Le secteur IT offre chaque année son lot de nouveautés qui, pour certaines, deviendront les produits phares lors des fêtes de fin d'année. En 2011, il semblerait que les téléviseurs « connectables à Internet » et autres tablettes tactiles remportent un franc succès.
Mais ces produits - essentiellement pensés comme des outils de consommation de contenus - feront-ils le bonheur de leur propriétaire ? Rien n'est moins sûr.
Lors du dernier forum organisé par l'Idate, les professionnels des télécoms, de l'IT et de l'audiovisuel ont essentiellement débattu de ces « Devices » (terminaux) connectés : « Boxes and Connected TV facing Multiscreen strategies, Smart devices: what's next?, The smartphones: a commodity in the Future of Mobile Internet ?, Will the device be really king?...”.
Fort de ce débat passionnant, nous nous permettons de suggérer le thème du forum 2012 : Le Delivery. Autrement dit la diffusion des contenus et l'évolution du Multi-Cloud.
En effet, lorsque l'internaute regarde une vidéo sur une plateforme avec son « Device connecté » (sa tablette, son téléviseur connecté, son ordinateur, son smartphone...), il confie à son opérateur - qu'il paye chaque mois - le soin de fournir le meilleur effort pour livrer le contenu souhaité dans les meilleures conditions possibles.
Face à l'augmentation exponentielle (mais logique) du chargement de contenus lourds, les opérateurs doivent gérer au mieux cette hausse quotidienne du trafic.
Qu'il soit routier, ferroviaire, aérien ou télécoms, la vie d'un réseau est mouvementé entrainant des mécontentements d'utilisateurs, en sus des limites de l'infrastructure. Ainsi, que l'on se place à une échelle locale (lien de desserte cuivre trop long conduisant l'abonné à bénéficier d'un débit maximal limité, lien de collecte NRA-POP sous-dimensionné et donc saturé, collecte d'une station de base mobile saturée, etc) ou à l'autre bout de la chaîne, à l'échelle nationale (en cœur de réseau avec des interconnexions - peerings - parfois saturées aux « happy hours »), les aléas des infrastructures font que les internautes-utilisateurs de Devices ne sont pas égaux devant la rapidité d'accès au contenus.
Si la colère exprimée par l'utilisateur final, n'omettons pas d'ajouter que la dégradation de la performance a un impact avéré sur l'économie des acteurs à l'autre bout de la chaine : 400 millisecondes de plus pour Yahooet ce dernier peut perdre 5,9% de requêtes. Cela n'étonnera personne si 81% des internautes arrêtent de regarder une vidéo lorsque celle-ci bufferise et devient tout simplement impossible à regarder dans de bonnes conditions.
Pour tenter de fournir la qualité légitimement attendue par les internautes, la majorité des grands opérateurs d'accès (c'est-à-dire ceux contrôlant une base d'abonnés fixes/mobiles) ont mené des discussions - parfois houleuses - avec les acteurs (que l'on nommera « injecteur ») qui veulent diffuser leurs contenus dans leurs réseaux. L'objectif était généralement d'aboutir à la mise en place d'interconnexions privées (private peering) à une échelle nationale ou régionale pour espérer soulager l'infrastructure et in fine optimiser la diffusion mais aussi équilibrer les coûts induits par cette évolution du trafic entrant.
Les coûts d'une telle opération sont donc supportés en partie par l'injecteur du trafic et prennent généralement en compte le financement des ports supplémentaires à intégrer sur les routeurs et/ou les éventuels équipements nécessaires à l'augmentation d'un segment du réseau en vue d'écouler toujours plus de trafic.
Les internautes ne sont pas égaux devant la rapidité d'accès au contenus
Hélas dans bon nombre de cas, cela n'est pas suffisant et la diffusion du contenu peut rester problématique pour les utilisateurs finaux qui se demandent très simplement « pourquoi ça rame ? » et se retourneront presque logiquement vers leur opérateur. Ce dernier rétorquera alors que sa responsabilité s'arrête à la bordure de son réseau et qu'il est ensuite de la responsabilité des différents acteurs-injecteurs de faire le nécessaire pour optimiser le trafic.
Dans ce contexte mouvant, quelle(s) solution(s) pour s'assurer que les utilisateurs de « Devices connectés » pourront lire des contenus sans attendre leur chargement d'interminables secondes ?
Tout d'abord, mobilisons-nous en faveur de l'élargissement des « autoroutes » de l'information. En d'autres termes, encourageons le développement rapide du Très Haut Débit fixe ET mobile dans tous les territoires. Avec l'arrivée de ces réseaux de nouvelle génération, les contenus ne seront plus à l'étroit et la qualité de service s'en trouvera mécaniquement améliorée.
Mais n'oublions pas qu'Internet est un être vivant. C'est pourquoi malgré les meilleurs efforts des uns et des autres pour que les flux de données transitent rapidement, les éditeurs de contenus prennent aujourd'hui conscience de l'importance de s'assurer de la performance réelle de leurs sites et applications. C'est notamment grâce à la supervision de la perception de la qualité par tous les utilisateurs (Real-User Monitoring) que l'on peut détecter des éventuelles « zones de turbulence » pouvant être ressenties en divers points de la toile mondiale.
En ayant une vue cohérente de ce que perçoivent les utilisateurs de Devices lorsqu'ils chargent des contenus, les éditeurs de contenus pourront prendre des décisions qui conduiront à améliorer le Delivery de ces contenus et s'assurer d'une expérience-utilisateur optimale, quelque soit le FAI et le Device de l'utilisateur final.
Les données c'est bien, s'en servir pour résoudre les problèmes en temps réel c'est mieux .
Ainsi, parmi les réponses possibles, le multi-sourcing ou diffusion hybride (usage de plusieurs prestataires) pour délivrer le contenu apparait comme LA solution de premier ordre pour contourner les zones de turbulence du réseau mondial. Cedexis aide déjà près de 200 clients à le faire... en temps réel.
Concrètement, une plateforme de vidéo dont l'audience est majoritairement en France peut mixer l'usage de son infrastructure d'origine (hébergée dans un data center à Strasbourg par exemple) avec différents CDN globaux (Level3, Cotendo, Akamai, Edgecast...) ou régionaux (SFR, BT, Internode...) et/ou Cloud Public (Amazon, GoogleAp, Azure...) pour diffuser les contenus au plus près de ses autres utilisateurs étrangers, répartis à travers le monde.
Avec cette approche, il est prouvé que le nombre d'internautes victimes du syndrome « pourquoi ça rame ? » se réduira considérablement. Seuls les problèmes localisés liés à la vie du réseau tels qu'une collecte de NRA et/ou BTS localement saturée, comme cité précédemment, resteront de la responsabilité de l'opérateur.
On l'aura compris, le problème n'est pas le Device que les consommateurs peuvent se procurer facilement mais la prise en compte du Delivery qui, plus que jamais, ne doit pas être négligé par les éditeurs de contenus. Il en va du confort d'usage et donc satisfaction des utilisateurs de Devices, de l'augmentation de l'audience de leurs applications et/ou sites internet et implicitement de leurs revenus. Les choix stratégiques de Rue du commerce, Le Parisien, Yves Rocher, Eyeka ou France Télévision sont à ce titre de très bons exemples.