D. Nogueira pour Clubic
D. Nogueira pour Clubic

Source lumineuse laser, nouvelles matrices SXRD 0,61 pouce, processeur X1 Ultimate, nouveaux blocs optiques, rendu HDR et algorithmes de traitement de l’image en pagaille… Ces Sony VPL-XW5000ES et VPL-XW7000ES apportent une sérieuse évolution sur le marché de la vidéo projection Ultra HD à domicile.

Avis aux passionnés de Home Cinema, Sony vient d’annoncer les vidéoprojecteurs VPL-XW5000ES et VPL-XW7000ES. Des produits plutôt hors norme mais, les habitués de la marque l'auront sans doute deviné, clairement pas accessibles à toutes les bourses.

© Sony
© Sony

Oubliez ici le procédé de « vobulation » qui consiste à créer une fausse définition Ultra HD à partir d'une matrice Full HD afin de contenir les coûts. Ces vidéoprojecteur cinéma, dit « fond de salle », projette de vraies images en Ultra Haute Définition native et tout cela à évidemment un coût.
D'autant que la plateforme SXRD est mise à jour pour utiliser des matrices 0,61 pouce qui seraient les plus compactes du marché. Mais aussi somptueux soit le résultat, le ticket d'entrée est particulièrement élevé comme nous avions déjà pu le voir avec le Sony VPL-VW290ES, et les Sony VPL-XW5000ES et VPL-XW7000ES seront commercialisés dans le courant de l'été à respectivement 5 999 euros et... 14 999 euros !

À gauche, le VPL-XW7000ES. À droite, le VPL-XW5000ES - Sony

« Aouch ! », n'est-ce pas ? Pour leur défense, admettons qu'aucun téléviseur à ces niveaux de prix n'est capable de vous livrer une image aussi grande et aussi impressionnante.

Caractéristiques communes et évolutions majeures

Cette nouvelle gamme XW Series abandonne la projection 4K Cinéma d'une définition de 4 096 x 2 160 pixels pour revenir à de l'Ultra Haute Définition, que l'on connaît sur les téléviseurs (3 840 x 2 160 pixels). Cette définition est ici obtenue à partir de la nouvelle plateforme constituée de trois matrices SXRD de 0,61 pouce, que Sony nous décrit comme étant plus petites que les anciennes. De quoi réduire au passage la taille des vidéoprojecteurs eux-mêmes.

Si chacun pourra tirer ses conclusions en fonction de ses usages, c'est un choix assumé par le constructeur, qui est d'ailleurs passé leader sur ce segment de produits à plus de 3 000 euros, avec 53 % des parts du marché à fin décembre 2021.

D. Nogueira pour Clubic

Toujours selon la présentation de Sony, et dans l'habitude de ses cycles de renouvellement d'environ six ans, cette série XW représenterait une évolution majeure, concrétisée ici par l'utilisation d'une source lumineuse à base de diodes laser (Z-Phosphor). Outre le fait de ne plus utiliser de mercure dans le produit, cette technologie promet une durée de vie de l'ordre de 20 000 heures. De quoi considérer ces monstres comme de véritables alternatives aux téléviseurs conventionnels, dont ils s'approprient d'ailleurs le processeur Sony X1 Ultimate, que l'on trouve également sur le vidéoprojecteur de luxe de la marque, le VPL-GTZ380 vendu la bagatelle de 79 990 euros !

Les Sony VPL-XW Series sont proposés en blanc et noir - Sony

La Sony XA Ultimate fait ainsi office de référence, de par son efficacité sur les différentes couches de traitement de l'image. Elle a évidemment été retravaillée ici pour les besoins de la vidéoprojection et plus particulièrement pour le traitement des sources HDR qui nécessitent un traitement particulier.

Sony nous indique par exemple que sur les VPL-XW, la puissance de calcul du processeur serait 2,8 fois supérieure à celle du précédent X1, offrant ainsi la latence suffisante aux ingénieurs pour y implémenter des algorithmes de traitement de l'image plus perfectionnées. On trouve donc dans ces vidéoprojecteurs une couche dite « haute résolution » qui exploite l'intelligence artificielle de la puce pour analyser le contenu de la source (Dual Database processing), identifier les objets, l'avant plan, l'arrière-plan (technologie appelée Object-Based Super Resolution) et ainsi renforcer numériquement la netteté de l'image (Digital Focus Optimizer), y compris dans les coins.

Le Sony VPL-XW5000ES - Sony

À cette source lumineuse laser et cette puce X1 Ultimate s'ajoutent de nouveaux blocs optiques à polarisation uniforme, gage d'une meilleure reproduction de l'image sur toute la surface de la projection. Sony promet d'ailleurs de meilleurs contrastes (nous attendons des données plus précises), une luminosité accrue et la prise en charge d'un plus large spectre des couleurs.

