© Huawei
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Le géant chinois Huawei va exiger de toutes les entreprises qui exploitent sa technologie 5G brevetée de payer des royalties, à hauteur de 2,50 dollars par smartphone. Une économie qui pourrait vite devenir très lucrative.

Huawei a-t-elle trouvé le moyen d'arrondir les fins de mois difficiles ? La firme de Shenzhen a annoncé, mardi, le prélèvement prochain d'une redevance qui pèsera sur les fabricants de smartphones, comme Apple, Samsung et autres, qui utiliseront sa technologie 5G. L'entreprise évoque des « frais raisonnables », à raison de 2,5 dollars de royalties par smartphone relié à sa technologie de cinquième génération, forte de 3 007 familles de brevets.

Huawei espère récolter entre 1 et 1,1 milliard d'euros

Les restrictions qui frappent Huawei aux États-Unis, avec le blocage des équipements et des bâtons dans les roues de la chaîne d'approvisionnement, poussent l'entreprise de l'empire du Milieu à chercher de nouvelles sources de revenus.

Si Huawei n'a pas pu maintenir sa croissance folle des dernières années, son impact sur les équipements 5G demeure important, et de nombreuses puissances lui accordent encore leur confiance. Et la société pense que c'est ici qu'elle va pouvoir trouver cette nouvelle source dont nous parlions.

Huawei entend récolter entre 1,2 milliard et 1,3 milliard de dollars (soit entre 1 et 1,1 milliard d'euros) en imposant le paiement d'une redevance relative aux frais de brevets et de licences entre 2019 et 2021, liés à ses différentes technologies 5G. Le chef du département de la propriété intellectuelle de la firme, Jason Ding, promet de « plafonner les redevances par smartphone à 2,50 dollars ».

Une redevance moins élevée que celle des concurrents

Huawei n'entend pas « abuser » de la patience des fabricants, et indique même que ses tarifs demeurent inférieurs à ceux des concurrents Nokia, Ericsson et Qualcomm. Nokia facturerait sa licence à 3 euros par appareils, et Ericsson entre 2,5 et 5 dollars par appareil. La manne financière dégagée devrait permettre à Huawei de compenser les pertes subies notamment sur sa division mobiles.

Les brevets qui motivent le versement de ces royalties portent notamment sur les protocoles qui permettent l'interopérabilité entre les réseaux 5G partout dans le monde, qui aident les smartphones à se connecter aux multiples réseaux. Huawei est l'un des acteurs participant à l'élaboration de ces normes (il faut parfois des milliers de brevets pour une seule et même norme). Généralement, un même fabricant de smartphones utilise des brevets provenant de diverses sociétés, comme celles que nous avons pu citer dans l'article. Ces brevets sont aussi appelés « SEP », pour standard essential patents (brevets essentiels à une norme).

La mise en place d'une telle redevance n'est ni une sanction ni une tentative désespérée de faire reculer la politique américaine à son sujet. Ce que veut faire Huawei ne résulte ni plus ni moins d'une pratique qui existe depuis plusieurs années. Aujourd'hui, avec 3 007 familles de brevets 5G déposées, la firme de Shenzhen peut se targuer d'être la plus active au monde. Un organisme américain spécialisé, GreyB, estime que 18,3 % des familles de brevets 5G de Huawei seraient des SEP en cours d'utilisation. C'est plus que n'importe quelle entreprise technologique.

Source : Reuters