Lancé en 1991 sur une SEGA Mega Drive alors toute récente (en Europe), Streets of Rage fait indéniablement partie des jeux emblématiques de notre expérience 16 bits. Un de ces rares jeux qui parvenait à mettre tout le monde d'accord dans les cours de récréation au début des années 90, y compris parmi les plus fidèles adorateurs de la Super Nintendo. Explications...
Après Mega Man il y a quelques jours, évoquons aujourd'hui dans NEO·Classics un jeu emblématique de la Mega Drive de SEGA.
Pour rappel, Streets of Rage, c'est ce beat'em all mis au point par SEGA et AM7, avec une partie de la Team Shinobi ; une réponse en quelque sorte de SEGA à Nintendo qui proposait alors un certain Final Fight sur Super Nintendo. Mais c'est également une évolution du genre lui-même, mis en lumière quelques années auparavant par des jeux comme Renegade ou encore l'inoubliable Double Dragon.
Dans Streets of Rage, la ville est sous l'emprise d'un vil syndicat du crime, et trois jeunes officiers, Adam Hunter, Axel Stone (et son marcel blanc) et Blaze Fielding décident de mettre fin aux agissements de la pègre locale. Le tout, à grand renfort de coups de poings, coups de pied, tuyaux, battes de baseball et renforts policiers.
Bref, la recette parfaite à l'époque pour donner irrémédiablement envie de tanner ses parents des mois durant pour enfin acheter Streets of Rage à Continent (ou Mammouth), dévorer la notice du jeu sur la banquette arrière de la Giulietta Quadrifoglio de papa, trébucher (d'impatience sans doute) dans les escaliers qui mènent à l'étage, avant d'encastrer fougueusement la cartouche dans la console, et basculer enfin le switch de la Mega Drive sur "On".
Et là, avant même de presser une quelconque touche, premier choc, non pas visuel, mais sonore. En effet, si vous avez eu la bonne idée de regarder (et d'écouter) l'intro de Streets of Rage, alors vous avez entendu l'un des morceaux les plus emblématiques signés Yuzo Koshiro. En effet, à l'époque (j'ai environ dix ans), comment ne pas rester bouche bée face à cette introduction d'une justesse folle ?
Le drame du mauvais bouton...
Une fois l'intro terminée, vient enfin le moment tant attendu de presser enfin la touche Start. Une fois le personnage sélectionné (à savoir Axel Stone, comme la majorité des joueurs), il est grand temps de se lancer dans ce Streets of Rage, et d'effectuer aussitôt une première erreur...En effet, comme 100% des joueurs, je teste les différents boutons, et je gaspille aussitôt une attaque spéciale, appelant en renfort une voiture de police qui bombarde une aire de jeu alors... vide du moindre ennemi.
D'ailleurs, si vous relancer Streets of Rage aujourd'hui, il y a de très grandes chances pour qu'en 2020, soit près de 30 ans plus tard, vous fassiez exactement la même erreur. Cela fait un peu partie du "charme" Streets of Rage finalement.
Non seulement cela gaspillait une précieuse attaque spéciale... mais cela imposait surtout au joueur de se relever (parfois douloureusement) du canapé, pour aller presser la touche Reset de la console...»
Un beat'em all "classique" ?
Côté progression, Streets of Rage est un jeu beat'em all somme toute très classique dans le fond, mais le jeu mis au point par SEGA fourmille malgré tout de petites idées novatrices.On y retrouve des ennemis très variés, des boss très charismatiques, pas mal de coups disponibles, sans oublier la possibilité d'utiliser des battes de baseball, des couteaux...
Le tout est évidemment soutenu par la BO signée Yuzo Koshiro, et c'est pour cela que le premier niveau de Streets of Rage est aujourd'hui ancré dans les mémoires de tous ceux qui ont eu le bonheur de lancer le jeu à l'époque.
Il suffit ainsi de presser la touche "Poing" à intervalle régulier pour éviter de déclencher l'enchaînement, et venir à bout des ennemis. C'est très efficace oui, mais pas très spectaculaire...»
Évidemment, comme tout beat'em all, Streets of Rage procure un plaisir de jeu assez intense, en solo comme à deux joueurs, mais un plaisir de courte durée, puisqu'une petite heure à peine permet de boucler les 8 niveaux de l'aventure. Une aventure qui permettait d'ailleurs de profiter de plusieurs fins, en fonction du choix du joueur....
Plusieurs fins pour Streets of Rage ?
Eh oui, malgré son côté "beat'em all classique", Streets of Rage offrait un choix au joueur à la toute fin du jeu, lorsque l'on rejoignait enfin le vil Mr.X, après avoir martelé son pad MegaDrive et hurlé sur son compagnon de jeu après que ce dernier ait, pour la troisième fois consécutive, mangé une pomme alors que sa barre de santé était pleine !Ainsi, face à Mr.X, Streets of Rage posait une question au joueur, à savoir si ce dernier souhaitait devenir le nouveau bras droit du chef de la pègre locale. Seul souci à l'époque... aucun enfant de dix ans ne parle couramment anglais, et on avait alors tendance à répondre un peu "Yes" ou "No" sans vraiment savoir...
