes aussi affûtées que les autres » a-t-il conclu.
Audrey Oeillet
Par Audrey Oeillet

Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques, sans oublier les gadgets et autres actualités insolites liées à l'univers du hi-tech. Et comme il n'y a pas que les z'Internets dans la vie, j'aime aussi les jeux vidéo, les comics, la littérature SF, les séries télé et les chats. Et les poneys, évidemment.

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