Des transmissions à la vitesse de la lumière © asharkyu / Shutterstock
Des transmissions à la vitesse de la lumière © asharkyu / Shutterstock

La fibre optique vient d'atteindre de nouveaux sommets et repousse toujours plus loin les frontières de la rapidité de transmission de données. Plusieurs millions de fois plus rapide qu'une excellente connexion fibre domestique, voilà la vitesse atteinte par des chercheurs japonais.

Alors qu'Orange propose du 10 Gb/s pour sa Livebox 7, dans un entrepôt du CERN en Suisse, les spécialistes voient encore plus loin. Deux ingénieurs de réseau ont accompli un exploit remarquable. Joachim Opdenakker, issu de l'organisation néerlandaise SURF, et son acolyte Edwin Verheul ont établi une liaison de données reliant le LHC (l'accélérateur de particules le plus grand et le plus puissant au monde) à des centres de stockage situés aux Pays-Bas.

Où réside la prouesse ? Dans la vitesse de connexion. Ils ont réussi à atteindre un débit époustouflant de 800 Gb/s, permettant ainsi aux chercheurs d'accéder bien plus rapidement aux précieuses données issues des expériences menées au sein du LHC.

Lors d'un test mené au mois de mars, avec du matériel prêté par Nokia, les deux ingénieurs ont démontré avec brio la viabilité de ces débits vertigineux. Cependant, maintenir une telle vélocité sur les 1 650 km séparant le CERN d'Amsterdam ne fut pas une mince affaire ; il fallut astucieusement amplifier les signaux lumineux à divers points stratégiques pour maintenir une connexion assez élevée.

Quand 800 Gb/s ne suffisent plus

Néanmoins, 800 Gb/s pourrait prochainement paraître bien modeste. En effet, à l'automne dernier, des scientifiques nippons ont spectaculairement pulvérisé le record universel de vitesse en transmission de données, atteignant l'ahurissant seuil de 22,9 Pb/s ! Selon Chigo Okonkwo, spécialiste en fibre optique ayant participé à l'expérience, cette bande passante serait largement suffisante pour que chaque habitant de la Terre puisse regarder Netflix… voire quelques milliards d'individus supplémentaires. Cette performance inouïe a été réalisée en laboratoire grâce à un câble à fibre optique révolutionnaire de 13 km doté de 19 cœurs, surpassant ainsi considérablement les capacités des câbles conventionnels.

Simultanément, l'équipe dirigée par Wladek Forysiak à l'université d'Aston a accompli un exploit tout aussi remarquable, en atteignant des vitesses vertigineuses de 402 Tb/s sur une fibre optique monocœur de 50 km. Leur approche, exploitant davantage de longueurs d'onde lumineuses (technique appelée multiplexage en longueur d'onde : WDM, pour Wavelength Division Multiplexing), offre une solution potentiellement plus aisée à déployer que le remplacement intégral des infrastructures câblées existantes.

 De gauche à droite ; Edwin Verheul et Joachim Opdenakker © Surf
De gauche à droite ; Edwin Verheul et Joachim Opdenakker © Surf

Un avenir à très haut débit

Ces percées technologiques se concrétiseront déjà dans notre quotidien. Martin Creaner, de la World Broadband Association, prédit avec assurance l'avènement de connexions résidentielles atteignant l'impressionnante vitesse de 50 Gb/s à l'horizon 2030. Face à l'essor fulgurant des contenus numériques et des services en ligne, la demande en bande passante sur les câbles transatlantiques croît inexorablement de 30 % chaque année. Lane Burdette, de TeleGeography, observe que la consommation de bande passante a quintuplé en une décennie, passant de 15 % à 75 %.

Néanmoins, malgré ces avancées spectaculaires, tout le monde n'y a pas droit et des inégalités subsistent. En Grande-Bretagne, par exemple, bien que la majorité des utilisateurs ait théoriquement accès à des vitesses en Gb/s, seul un tiers en bénéficie effectivement. En France, le constat est peu ou prou le même, les disparités d'accès à des débits théoriques aussi élevés persistent encore et seul 76 % des foyers français bénéficiaient de la fibre optique en 2021, selon les données de l'Arcep.

Ces différentes expériences nous laissent tout de même présager un avenir où la vitesse et la capacité de transmission de données nous sembleront quasiment illimitées. Dans ce contexte d'innovation effrénée, l'avènement de la 6G et ses débits hallucinants, dont le lancement est pressenti aux alentours de 2030, s'inscrit parfaitement dans cette dynamique vertigineuse. Cette technologie émergente, avec ses débits prodigieux, promet de repousser encore davantage les frontières du possible, corroborant ainsi les perspectives éblouissantes esquissées par les récentes percées en matière de fibre optique.

Source : BBC