Ainsi, lorsque deux joueurs arrivent jusqu'à Mr.X, si ces derniers répondent différemment à la question posée, ils sont contraints... de s'affronter ! Après avoir collaboré durant 8 niveaux, les deux joueurs s'affrontent donc dans un terrible match à mort, de quoi mettre à mal même l'amitié la plus solide.
À l'issue du combat, le joueur rescapé peut à nouveau choisir de rejoindre ou non Mr.X. Après avoir défait ce dernier, on prend la place du chef du syndicat du crime, et on obtient... la mauvaise fin (ben oui, on vient quand même de tuer son collègue après tout) !
À noter qu'en répondant "Oui", on est aussitôt renvoyé au niveau 6... Pour visualiser la "vraie" fin de Streets of Rage, il faut donc refuser (en solo comme à deux joueurs) les avances de Mr.X, puis venir à bout de ce dernier. On peut aussi répondre "Oui", puis repartir du niveau 6 pour retourner affronter Mr.X,, mais c'est plus long... Bref, si vous avez joué à Streets of Rage en solo uniquement, vous n'avez jamais pu voir la mauvaise fin de Streets of Rage.
Plusieurs Streets of Rage ?
Pour la petite anecdote, si la "vraie" version de Streets of Rage est la version MegaDrive, le jeu de SEGA sera également converti en une déclinaison Master System. Ceux qui avaient la chance d'avoir une GameGear à l'époque savent que la licence a également été portée sur la console nomade de SEGA, au prix évidemment de quelques concessions techniques, sans oublier le retrait du personnage d'Adam.Enfin, ceux qui avaient le luxe ultime de disposer du Mega CD à la maison, ont également pu mettre la main sur une version CD-ROM du jeu, disposant notamment de voix retravaillées. Une version incluse dans la compilation SEGA Classic Arcade Collection, laquelle permet également de retrouver Shinobi, Golden Axe, Super Monaco GP et Columns.
Évidemment, face à l'énorme succès commercial de Streets of Rage, SEGA proposera un second opus en 1992, toujours sur Mega Drive. Un second opus que l'on retrouve d'ailleurs sur la récente Mega Drive Mini de SEGA.
Un Streets of Rage 2 forcément plus abouti, aujourd'hui considéré comme un classique indémodable, et qui reste pour beaucoup de gamers "LE" Streets of Rage à posséder absolument, ne serait-ce que pour ce petit coup de poing arrière façon Van Damme, en pressant simultanément les touches B et C.
Difficile en effet, au lancement d'une nouvelle partie, de ne pas se remémorer avec une certaine émotion la première découverte du jeu, au début des années 90... soit il y a près de 30 ans maintenant... »
La polémique Streets of Rage 3
En 1994, SEGA lance Streets of Rage 3, un épisode qui apporte là encore son lot de nouveautés... mais également son lot de censure. En effet, par rapport à la version nippone (Bare Knuckle 3), Streets of Rage 3 est édulcoré, avec notamment des combattantes qui sont plus habillées, une nouvelle tenue pour Blaze, une introduction remaniée (et un scénario zappé), ou encore un jeu qui s'arrête prématurément lorsqu'on l'on joue en Easy (comme pour certains jeux Konami d'époque).La plus grande censure concerne toutefois un boss du jeu, Ash, un combattant au look très inspiré par celui du célèbre policier du groupe Village People, au style queer très affirmé, et qui a tout simplement disparu des versions européennes et américaines du jeu. Il n'y a donc que dans Bare Knucle 3 que l'on peut découvrir, et affronter (et même jouer) Ash.
Au-delà de son côté polémique, et malgré quelques vraies nouveautés (le sprint, les roulades, les coups spéciaux, les nouvelles jauges d'énergie...) Streets of Rage 3 est rarement considéré comme le meilleur épisode de la saga, et nombreux sont ceux qui, en se référant à Streets of Rage, évoquent uniquement les nombreuses heures passées sur les deux premiers épisodes. Et puis, entre nous, la musique de Streets of Rage 3 est assez insupportable...
Paradoxalement, Streets of Rage 3 est aujourd'hui le jeu le plus coûteux de la saga, cela étant dû à une certaine rareté, par rapport aux deux premiers épisodes qui étaient extrêmement populaires parmi tous les détenteurs de Mega Drive. Le premier opus était d'ailleurs vendu en bundle avec la console, sans compter sa présence au sein de certaines compilations.
Le jeu qui mettait tout le monde d'accord ?
Bref, si dans les années 90, la guerre des consoles faisait (Streets of) rage dans les cours de récréation, avec d'un côté les pro-Super Nintendo et de l'autre les pro-Mega Drive, Streets of Rage faisait (et fait toujours) clairement partie de ces (rares) jeux qui mettaient tout le monde d'accord.Ainsi, nombreux sont les pro-Nintendo de l'époque à avoir alors sympathisé avec le clan ennemi, simplement pour avoir la chance de participer à une partie à deux joueurs de Streets of Rage sur la MegaDrive d'un camarade de classe (eh oui, c'est du vécu).
Fait étonnant, si la licence Streets of Rage est née sur la Mega Drive de SEGA, elle est également morte sur cette dernière... En effet, malgré le succès colossal de la licence, SEGA n'a jamais proposé un autre épisode de la licence sur les générations suivantes...
Rappelons néanmoins qu'en 2020, un nouveau (et quatrième) opus de Streets of Rage sera disponible, et mis au point par les équipes de DotEmu.