Un an après... les zones blanches se réduisent sûrement mais très lentement

Céline Deluzarche
Publié le 21 mai 2016 à 16h31
L'engagement gouvernemental pris l'an dernier de couvrir 100% du territoire en téléphonie mobile d'ici la fin 2016 sera-t-il tenu ? Rien n'est moins sûr.

« Nous voulons que chacun puisse téléphoner avec un mobile, où qu'il réside », clamait le 21 mai 2015 Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique. Ce jour-là, le gouvernement signait avec Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile un engagement pour couvrir les « zones blanches » en France, ces villages coupés des communications car non couverts par les réseaux de téléphonie.

« Les quatre opérateurs mobiles nationaux sont désormais tenus de couvrir l'ensemble des centres-bourgs (en 2G) d'ici le 31 décembre 2016 et en accès mobile à Internet (3G) avant le 30 juin 2017 », faisait valoir le ministère.

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Des promesses à chaque fois non tenues

Il était temps. La première signature de la convention pour la couverture des zones blanche date... du 15 juillet 2003. En août 2009, ces zones blanches représentaient encore 0,18% de la population, soit environ 100 000 habitants pour la 2G. Quant à la 3G, aucun engagement n'a jusqu'ici été respecté : en 2009, puis 2010, puis 2014, l'Arcep n'a pu que « constater le manquement des obligations de déploiement pour l'échéance fixée » et adressé une « mise en demeure » aux opérateurs.


Qu'en est-il cette fois-ci ? L'Etat a débloqué une enveloppe de 30 millions d'euros pour parvenir à ses fins. Une somme ridicule comparée aux 2,2 milliards d'euros investis par les opérateurs en 2014 pour déployer leurs réseaux, mais qui ne correspond qu'à la construction des pylônes, la seule chose qui lui incombe. Pour leur part, les communes assument le coût du terrain et le raccordement électrique, tandis qu'un opérateur (appelé « opérateur leader ») est chargé d'installer les antennes mobiles et d'exploiter le réseau pour le compte des quatre autres.

Dans le cadre de l'accord du 21 mai 2015, un appel à projets a également été lancé pour un accès supplémentaire à 800 « zones d'activités » ou « zones touristiques », financées moitié par l'Etat, moitié par les collectivités locales. Au 17 mai 2016, 43 demandes ont été soumises à l'Agence du Numérique. Dont deux golfs, trois campings et même un château médiéval du Périgord ou un parc animalier de bisons.

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Situation des zones blanches et zones peu denses en France au premier trimestre 2016 - Crédit : Arcep.


Encore 9% de villages dépourvus de tout réseau de téléphonie

En novembre 2015 et février 2016, l'Etat a publié deux arrêtés avec 268 communes supplémentaires à couvrir, portant l'objectif à 3799 communes au total. Au dernier observatoire des déploiements mobiles en zones peu denses, publié le 20 mai par l'Arcep, 91% des centre-bourgs sont couverts pour la 2G et 51% en 3G. Et pour une fois, ce ne sont pas les opérateurs qui traînent la patte mais les pouvoirs publics eux-mêmes : les 9% des communes encore non équipées sont toujours en attente de l'installation du pylône.

L'Arcep a d'ailleurs pris soin de préciser que les obligations des opérateurs n'entrent en vigueur « qu'au plus tard six mois après la mise à disposition effective des infrastructures par les collectivités territoriales ». Autrement dit, l'Etat n'est, lui, pas tenu par des obligations légales de calendrier...

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A Albé, petite commune du Bas-Rhin, le maire reste optimiste : « Nous espérons bien un raccordement d'ici décembre 2016 », assure Dominique Hermann. A d'autres endroits, les élus font, semble-t-il, preuve d'un peu de désinvolture. Contactée, la mairie de Labastide, en Hautes-Pyrénées, n'était ainsi même pas au courant qu'elle figurait sur la liste des zones de l'arrêté du 8 février 2016.

Quant au haut débit pour tous (4G), l'échéance d'une couverture à 100% des centres-bourgs est fixée au...17 janvier 2027. Autant dire que la fracture numérique n'est pas prête d'être résorbée.

Samsung conserve-t-il la tête des ventes de smartphones ? Le cloud à la française est-il un désastre ? Des questions posées par la rédaction de Clubic Pro dans notre nouvelle série « Un an après ». Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
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