Peut-on faire revivre artificiellement les morts ? Sans aller jusque-là, Microsoft semble toutefois envisager la mise au point d'un logiciel digne d'une œuvre de science-fiction. En fin d'année dernière, l'entreprise américaine a obtenu un brevet relatif à un agent conversationnel qui utiliserait les données personnelles d'une personne afin d'imiter son comportement.
Dans l'épisode Bientôt de retour (Be right back, en version originale) de la série Black Mirror, une jeune femme, endeuillée par la disparition de son conjoint, fait appel à un service expérimental en ligne. Ce dernier permet d'exploiter diverses données concernant une personne décédée (photos, vidéos, réseaux sociaux…) afin de créer un chatbot capable de simuler une discussion avec le défunt.
Après avoir vu l'épisode, on peut être tenté de s'interroger : comment réagirait-on si l'on pouvait avoir accès à un tel service ? Microsoft pourrait prochainement nous aider à répondre à cette question.
À l'origine, les données personnelles trouvées en ligne
En décembre 2020, l'entreprise a déposé un brevet dont l'objet se rapproche fortement du service évoqué ci-dessus. Il porte en effet sur « la création d'un chatbot conversationnel d'une personne spécifique ». Plus précisément, le logiciel reproduirait les mots et le ton caractéristiques d'un individu, en s'appuyant sur des informations personnelles telles que « des images, des données vocales, des messages sur les réseaux sociaux, des messages électroniques ».
Au sujet du modèle du programme, le brevet précise qu'il peut s'agir d'une « personne passée ou présente », sans restriction. Cela peut donc concerner un proche, un ami, une célébrité, un personnage historique, fictif, etc. Les utilisateurs auraient même la possibilité de créer une sorte de version numérique d'eux-mêmes qui pourrait être utilisée à leur mort.
Le poids des mots, le choc des vidéos ?
Et la projection de Microsoft ne s'arrêterait pas là. L'entreprise indique également qu'elle pourrait générer des modèles 2D ou 3D de la personne, à partir d'images, de vidéos et d'autres données plus poussées.
Dans l'épisode de Black Mirror (nous vous déconseillons de lire ce paragraphe si vous voulez éviter les spoilers), la jeune femme va plus loin dans l'expérience. Elle commence ainsi à entretenir une correspondance téléphonique avec le double numérique de son défunt compagnon, à la voix fidèlement imitée, avant de recevoir un robot humanoïde en kit, d'une ressemblance parfaite. S'agit-il des prochaines pistes explorées par Microsoft ?
Qu'en pense-t-on chez Clubic ?
Il convient de ne pas trop s'emballer à la lecture d'une telle information. Premièrement parce que le dépôt d'un brevet ne signifie pas nécessairement que le service en question sera un jour développé. Le document peut simplement faire partie d'une politique plus globale de propriété intellectuelle.
Par ailleurs, les machines ont encore du chemin à parcourir avant de comprendre parfaitement le langage humain. Les assistants virtuels actuels, tels qu'Alexa ou Siri, nous prouvent régulièrement que la technologie n'est pas encore tout à fait au point. De plus, la compréhension ne constitue qu'une partie du vaste domaine que représente le NLP (Natural Language Processing). Ainsi, le NLG (Natural Language Generation), qui doit permettre aux machines de formuler leurs propres phrases de façon autonome, semble aujourd'hui loin d'être abouti.
Et quand bien même un tel chatbot pourrait être conçu, serait-ce vraiment souhaitable ? La technologie s'accompagnerait inévitablement de questions éthiques et pourrait causer des troubles chez les personnes endeuillées. Comme nous le rappellent certaines œuvres de science-fiction, à l'image de Black Mirror…
Source : Independent