La technologie TriLuminos Pro appuyée par ses algorithmes « object-based HDR Remaster » et « Dynamic HDR Enhancer » permettraient d'atteindre une couverture de 95 % de l'espace colorimétrique DCI-P3, une reproduction fidèle et une plage dynamique remarquable. Il semblerait toutefois que cette capacité soit surtout valable pour le XW7000ES, mais, si cela se vérifie lors des tests, ce serait déjà une véritable performance.
Rappelons que le VPL-VW290ES s'était déjà montré excellent avec un Delta E moyen mesuré à 1,8, soit une fidélité parfaite des couleurs.

Sony VPL-XW5000ES : les caractéristiques techniques

L'écart de prix qui sépare les deux modèles nous mettait déjà la puce à l'oreille : il existe évidemment des écarts techniques entre le XW5000ES et le XW7000ES. Vous trouverez ci-dessous la fiche technique du premier, mais notez que que la différence principale concerne la conception du bloc optique et la puissance lumineuse. Cette dernière est annoncée à 2000 lumens (contre 3 200 pour le XW7000ES).

Les molettes de décalage du bloc sont cachées sous cette trappe - D. Nogueira pour Clubic

Le bloc optique, dont la conception serait empruntée aux équipes de la division photo de Sony, est composée de 10 éléments (un élément résine et neuf éléments en verre) et profite d'une conception asphérique et d'une lentille frontale de 54 mm de diamètre. À noter que le ratio de projection est de 1:1,38 - 2,21 et que le « Lens Shift », certes important (V±71 %, H±25 %), est manuel.

© Sony

Sony VPL-XW7000ES : les caractéristiques techniques

Le modèle le plus haut de gamme profite lui aussi de cette nouvelle optique asphérique offrant un point de focus plus précis sur l'intégralité de l'image, mais sa conception est plus élaborée encore. Elle est composée de 13 éléments (un élément en résine et 12 en verre) et affiche une lentille frontale de 70 mm de diamètre. Le ratio d'image évolue aussi (1:1,35 - 2,84) ; le Lens Shift est motorisé et plus important encore (V±85%, H±36%) ; enfin la puissance de la source Laser passe à 3 200 lumens.

Nos premières impressions : c’est dingue !

Nous avons pu découvrir ces produits à l’occasion d’une présentation au siège français de Sony. Vous ne serez sans doute pas surpris d’apprendre que ces deux modèles se sont montrés épatants. Le choix opéré par Sony de basculer sur une définition Ultra HD n'a posé aucun problème avec les contenus Blu-Ray 16/9e diffusés sur l'immense toile technique de 3,5 m de long.

Sony VPL-XW5000ES - D. Nogueira pour Clubic

Le spectacle est entier, et ce, dès les démonstrations du VPL-XW5000ES. Ce modèle presque « grand public » propose une image avec un piqué rare et un rendu tel que nous avions vraiment l’impression d’assister à une projection en salle de cinéma. Une prestation d’autant plus appréciable que nous étions tous installés dans ce qui fait initialement office de salle de réunion.

Sony VPL-XW5000ES - D. Nogueira pour Clubic

Gageons que les personnes qui investissent un tel budget dans un vidéoprojecteur prennent aussi le soin d’accommoder le cadre, mais la bonne nouvelle c’est que même si vous avez des murs et un plafond blancs - comme c’était le cas lors de la présentation - le résultat reste excellent !

Sony VPL-XW5000ES - D. Nogueira pour Clubic

Sans surprise, Sony a plutôt bien choisi ses démonstrations, avec des boucles notamment issues de dessins animés très colorés, mais à la plage dynamique assez vaste. La technologie SXRD combinée au dispositif laser fait merveille. Sur une telle surface d’affichage, il va sans dire que la construction du bloc optique joue un rôle primordial dans la netteté qui s'applique à l’intégralité de la surface.

Avec le VPL-XW7000ES le piqué et la luminosité montent d'un sacré cran - D. Nogueira pour Clubic
Sony VPL-XW7000ES - D. Nogueira pour Clubic

Une première expérience savoureuse qui devient plus impressionnante encore en comparant les deux modèles.

L'extrait de A star is born, en l'occurrence, qui nous avait déjà séduit par son piqué avec le XW5000ES, s'est montré bien meilleur encore sur le modèle très haut de gamme. Le delta de puissance se manifeste dans une reproduction HDR, saisissante pour un vidéoprojecteur. Les quelques photos de comparaison devraient vous aider à faire la différence, malgré les conditions lumineuses de la pièce. À noter que nous n'avons pas changé les réglages, verrouillés en mode manuel. L'image du VPL-XW5000ES est toujours représentée dans la partie droite.

