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Entre piratage, propagande et désinformation, Internet est au centre des enjeux économiques et militaires. D'autant plus dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Le sabotage présumé des gazoducs Nord Stream nous rappelle que le million de kilomètres de câbles internet reliant les continents est également vulnérable. Que se passerait-il si des belligérants les prenaient pour cible ?

Un maillage gigantesque et crucial pour nos sociétés

Le câble intercontinental le plus long du monde relie l'Asie du Sud-Est à l'Europe occidentale. Long de 3 900 km, il fait partie d'un réseau de plus de 420 lignes sous-marines par lesquelles transitent 99 % du trafic internet. Non seulement utiles pour télécharger un jeu ou rester en contact avec ses proches depuis l'autre bout du monde, ils sont également essentiels à notre économie. À titre d'exemple, SWIFT, un réseau de messagerie qui permet d'effectuer des virements internationaux, a transféré 77 000 milliards de dollars en 2019.

Ils véhiculent également des informations importantes que certains pays cherchent à obtenir. La presse danoise a donc révélé qu'entre 2012 et 2014, les États-Unis avaient mis sur écoute des personnalités politiques importantes en utilisant des câbles sous-marins danois.

De nouvelles lignes sont tirées chaque année. Elles accompagnent les échanges culturels, économiques et politiques entre de nombreuses nations. Ainsi, même si seulement quelques câbles venaient à être coupés, les pertes financières auraient un impact socio-économique majeur sur les pays concernés. Trop longtemps ignorés, ils font l'objet d'une surveillance étroite en Europe depuis quelque temps.

Les fonds marins, nouveau terrain des rapports de force entre nations

En 2021, un navire océanographique russe a été repéré au large de l'Irlande. Il aurait suivi les câbles Celtic Norse et AEConnect-1 qui relient l'île aux États-Unis. Au-delà de l'importance de ces câbles, par lesquels transitent la plupart des communications et des transactions financières dans le monde, l'inquiétude vient du fait qu'à son bord se trouvait un mini sous-marin capable de plonger à 6 000 mètres de profondeur. Parfait pour sonder les fonds marins. C'est ce type d'attitude qui nous laisse penser que, dans les conflits actuels ou futurs, les États pourraient de plus en plus pratiquer une guerre hybride. En plus d'utiliser le Web comme un outil perturbateur, certains pourraient percevoir les câbles internet sous-marins comme les nouveaux ponts à saboter pour ralentir l'ennemi.

Néanmoins, la destruction de ces infrastructures n'est pas nécessairement dans l'intérêt d'une nation belliqueuse. En état de guerre ou non, l'économie mondialisée fait qu'une crise dans une partie du monde a inévitablement un impact sur l'autre. Mais face à l'agressivité de certains, chacun est en droit de rester vigilant. Ainsi, Florence Parly, alors ministre des Armées, déclarait au début de l'année : « Les fonds marins sont un nouveau champ de rapports de force que nous devons maîtriser pour être prêts à agir, à nous défendre et, si nécessaire, à prendre l'initiative, ou du moins à riposter. »

Source : BFM Business