L'année 2015 a dû être célébrée au champagne chez Huawei. L'an dernier, le fabricant chinois a écoulé 107 millions de téléphones portables. Cela reste encore deux fois moins qu'Apple et trois fois moins que Samsung, mais là où les ventes de ce dernier ont péniblement gagné 2,1% l'an dernier, Huawei a vu les siennes exploser de 44,3% selon IDC. Il est ainsi devenu le troisième vendeur de téléphones au monde avec 7,4% de part de marché (le fabricant revendique, lui, une part de marché à 9,7%).
Son modèle P8, lancé en avril, a largement contribué à ces excellents résultats. Sur ses neuf premiers mois de vente (mai 2015 à janvier 2016), il s'est vendu plus de 10 millions de P8 Lite et 6 millions de ses modèles P8 et P8 Max. « C'est le premier smartphone Huawei à totaliser davantage de ventes à l'international qu'en Chine », se félicite le constructeur.
Fabricant de ses propres processeurs
La stratégie du chinois semble donc payer : contrairement à ses compatriotes Xiaomi ou Wiko, Huawei se bat pour conquérir le marché du haut de gamme (plus de 400 euros), en concurrence frontale avec Apple et Samsung. Il n'a, pour cela, pas lésiné sur les moyens, dépensant 9,2 milliards de dollars en recherche et développement en 2015. Soit 1,1 milliard de plus qu'Apple.- Sur le sujet : Huawei passe à la vitesse supérieure en France
Il a aussi embauché en 2012 l'ex-designer des Samsung Galaxy, remplacé la coque en plastique de ses téléphones par de l'aluminium brossé, et fabrique désormais lui-même ses processeurs. Il a démarché les mêmes fournisseurs qu'Apple pour ses autres composants et copié les dernières innovations de la marque à la pomme comme l'identification par empreinte digitale et le 3D touch.
Ce rattrapage express lui a permis d'arriver quasiment au niveau des leaders question technologie, mais Huawei reste encore timide sur le design : le P8 ressemble furieusement à un iPhone 6. C'est pour remédier à cet handicap que Huawei a ouvert l'an dernier à Paris un « centre de recherche esthétique » avec à sa tête le designer français Mathieu Lehanneur (qui n'a pas travaillé sur le P8). L'équipe a pour mission « d'inspirer et de veiller à la cohérence de l'ensemble de la marque, de l'image à l'objet, des produits aux boutiques ». Bref, de donner une véritable identité à Huawei, encore peu connue du grand public en Europe.
Un problème de confiance et un nom à faire connaître
Tout n'est pourtant pas rose pour Huawei : banni du marché des équipements télécoms aux Etats-Unis pour une histoire d'espionnage (ce qu'il a toujours nié), cette affaire a miné la confiance des acheteurs américains de téléphones, même si ces derniers ne sont pas directement concernés. Aujourd'hui, le chinois pratique un intense lobbying pour revenir sur le marché américain.« Nous espérons que les Etats-Unis ne resteront pas à la traîne derrière les autres régions », a insisté le PDG Guo Ping lors d'une conférence de presse à Barcelone en février. « Nous avons encore à travailler sur notre marque », reconnait plus humblement le directeur de l'électronique grand public Richard Yu. Ce qui ne l'empêche pas de claironner fièrement qu'il sera « le premier vendeur de smartphones au monde d'ici cinq ans ».
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