Qwant : Éric Leandri cède son fauteuil de président du moteur de recherche à Jean-Claude Ghinozzi

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 09 janvier 2020 à 13h54
Éric Léandri
Éric Leandri (© Qwant)

Des mouvements vont bousculer une partie de l'organigramme du moteur de recherche qui protège votre vie privée, à compter du 15 janvier 2020.

Qwant a connu une année 2019 pour le moins tumultueuse. Le moteur de recherche français a dû affronter les doutes, les polémiques et se remettre en cause, pour repartir du bon pied en 2020 et poursuivre son développement, réconforté par des actionnaires qui lui ont renouvelé leur confiance. C'est en ce sens que la société a annoncé, ce jeudi matin, des modifications (et pas des moindres) dans sa gouvernance avec le départ d'Éric Leandri de son poste de PDG. Le co-fondateur est remplacé par Jean-Claude Ghinozzi, qui prend du galon après avoir rejoint l'entreprise il y a deux ans et demi.

Jean-Claude Ghinozzi, un président qui a déjà roulé sa bosse

Pour le grand public, Jean-Claude Ghinozzi peut sembler être un parfait inconnu. Mais dans le monde de la tech et du jeu vidéo, il s'est construit une solide réputation. Avant de devenir le nouveau président de Qwant (il prendra ses fonctions à partir du 15 janvier 2020), il est passé par Microsoft France où il gérait les activités Xbox, jeu vidéo ou encore Surface, entre 2011 et 2016, après des passages au sein d'Activision-Blizzard (président France) et d'Electronic Arts Italy. Il fut également, de 2014 à 2017, le président de l'influent Syndicat des éditeurs et logiciels de loisirs (Sell).


C'est à l'été 2017 que Jean-Claude Ghinozzi a rejoint Qwant. Il occupait, jusqu'à présent, la direction des activités commerciales et marketing de l'entreprise. Il devra, à son poste et avec les responsabilités qui lui incombent, « renforcer les fondamentaux technologiques du moteur de recherche et son écosystème de services ainsi que sa monétisation », nous indique Qwant.

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Jean-Claude Ghinozzi

Éric Leandri quitte la présidence, Tristan Nitot récupère son ancien poste

Autre changement majeur pour Qwant : l'apparition d'un Conseil de gouvernance, qui sera présidé par le directeur de l'investissement de la Banque des territoires (l'un des actionnaires), Antoine Troesch. Le Conseil s'appuiera sur un Comité stratégique et scientifique, dont la présidence sera assurée par... Éric Leandri.

Le Corse, co-fondateur de Qwant, bon communicant et pilier du moteur de recherche, occupait une place très importante au sein de l'entreprise, n'hésitant pas à se mettre en avant (trop, aux yeux de certains) et à monter au front, prêt à encaisser les coups et à répondre aux critiques. Il œuvrera désormais à distance des projecteurs et pourra « s'investir sur la définition et la mise en œuvre des orientations stratégiques et technologiques de l'entreprise en prenant la tête de ce Comité »


Tristan Nitot, nommé directeur général le 19 septembre 2019, quitte déjà son poste (qui reste inoccupé) et redescend un cran en-dessous, en récupérant ses fonctions de vice-président Advocacy de Qwant, qui lui siéent mieux.

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Tadahiro-Nomura

Le plus important ce serait d’avoir un vrai concurrent Européen à Google avec un vrai écosystème complet : mail, contacts, cloud synchronisé, calendrier, notes etc…
Pourquoi avoir pris autant de retard sur les Américains ???

xryl

Yaka… Sauf que lorsque Google a commencé, l’Europe ne savait même pas ce qu’était un mulot et un traitement de texte.

Après, c’est pas comme dans la fable, la tortue qui ne part pas à point ne rattrapera jamais le lièvre qui ne fait pas de pauses.
Donc, si l’objectif c’est de faire un « me-too » tu pourras mettre tout l’argent que tu veux, tu seras toujours en retard et sans utilisateurs, donc sans revenus.
Tu peux pas (ou difficilement) sortir des fonctions meilleures ou innovantes car tu as BigBrother en face qui possède et peut dépenser le PIB de ton pays comme argent de poche.

