« Nous ne revendons pas vos données personnelles à des tiers ». C’est la promesse que fait Google dans ses conditions générales d’utilisation. Pourtant la réalité serait tout autre, si l’on en croit un procès qui s'ouvre en ce moment même aux États-Unis.
Trois utilisateurs de Google ont saisi le tribunal de San José pour faire valoir la protection de leurs données. Ils accusent la firme de Mountain View d’avoir recueilli et vendu leurs informations personnelles aux enchères, à des fins publicitaires.
Google revendrait en temps réel les informations collectées via ses nombreux services
Meaghan Delahunty et John Kevranian, de Californie, et Meghan Cornelius, du Texas, reprochent au géant de la Tech d’avoir enfreint la loi fédérale, mais aussi celle applicable en Californie. Google aurait, en effet, gagné des milliards de dollars en vendant les données personnelles de ces utilisateurs, et celles de bien d’autres, via un système d’enchères en temps réel.
Dans deux lettres, envoyées à Sundar Pichai, le P.-D.G. de Google, et à la Federal Trade Commission, les plaignants assurent que leurs données auraient été détournées et stockées par des entreprises tierces. Les informations concernées incluraient notamment des historiques de navigation et des informations sur l’emplacement et les déplacements des utilisateurs, leurs intérêts ou leurs ethnies. Des données recueillies dans la grande majorité via des services tels que Gmail, YouTube ou Google Chrome. Les entreprises tierces, des courtiers bien souvent, revendraient ensuite ces informations à des fins spéculatives ou politiques.
Les plaignants accusent donc Google d’avoir, avec ce procédé, généré une grande partie de ses revenus publicitaires de l’an dernier. On rappelle que ces revenus représentaient 147 milliards de dollars au total.
Un procès qui n’est malheureusement pas le premier
Le porte-parole de Google, José Castañeda, a réagi à ces accusations jeudi dernier. « Nous ne vendons pas les informations personnelles de nos utilisateurs et nous respectons une politique stricte, qui interdit les publicités personnalisées basées sur des catégories sensibles », a-t-il notamment rappelé, dans une brève déclaration par e-mail.
La firme a insisté sur le fait que les données partagées avec certains de ses partenaires étaient parfaitement anonymisées. Cependant, les identifiants uniques utilisés par Google permettraient, par recoupement avec d’autres données, de connaître l’identité des propriétaire des informations, et ce même si ces derniers ont pris des précautions afin de ne pas être traqués.
Ce n’est pas la première fois que Google se fait reprendre sur la question de la revente des données personnelles. L’histoire de la firme est, en effet, jalonnée d’événements similaires. En 2019, le géant de la Tech avait été condamné à payer 170 millions de dollars en réparations pour avoir collecté des informations sur des enfants à l’insu de leurs parents via le service YouTube.
En 2020, en France, un tribunal avait également condamné la firme à débourser 50 millions d’euros. Google avait en effet omis de demander aux utilisateurs s’ils acceptaient l’utilisation de leurs informations personnelles dans un but de ciblage publicitaire.
Source : Mercury News