À tout juste trois semaines de l'élection présidentielle américaine, les Républicains et Démocrates s'activent pour arracher de précieux bulletins. Et tous les moyens sont bons.
Données personnelles, informations fausses ou trompeuses… Dans la dernière ligne droite de l'élection présidentielle américaine du mardi 3 novembre prochain, de nombreux électeurs ont affirmé avoir reçu de curieux SMS sur leurs smartphones. Dans ces derniers, il leur est indiqué que leur vote par anticipation n'a pas été pris en compte ou, pire, qu'ils ne sont tout simplement pas inscrits sur les listes électorales. Des éléments suffisamment forts pour susciter la curiosité des citoyens de l'Oncle Sam.
Un phénomène au moins aussi fort qu'en 2016
Chaque message écrit invite l'électeur à cliquer sur un lien qui le renvoie vers un article d'une personnalité politique de l'élection. L'article contient alors de fausses informations destinées à discréditer le candidat qui en est la cible.
Le but de la manœuvre est de s'adresser directement aux électeurs, qui sont plusieurs millions à avoir déjà voté, et de collecter leurs données, chose qu'il n'est plus vraiment possible de faire depuis que les plateformes Facebook, Twitter et Google ont été contraintes de serrer la vis, après avoir été pointées du doigt lors de la précédente élection présidentielle américaine, notamment via le scandale Cambridge Analytica.
Samuel Woolley, professeur à l'Université du Texas interrogé par nos confrères de l'AFP, va jusqu'à concéder que « ce que nous voyons est presque plus fort qu'en 2016 ».
Les contacts des personnes ciblées sont aussi concernés
Les équipes de campagne des candidats Trump et Biden délaissent donc les réseaux sociaux pour se concentrer sur la collecte des données. Celle-ci se fait grâce aux applications des candidats et d'autres groupes politiques, qui permettent de récupérer un nombre suffisant de données pour dessiner des profils d'électeurs, à qui on peut ensuite envoyer des SMS ciblés, des courriers électroniques ou même des messages sur les réseaux sociaux. Et les contacts des personnes dont on récolte les données sont aussi ciblés !
« Pillages. Émeutes. Villes en feu. Voilà la réalité d'une Amérique dirigée par Biden ». Tel est le message reçu par Thomas, responsable informatique à Boston. Et l'Américain de 32 ans n'avait pourtant pas téléchargé d'application à l'effigie de l'un des candidats à la Maison-Blanche, et encore moins donné son accord pour recevoir la moindre notification.
Les équipes de campagne de Donald Trump et de Joe Biden semblent jouer avec la réglementation, puisque l'envoi de tels messages ne requiert pas de consentement. Et il semble que l'on soit à mi-chemin seulement de la communication politique. Le FBI a décidé d'enquêter sur ces envois massifs, qui sont des infractions en ce qu'ils relaient des fausses informations et vont même jusqu'à user de l'intimidation et de menaces.
Qu'en pense-t-on chez Clubic ?
Aux États-Unis, le micro-ciblage est toujours d'actualité, et même si les publicités politiques sont désormais strictement encadrées sur les réseaux sociaux, les données lâchées par les utilisateurs sur ces derniers peuvent être exploitées par les équipes des candidats pour procéder à leurs différentes campagnes, en faveur d'un candidat, ou pour dézinguer l'autre. Le plus important pour les citoyens est de ne pas tomber dans le panneau, alors que l'élection s'annonce historique, avec une participation record attendue.
Source : RTBF / AFP