Les mobiles pendus aux arbres permettent aux livreurs de bénéficier d'une longueur d'avance sur leurs concurrents.
La légende dit que les smartphones ne poussent pas sur les arbres. Sauf qu'à Chicago, de drôles d'images sont en train de faire le tour du monde. Depuis quelque temps, de nombreux mobiles fleurissent sur des arbres situés à proximité immédiate de centres de livraison Amazon, non loin de magasins de la chaîne de supermarchés Whole Food Market, qui appartient au géant du e-commerce. Mais pourquoi faire ? Tout simplement pour gagner du temps.
Un gain précieux de temps (et d'argent)
L'idée est plutôt ingénieuse, bien qu'assez malhonnête. Plusieurs livreurs opérant à Chicago ont eu l'idée de s'équiper d'un second smartphone, qu'ils accrochent à un arbre situé à quelques mètres ou dizaines de mètres d'un poste de livraison d'Amazon. Ensuite, ils synchronisent le smartphone perché avec leur smartphone personnel.
Une fois les appareils synchronisés, les livreurs attendent à proximité du Whole Foods Market et reçoivent des alertes pour une prochaine livraison avant celles des chauffeurs qui pourraient eux aussi se trouver à proximité du centre de livraison de la firme. Recevoir une notification à l'avance, même s'il ne s'agit que d'une poignée de secondes, suffit à accepter une commande qui leur rapportera 15 dollars.
À Chicago, les livreurs reçoivent des offres instantanées ou des offres à livraison rapide, comprise entre 15 et 45 minutes de temps, le tout via l'application Amazon Flex, qui demande une réponse immédiate. Un système automatisé permet de détecter les chauffeurs qui se trouvent à proximité grâce aux smartphones, et ce avec une précision de 6 mètres, ce qui suffit à faire la différence et à donner l'avantage à ceux qui pendent leur mobile à côté d'un centre Amazon.
Les livreurs se jouaient de l'algorithme d'Amazon
Cela pourrait presque s'apparenter à du hacking, puisque les livreurs utilisent le smartphone perché sur l'arbre pour en quelque sorte court-circuiter l'algorithme d'Amazon, qui n'avait pas prévu cela, et faire diminuer les chances de concurrents de récupérer des commandes, juste parce qu'ils ne font pas partie de la combine.
Alors évidemment, des plaintes n'ont pas tardé, émanant sans surprise de livreurs lésés par la pratique de leurs collègues malhonnêtes. Amazon assure mener une enquête, mais le e-commerçant a d'ores et déjà annoncé qu'il ne communiquerait pas les résultats de ses investigations.
Bloomberg relate également une source, qui aurait indiqué qu'un tel système permettrait de contourner certaines conditions imposées par Amazon, comme un permis valide ou une autorisation de travail aux États-Unis, ce qui permettrait, comme le font d'autres coursiers utilisant d'autres applications, de faire travailler quelqu'un d'autre à sa place.
Source : Bloomberg