À droite la projection du 5000ES à gauche celle du 7000ES - D. Nogueira pour Clubic

L'image du 5000ES pourrait sembler fade, mais c'est naturellement lié à la captation. Pour autant, le 7000ES est plus impressionnant. Les détails dans les cheveux et sur le micro sont saisissants.

D. Nogueira pour Clubic

Même constat ici où nous avions presque l'impression que le micro était en 3D avec le modèle XW7000ES. Si on peut avoir l'impression que l'image est partiellement sur-exposée avec le 7000ES, c'est là aussi lié à la captation et le fait que nous avions verrouillé les réglages en mode manuel.

D. Nogueira pour Clubic

Ici, tout est meilleur avec le 7000ES, la netteté de l'avant plan, les détails dans les cheveux, et sur le micro encore une fois. Impossible de ne pas observer les détails qui apparaissent dans l'arrière plan.

Ce dernier exemple se passerait presque de commentaires. Observez comme tout est beaucoup plus lisible dans cette scène sombre. Le VPL-XW7000ES joue de ses 3 200 lumens (soit 1 200 de mieux que le VPL-XW5000ES) pour faire ressortir plus efficacement non seulement ce qu'il se passe sur la scène, mais aussi au niveau du public.

Des capacités pour le jeu

Si ces vidéoprojecteurs ne sont clairement pas des produits très abordables, Sony les destine pourtant au « grand public », en opposition aux produits pros et semi-pros dédiés aux salles de cinéma. Une cible qui pourrait notamment être intéressé par des performances haut de gamme en matière de gaming, sujet évidemment évoqué par Sony lors de la présentation des produits.

Malheureusement, aucun de ces deux modèles n'est pourvu d'une connectique HDMI 2.1 : seulement deux prises HDMI 2.0 accessibles sur le flanc. Gloups ! Pas très réjouissant.

Nous avons partagé notre désillusion sur ce point avec les équipes françaises qui se justifient par le fait que ces vidéoprojecteurs offrent un temps de latence très faible par rapport à la concurrence. Il serait ici de 13 ms en 1080p@120 Hz et de 21 mz en Ultra HD @60Hz.

Et s'il est évident que l'input lag ne fait pas tout et que la fluidité est un critère tout aussi important, il nous faut bien reconnaître que la démonstration à laquelle nous avons assistée était assez séduisante. Gran Turismo 7 défile sous nos yeux avec une fluidité tout à fait convenable, une belle netteté de l'image qui fait pourtant ici 3,5 m de base et des contrastes à vous en décoller les rétines. Aucun doute, l'expérience est énorme : on en voudrait un à la maison !

La fluidité en jeu est donc agréable, l'immersion complètement dingue sur un tel écran et vous pouvez voir ci-dessus que, même avec l'effet de vitesse du jeu, les contours restent nets. On ne note pas de décrochage (tearing) et nous avons même été très agréablement surpris par le piqué de la police d'écriture dans le bord gauche de l'image où figurent les noms des pilotes. Bravo Sony !

Des vidéoprojecteurs (très) chers, mais toujours pas connectés

Plus lumineux, plus performants, ne craignant plus les utilisations prolongées et ne nécessitant plus de temps de chauffe (ni de refroidissement d'ailleurs) ces deux produits (très) haut de gamme pourraient donc remplacer un téléviseur en faveur de projections immenses et somptueuses.

Reste que nous regrettons toujours autant que Sony ne propose pas à sa clientèle un système d'exploitation façon Google TV (ou Android TV) qu'il maîtrise si bien sur le marché des téléviseurs. Au regard de l'utilisation de la puce X1 Ultimate et de ses capacités d'upscalling cela aurait été plus que pertinent, ne serait-ce que pour accéder à tous ses contenus en streaming sans avoir passer par une solution externe. Un point que nous avons partagé avec le constructeur et pour lequel les porte-paroles français n'ont pour l'heure pas de réponse claire à nous apporter.

Dommage, surtout lorsqu'on sait que ces vidéoprojecteurs ne disposent que de deux prises HDMI 2.0, et que Sony propose sur ses téléviseurs le service Ultra HD Bravia Core, qui aurait été redoutable sur ce type de produit.

Rappelons pour finir que les VPL-XW5000ES et VPL-7000ES seront disponibles dans le courant de l'été à des tarifs respectifs de 5 999 euros et 14 999 euros. Il paraît que quand on aime, on ne compte pas.