En 1994, les joueurs Mega Drive profitent de la sortie quasi-mondiale d’un nouveau jeu signé Konami, et exclusif à la console 16 bits de SEGA : Castlevania : The New Generation.
Deux ans après les joueurs Super Nintendo (en Europe) avec Super Castlevania IV, c’est donc au tour des joueurs SEGA de profiter à leur tour d’un épisode inédit de la saga Castlevania.
Et même si de nombreux joueurs ont porté un regard somme toute très dubitatif, voire dédaigneux, sur cet épisode, force est d’admettre que ce Castlevania: The New Generation (ou Vampire Killer au Japon et Castlevania Bloodlines aux Etats-Unis) mérite toute votre attention… si vous aimez le genre.
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Castlevania aussi sur la 16 bits de SEGA !
Au début des années 90, pour de nombreux joueurs, Castlevania rime avec… Nintendo. En effet, après une trilogie résolument culte sur NES, et un Castlevania Adventure aussi lent que réussi sur Game Boy (sans oublier un second opus tout aussi réussi en 1989), Castlevania s’apparente pour pas mal de joueurs à une licence Nintendo. Pourtant, développé par Konami, Castlevania s’exportera sur d’autres supports, à l’instar de Rondo of Blood sur PC Engine, mais aussi sur Mega Drive, le 20 mars 1994, soit il y a tout juste 27 ans aujourd’hui.
Avec Castlevania : The New Generation, pas question d’un quelconque portage, puisqu’il s’agit bien ici d’un épisode 100% inédit, concocté (en partie) par certains membres de la team Castlevania NES. Ces derniers ont souhaité rester fidèles aux racines Castlevania, tout en ajoutant une touche plus « personnelle ».
Et cela se traduit par un scénario qui mélange fiction et réalité, inspiré non seulement par le Bram Stoker de Dracula, mais aussi par Elizabeth Bartley, laquelle entreprend de ressusciter le seigneur des Ténèbres, tout cela sur fond de première Guerre Mondiale en 1917.
Un épisode exclusif… et déroutant !
Aussi, les joueurs de Castlevania : The New Generation ont pu être surpris par un autre aspect après avoir pressé la touche Start, à savoir… la sélection de personnages. En effet, exit Simon Belmont, et place ici à un certain John Morris, descendant des Belmont et fils de Kincy Morris, lequel est d’ailleurs doté du fouet « Vampire Killer » de la famille Belmont. Pour la petite anecdote, Quincey Morris est un des personnages centraux du roman Dracula de Bram Stoker.
Aux côtés de John Morris, on retrouve Eric Lecarde, lequel est animé par une quête de vengeance, après que sa fiancée ait été transformée en vampire par Elizabeth Bartley. Pas de fouet ici, puisque ce cher Eric est armé… d’une lance. A noter que Castlevania : The New Generation devait à l’origine proposer un total de quatre personnages jouables, avec en prime le très puissant Bolt Ericsson et le très agile Yoko Belnades, descendant de Sypha, de Castlevania III.
L’autre caractéristique de ce Castlevania : The New Generation, c’est qu’il ne se déroule pas en un seul et unique lieu. En effet, le voyage de nos deux comparses les emmène dans divers pays, comme l'Atlantide, mais aussi Versailles, ou encore la Tour de Pise.
Globalement, le level design de cet opus Mega Drive est assez exemplaire, et l’ensemble est soutenu par une section audio composée par Michiru Yamane. A ce sujet, impossible de ne pas souligner la bande-son assez exceptionnelle de ce Castlevania : The New Generation, malgré une Mega Drive souvent critiquée à ce sujet.
Au crédit de la compositrice de cet opus, on retrouve également des jeux comme Rocket Knight Adventures Suikoden III et IV, mais aussi de nombreux autres Castlevania, comme Symphony of the Night, Aria of Sorrow et les épisodes Nintendo DS, sans oublier les opus PS2. Du beau monde donc.
Un « spin off » plutôt qu’un « vrai » Castlevania ?
Un Castlevania : The New Generation déroutant donc, considéré comme un « spin off » par certains fans… et à raison, puisque cet opus a été pensé en tant que tel. Au Japon, le jeu est baptisé « Vampire Killer », sans la moindre mention à « Akumajo Dracula », contrairement aux version US et PAL.
Comme ce fut le cas pour d’autres jeux à l’époque (comme Mega Man pour ne citer que lui), Konami organisa un grand concours au Japon, permettant aux fans de soumettre leurs idées concernant des ennemis mais aussi des pièges, visant à être inclus dans le jeu. Parmi les lauréats, l’infâme « singe squelette », ou encore les lames rotatives. Les auteurs ont non seulement eu l’honneur de voir leurs créations intégrées au jeu, mais ils ont également été récompensés par des cartouches Gold, Silver et Bronze.
Graphiquement, Castlevania : The New Generation parvient à flatter la rétine, avec un jeu très punchy (on peut même sauter depuis les escaliers !), et quelques astuces de développement, permettant par exemple de simuler un effet de rotation. L'ensemble est parfois un peu inégal, mais certains niveaux débordent littéralement d’ingéniosité, et on profite en prime de sprites assez énormes ici.
Dommage toutefois que la version PAL du jeu ait été (comme souvent) frappée par la censure. Le sang présent sur l’écran de démarrage est remplacé par de l’eau notamment, les zombies sont de couleur verte, sans compter une mort bien différente en ce qui concerne le personnage d’Eric sur la version européenne du jeu, qui ne se fait plus empaler par sa propre lance, comme c'est le cas dans la version nippone.
À l’époque, Castlevania : The New Generation fut accueilli relativement timidement par la presse, le magazine Famitsu lui attribuant un modeste 28/40. Du côté de chez GamesRadar, cet opus pointe à la 8ème place du classement des meilleurs jeux de la SEGA Mega Drive.
En France, le magazine PlayerOne avait attribué la note de 92% au jeu, en décrivant Castlevania : The New Generation comme « un jeu décevant au premier abord, mais qui s’avère, à la longue, captivant et de plus en plus beau. » De son côté, Mega Force, le magazine officiel SEGA, avait accordé une note de 83% au jeu de Konami.
Super Castlevania IV ou Castlevania : The New Generation ?
Pour ce qui est de savoir qui de Super Castlevania IV ou de Castlevania : The New Generation est le meilleur opus… difficile de trancher. Les deux jeux débordent de qualité, avec également quelques défauts notoires, mais ils n’ont surtout pas été pensés par la même team, chaque équipe ayant ajouté sa propre touche personnelle.
À l’instar d’un Tortues Ninja par exemple (également développé par Konami), les deux expériences sont aussi intéressantes l’une que l’autre, et chacun des deux jeux offre un feeling et une approche somme toute assez différents.
Certes, malgré ses qualités, Castlevania : The New Generation conserve indiscutablement ce côté « spin off » par rapport à Super Castlevania IV, qui fait figure d’un « vrai » Castlevania, en étant très fidèle aux racines NES. Toujours est-il que si vous êtes un tant soit peu fan de la série, il serait (très) dommage de ne pas jeter un œil sur cette version Mega Drive, assez injustement sous-estimée à l'époque (et sans doute encore un peu aujourd'hui….).