La seule solution c’est de faire beaucoup mieux pour capturer des parts de marché dans le seul segment où tu sais que ton concurrent ne peut pas aller, c’est à dire le respect de la vie privée. C’est justement le point n°1 que met Qwant en avant (du moins c’est ce qu’ils promettent), mais, pour un utilisateur lambda, ce n’est pas une plus value suffisante pour franchir le cap, surtout si les résultats de recherches ne sont pas terribles. Changer ses habitudes, ça demande des efforts, il faut que la récompense soit à la hauteur…

Donc, la priorité, c’est d’améliorer la pertinence des résultats (et pas besoin de millions d’euros, il n’y a qu’à voir ce que fait cliqz ou swisscows comme moteur de recherche, ou deepl comme traducteur), et de tenir le coup pendant la transition (comme l’a fait Google avec Chrome alors qu’il grignotait les parts de marché d’IE) avec du marketing savamment utilisé.
Ensuite, un petit coup de pouce du législateur ça serait bien, notamment pour interdire à Google de mettre Google comme moteur de recherche par défaut sur les smartphone (histoire que Mme Michu entende parler de Qwant et l’utilise un peu), bien fait cette fois (sans que Google puisse faire la ni.ue aux parlementaires).
Une autre aide serait que l’Europe force toutes les entreprises qui exercent dans l’UE à rapatrier les données dans l’UE et d’avoir accès à toutes les données récoltées par ces entreprises. Si ça vous choque, c’est pourtant déjà le cas avec les lois américaines, avoir le pendant en Europe ne serait que justice, et ça permettrait de récupérer la masse de données nécessaires à rattraper notre retard.

Enfin, et c’est là la partie la plus importante, il faudrait que l’Europe permette à associer des données avec une « licence » d’utilisation attaquable en justice en cas de violation. Les captures/pillage de données sauvages par les GAFA pourraient leur coûter cher si vous estimez qu’elles ne sont pas utilisables commercialement (ce qui devrait être le défaut de la loi), ou avec un coût de location de 1€ par information par an.

ttleme

A quand l’intégration de qwant dans Opera par défaut ? Depuis le passage à chromium,c’est devenu impossible.

Popoulo

« a dû affronter les doutes, les polémiques et se remettre en cause », surtout après 3 années consécutives de pertes (4.5mio en 2016, 10mio en 2017, 11.2mio en 2018 - j’ai pas de chiffres pour 2019), des problèmes de fonctionnement internes, des salaires excessifs chez certains hauts dirigeants, employés qui tirent la sonnette d’alarme en montrant du doigt l’avidité des dirigeants ainsi que des lacunes concernant la « vie privée ».
Pour conclure, Qwant qui annoncait détenir 8% du marché Fr n’en détient en fait que max. 0.5%.

Concurrencer Google —> lol

Y a un article très sympa sur Next Impact, d’août 2019 : Le cahier de doléances des salariés de Qwant

carinae

« Sauf que lorsque Google a commencé, l’Europe ne savait même pas ce qu’était un mulot et un traitement de texte » --> faux quand google est arrivé il existait de nombreux autres moteurs de recherche … le génie des gars google c’est d’avoir crée un algorithme de recherche plus efficace que les autres. contrairement a ce que tu peux penser l’Europe était très bien outillée, aussi bien en produits américains qu’ européens ou avec des produits d’autres nationalités.
Le problème est que beaucoup de boites ont été rachetée ou ont coulé suite a une concurrence exacerbée, y compris au USA ou Apple doit sa survie a … Microsoft …
Par contre j’accorde très volontiers le fait qu’en Europe, et en France en particulier, nous n’avons pas su faire le nécessaire pour sauvegarder et émuler notre savoir dans l’IT … résultat les USA dominent très largement le marché et on peut très difficilement se passer d’eux sur le domaine …
bref … sur le sujet on a été nuls … et maintenant ça va être très compliqué de leur faire de l’ombre sur le sujet …

xryl

Google commence en 1996 avec Backrub. À l’époque, il existait:

  1. Altavista (américain)
  2. Excite (américain)
  3. Lycos (américain)
  4. Yahoo (américain) / Looksmart
  5. Webcrawler (américain)
  6. Infoseek (américain)

Bref, aucun moteur Européen.
Cites en un d’européen (et pas un projet dans un garage…) ?

carinae

je ne t’ai pas dit qu’ils étaient européens … mais je me souviens très bien avoir utilisé dés 1994-1995 altavista, lycos, yahoo bien sur … Mosaic et archie qui n’a pas trop cartonné… Google, en tant que tel existe seulement depuis 98.
D’ailleurs si je me souviens bien (mais à prendre avec des pincettes) Altavista a été mis au point par le Français Louis Monnier pour les laboratoires Digital (ou quelque chose comme ça)…

mrs2047

Un peu hors sujet mais vous êtes plutôt Qwant ou DuckDuckgo (ou autres…) ??

Moi j’utilisais Qwant mais depuis peu j’utilise DuckDuckgo.

carinae

Les 2 mon capitaine :woozy_face::woozy_face: mais sur certains navigateurs comme firefox Duckduckgo est, a mon sens, plus facile a utiliser… Notamment grâce a son intégration directement dans le navigateur.

floanise

C’est parce qu’ils ne sont pas sur la même logique aussi : QWANT vise la confidentialité des données, en effaçant tes historiques toutes les 15 min. Or, si tu viens à créer des adresses mails type gmail, tes données sont stockées sur un serveur. C’est en quelques sortes à l’opposée de leur politique

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