Huawei et la société Megvii auraient mis au point des algorithmes d'intelligence artificielle afin de pouvoir identifier, par reconnaissance faciale, des musulmans Ouïghours sur le territoire de la Chine.
Mise à jour du 11/12/2020 à 11h50 :
La marque Huawei a tenu à faire valoir son droit de réponse afin d'éclaircir son rôle dans le dispositif décrit dans notre article.
« Nous ne développons pas d’algorithmes ou d’applications dans le domaine de la reconnaissance faciale mais uniquement des technologies à usage général qui se fondent sur les normes internationales en matière d’apprentissage automatique et d’intelligence artificielle. Huawei ne contribue pas à l’aspect serviciel qui détermine comment les solutions technologiques à usage général sont utilisées.
En outre, l’article du Washington Post fait référence à un test qui n’a pas eu d’utilisation commerciale. Selon le Washington Post, le porte-parole de la société Megvii a déclaré que les applications de cette société ne sont pas conçues pour identifier des groupes ethniques.
Nos produits et solutions sont en conformité avec les normes de l’industrie et les règlementations concernées. »
On le sait, au-delà de ses efforts sur la 5G, sur les routeurs ou sur les smartphones, Huawei développe des caméras de surveillance. La société les commercialise auprès des métropoles dans le cadre de son programme Safe City. En France, par exemple, c'est Huawei qui a mis en place le dispositif de vidéosurveillance de la ville de Valenciennes.
Des accusations de discrimination
La société IPVM se présente comme une autorité indépendante passant au crible les dispositifs de vidéosurveillance en pratiquant des tests intensifs. John Honovich, l'un de ses chercheurs, rapporte que Huawei a travaillé avec la firme Megvii, spécialisée dans le développement d'algorithmes de reconnaissance faciale pour son projet Face++.
Huawei et Megvii auraient concocté un dispositif capable d'identifier l'âge, le sexe et les origines ethniques d'une personne. Dans le cadre de ces travaux, ils auraient également développé un système d'alerte à la reconnaissance de musulmans Ouïghours.
Selon IPVM, les deux sociétés travailleraient pour le compte du gouvernement chinois. Le pays est accusé par Amnesty International de détenir plus d'un million de Ouïghours dans des camps établis à l'ouest du pays, dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang.
En 2018, des représentants du congrès américain avaient demandé l'ouverture d'une enquête en accusant le gouvernement chinois d'avoir mis en place la plus grande politique de discrimination minoritaire au monde. Selon IPVM, en octobre 2019, le département du commerce américain avait ajouté huit sociétés sur liste noire, l'une d'entre elle étant Megvii. On le sait, plus tard, l'administration de Trump y ajoutera Huawei.
Un document troublant
IPVM explique avoir récupéré un document confidentiel datant du 8 janvier 2018 et décrivant les efforts communs mis en place entre Huawei et Megvii. Ce rapport précise que Megvii effectuait des tests de reconnaissance faciale en exploitant l'infrastructure cloud de Huawei optimisée pour les traitements vidéo.
Bien que confidentiel, ce dernier aurait été publié sur le site de Huawei et disponible d'accès via les moteurs de recherche. Le constructeurs chinois l'aurait toutefois retiré.
IPVM précise que les deux parties ont mis en place un système d'alerte permettant de prévenir automatiquement la police lorsque l'algorithme a identifié un musulman Ouïghour.
Selon IPVM, Huawei explique qu'il ne s'agissait que d'un test et que le dispositif n'a pas été mis en pratique, ni commercialisé. De son côté, Megvii n'a pas souhaité discuter du document en question et explique que ses algorithmes ne sont pas spécifiquement ciblés pour repérer des groupes ethniques ou démographiques spécifiques mais pour assurer la sécurité de tous.
Source : IPVM