Le nom de Nicolas Gaume évoque forcément quelque chose, que l'on s'intéresse aux jeux vidéo, à la finance, à l'entrepreneuriat ou au numérique. Car ce qu'il symbolise, est tout cela à la fois. Après avoir été la figure de la réussite à la française - que les politiques s'arrachaient - à la fin des années 1990, il devient celle de l'éclatement de la bulle Internet quand, en 2002, sa société de jeux Kalisto quitte brutalement la bourse.
Nicolas Gaume, directeur de la division Developer eXperience chez Microsoft France - Crédit : Microsoft.
Pendant cette folle aventure, en 1994, Nicolas Gaume fonde l'une des premières agences Web de France (Wcube), qu'il revendra à Publicis en 1999. Tout juste après, en 2002, il devient conseiller auprès de l'éditeur Codemasters avant de rapidement prendre la direction des studios d'Ubisoft, jusqu'en 2005, où il participe à la relance du jeu Rayman. Sa carrière se poursuit chez Lagardère Active, où il introduit le jeu sur mobile.
Elu président du Syndicat national du jeu vidéo en 2009, il intégre le conseil d'administration de plusieurs sociétés, et en fonde lui-même plusieurs. Depuis janvier 2015, c'est chez Microsoft qu'il dépense son énergie. Son objectif officiel est de mobiliser tout l'écosystème numérique dans la perspective du lancement de Windows 10 et de renforcer la dynamique de développement d'applications grand public et entreprise. Il mettra aussi à profit son expérience d'entrepreneur dans l'accompagnement et le soutien aux start-up.
Qu'avez-vous découvert en arrivant chez Microsoft ?
Ces dernières années j'ai été consultant pour Google, Amazon et Apple mais chez Microsoft, il se dégage quelque chose de particulier. C'est une entreprise qui a eu la même position que Google mais qui a pris du recul, et s'est engagée dans un changement. La dynamique d'ouverture (.Net en open source, Office sur iOS et Android...) insufflée par Satya Nadella se fait avec lucidité et humilité, mais avec une volonté de conquête.Quel va être votre rôle au sein de la division DX ?
Moi je ne suis qu'un rouage dans une grande mécanique mais la France est un marché important, où est installé le siège européen, et où mon premier but sera d'abord d'écouter l'écosystème et les entreprises, car la demande est plus forte. Ensuite ce sera d'expliquer, en montrant par exemple les scénarios possibles avec Azure pour quelqu'un qui voudrait développer son site Web, etc. Enfin il s'agira de porter l'enthousiasme autour de technologies excitantes comme HoloLens mais aussi d'Excel BI, DevOps et de la mise en réseau.Qu'allez-vous proposer de plus aux start-up ?
Notre programme d'accompagnement Microsoft Ventures va évoluer. Souvent, on vise les levées de fonds, et c'est bien, mais le chiffre d'affaires, c'est mieux. Alors nous allons rapprocher les start-up des équipes commerciales de Microsoft pour qu'elles leur donnent accès à leurs clients et qu'elles décrochent des contrats. C'est ce que nous venons de faire avec EDF et Dassault. Notre but est d'aider les start-up mais aussi de les protéger face à des entités bien plus grandes. En cas de rapport déséquilibré, je serai féroce. Cet accès facilité sera l'une des grandes différences de MS Ventures comparé aux accélérateurs « pure players ».Profiteront-elles à la stratégie mobile d'entreprise ?
Absolument. Le mobile est au cœur de la stratégie du nouveau Microsoft au même titre que l'entreprise. Une start-up de seulement cinq personnes, ça paraît rien à l'échelle d'un groupe de 140 000 personnes comme le nôtre, mais elle peut être à l'origine de la fonctionnalité nouvelle qui permettra à un groupe de rester dans le coup ou de dépasser ses concurrents. C'est le cas de Roomchecking dont l'application permet d'améliorer la performance des différents services d'un hôtel, en remontant par exemple les besoins d'une chambre.Comment attirerez-vous les développeurs sur Windows 10 ?
Microsoft avait d'abord un OS très PC, puis un autre très mobile (avec quelques frustrations) mais là, avec les applications universelles, nous tendons vers un vrai système cross-plateformes mature. Nous proposons des solutions techniques (Visual Studio) pour faciliter le développement, le design, et permettre des économies d'échelle. Et HoloLens, qui est attendu au deuxième semestre 2015, est aussi concerné par ces applis. Une vraie évolution a eu lieu. Nous voulons de plus en plus que la technologie s'efface, au profit des usages.A lire également :