Un data center de Facebook, ici en Suède (© Facebook)
Un data center de Facebook, ici en Suède (© Facebook)

Le dernier rapport de Huawei sur le futur des réseaux de communication est sans appel. Il en découle que le monde générera pas moins de 1 000 milliards de téraoctets de données par an d'ici le début de la prochaine décennie, une vraie menace pour les réseaux.

L'expansion et l'avènement de l'IoT va bouleverser le – pas si petit – monde de la donnée. En marge de l'Intelligent World 2030 Forum, Huawei a dévoilé un rapport, nommé Global Industry Vision : Communications Network 2030, dans lequel l'entreprise prévoit ce que sera l'écosystème de la donnée dans moins de dix ans. Elle s'attend ainsi à une nette hausse des besoins en calcul, stockage et connectivité qui seront nécessaires à la bonne gestion d'une flotte de centaines de milliards d'objets connectés.

Une explosion attendue de la consommation de données, tant sur le plan industriel que sur le plan domestique (cellulaire et filaire)

Jusqu'à aujourd'hui, l'augmentation de la demande en bande passante parvient à être contenue et digérée par les réseaux actuels de communication, puisque celle-ci émane principalement d'un moteur majeur : les consommateurs et consommatrices. Mais les nouvelles technologies, comme la 5G ou le Wi-Fi 6, font franchir au monde un pas majeur en ce qui concerne la connectivité entre les personnes, les objets et les machines. Tout cela fait que les réseaux de demain devront être capables de supporter les usages domestiques d'un côté, et les services industriels innovants de l'autre. Conduite autonome, villes intelligentes, médecine de pointe à distance… voilà tout autant de domaines qui nécessiteront d'importantes ressources de calcul, mais aussi de mise en réseau.

Dans son rapport, Huawei prévoit que le monde générera 1 000 milliards de téraoctets de données par an d'ici 2030, ce qui nous permet d'évoquer le chiffre de 1 yottaoctet. C'est tout simplement 23 fois plus qu'en 2020.

Bientôt 200 milliards de connexions mondiales

D'autres données issues de ce même rapport peuvent donner le tournis. On y apprend par exemple que le nombre total de connexions mondiales atteindra, toujours en 2030, les 200 milliards, avec une répartition à 50/50 entre les connexions sans fil (cellulaires) et les connexions filaires. Une latence de 1 ms (l'exigence maximale de la 5G) devrait être la normale dans les villes, puis 10 ms dans les agglomérations urbaines et 100 ms dans les réseaux très haut débit et optiques.

La consommation mensuelle moyenne de données sur les réseaux cellulaires sans fil sera, d'ici dix ans, multipliée par 40. Elle atteindra les 600 Go par an et par personne, ce qui contribuera à la pérennisation des forfaits mobiles à très grosse enveloppe data. La consommation sur les réseaux fixes devrait être multipliée, elle, par 8, pour atteindre 1,3 To par mois et par foyer.

Un réseau haut débit cubique, pour une couverture au-delà du sol, dans l'air et dans l'espace

Cette flambée de la consommation s'opérera de façon parallèle à la vie de centaines de milliards d'objets connectés, qui amèneront les équipementiers, comme Huawei, à relever divers défis. Le président de Huawei France, Weiliang Shi, a réagi :

« Tout d'abord, la complexité des infrastructures IoT rendra indispensable la construction de réseaux plus intelligents. Ensuite, les nouveaux usages industriels et agricoles mais aussi les véhicules autonomes exigeront des opérateurs qu'ils améliorent la couverture, la qualité, la sécurité et la fiabilité de leurs réseaux. Sans les réseaux, l'innovation numérique est impossible. C'est pourquoi Huawei s'engage à collaborer avec tout son écosystème pour faire du réseau du futur une réalité. »

Pour s'inscrire en pionnier et bâtir un réseau à l'épreuve du temps, Huawei propose sa propre vision autour de six caractères, formant une définition hexagonale du réseau de 2030. La première des caractéristiques concerne l'IA-native et en premier lieu l'ADN, le réseau de conduite autonome (Autonomous Driving Network). Ce système, basé sur des réseaux intelligents, les données et les connaissances, est automatisé et autonome. Il est même capable de se réparer et de s'optimiser. En second lieu, Weiliang Shi l'évoque, il y a la sécurité et la fiabilité. Elles passeront notamment par une fiabilité des composants (tout ce qui est puces et systèmes d'exploitation), des équipements et de la connectivité.

Huawei évoque aussi son idée de réseau haut débit cubique, avec une couverture qui ira au-delà du sol, dans l'air et dans l'espace, le tout avec des réseaux qui connecteront des dispositifs situés donc à différentes hauteurs. On imagine ainsi des drones, volant à moins d'un kilomètre, des avions à 10 kilomètres et des engins spatiaux en orbite terrestre basse, à plusieurs centaines de kilomètres du sol. Ce réseau cubique sera fait de petites cellules disposant chacune d'un rayon de couverture de 100 mètres, de macro-sites à la portée pouvant aller de 1 à 10 kilomètres, et, vous aurez deviné la suite, de satellites à la portée comprise entre 300 et 400 km, le tout pour offrir des débits ahurissants atteignant respectivement 10 Gbit/s, 1 Gbit/s et 100 Mbit/s.

Un réseau plus fourni à impact environnemental faible ? Possible selon Huawei

Pour Huawei, il est tout à fait possible de bâtir des réseaux écologiques et à faible émission de carbone. Pour y parvenir, la firme de Shenzhen mise sur une architecture à trois niveaux : des réseaux de base, des réseaux cloud et des réseaux informatiques ; et sur une intégration optoélectronique également à trois couches. Cette dernière optimisera les capacités de traitement à grande vitesse des différents composants électroniques, pour réduire leur consommation d'énergie.

Huawei veut aussi se baser sur le système HCS (communication et détection harmonisées), censé faciliter la programmation unifiée des ressources de communication et de détection. L'entreprise a conscience qu'avec la 5G et prochainement la 6G, le spectre des communications continuera de croître, pour inclure les ondes millimétriques (la bande de fréquences 26 GHz réservée à la 5G pose déjà problème), le térahertz et la lumière visible. Autrement dit, le risque que le spectre des communications empiète sur celui réservé à la détection est de plus en plus grand.

Enfin, l'entreprise chinoise évoque son idée « d'expérience déterministe ». Ici, la capacité des réseaux de communication à offrir des expériences déterministes est capitale, selon Huawei, pour soutenir la collaboration à distance (télétravail et formation), mais aussi pour répondre aux impérieux besoins de sécurité et de fiabilité des environnements de production.