Si Lula, le candidat progressiste aux élections présidentielles brésiliennes, est largement en tête des sondages, Bolsonaro et l'extrême droite du pays sont loin de s'avouer vaincus.
Comme à chaque fois depuis au moins les campagnes en faveur du Brexit et de Donald Trump en 2016, la désinformation ciblée envahit les réseaux sociaux et empoisonne la campagne. Au point de faire pencher la balance en faveur de l'actuel président brésilien, qui avait déjà largement utilisé ces méthodes en 2018 ?
Bolsonaro et Trump, même combat ?
C'est une petite musique bien connue et que l'on a notamment largement entendu du côté des États-Unis ces deux dernières années. Sans aucune preuve pour les étayer, des accusations de fraude électorale en faveur de Lula, opposant de l'actuel dirigeant brésilien, circulent chaque jour un peu plus sur les réseaux sociaux à mesure que se rapproche la date du scrutin. Bolsonaro a d'ailleurs déjà publiquement remis en question la fiabilité de ces élections, dans un scénario rappelant largement le comportement de Donald Trump, qui avait ainsi préparé le terrain avant le jour J.
Les deux hommes sont en effet semblables sur de nombreux points, de leur xénophobie à leur méfiance vis-à-vis de la science et de la démocratie, ce qui se traduit aussi dans leur façon de faire campagne. L'actuel président brésilien a ainsi, dans une grossière imitation de l'ex-candidat républicain, remis publiquement en cause la fiabilité des systèmes de vote électronique, toujours critiqués aujourd'hui aux États-Unis, plus de deux ans après le scrutin. Quant aux sondages qui annoncent Lula en tête, ils seraient, toujours selon Bolsonaro, trafiqués et peu crédibles.
La ressemblance entre la communication et les méthodes des deux hommes est d'ailleurs si frappante que certains craignent déjà que Brasilia connaisse sa propre version du 6 janvier 2021, lorsque des militants de Trump avaient attaqué le Capitole pour tenter d'invalider la victoire de Joe Biden.
WhatsApp, terrain fertile pour la désinformation au Brésil et dans le monde
Mais si le dirigeant d'extrême droite donne les mots d'ordre, il est loin de les crier dans le désert. Ses supporters et ses équipes se chargent ensuite du travail de terrain. Et le terrain, ici, ce sont les réseaux sociaux qui se couvrent de fausses informations visant à décrédibiliser l'adversaire ou la validité même de l'élection. L'un d'entre eux en particulier a les faveurs du président candidat, à tel point qu'il a clairement incité ses supporters à l'investir : WhatsApp. En effet, la messagerie de Meta avait joué en grand rôle de diffusion de la désinformation en 2018, lors de la précédente élection, au point que des journalistes l'avaient appelée « l'élection WhatsApp ».
La popularité de ce service ne se limite d'ailleurs pas aux complotistes brésiliens. La multiplication des groupes diffusant des fake news à l'infini pendant la récente élection présidentielle française, mais aussi et surtout au plus fort de la crise de la COVID-19, montre à quel point il est efficace en la matière. Le choix de Meta de limiter la taille des groupes que l'on peut y créer ou le nombre de fois qu'un message peut être transféré a incontestablement été un pas dans la bonne direction. Mais il est apparemment insuffisant pour que les équipes de Bolsonaro abandonnent leur terrain de jeu préféré.