À la toute fin des années 80, Capcom collabore avec Disney pour proposer, sur la NES, les adaptations 8 bits de certaines licences emblématiques de l'époque. Parmi elles, un certain Duck Tales, adaptation de « La Bande à Picsou »...
Capcom + Disney + Nintendo = Hit(s) assuré(s)
C'est un fait, les années 80/90 étaient assurément une époque bénie pour les enfants et adolescents que nous étions. Non seulement Nintendo dynamitait le marché du jeu vidéo, mais Disney proposait également son lot de blockbusters au cinéma, sans oublier les dessins animés que nous étions tous et toutes impatients de retrouver chaque matin, à l'image de La Bande à Picsou, Tic et Tac, ou encore Super Baloo et Myster Mask...Aussi, autant dire que lorsque Capcom, Disney et Nintendo ont décidé d'allier leurs savoir-faire pour réaliser plusieurs jeux sur la NES à la fin des années 1980 (puis plus tard sur Super Nintendo), les jeunes gamers que nous étions avaient de quoi se réjouir... Le premier « vrai » fruit de cette collaboration était alors un certain Duck Tales, soit l'adaptation de La Bande à Picsou.
Lancé en Europe à la toute fin de l'année 1990 (et l'année précédente aux Etats-Unis), Duck Tales avait alors tout du cadeau de Noël parfait. En effet, à l'époque, les jeux à licence étaient gages de qualité pour les enfants (on est d'accord, il y a eu quelques gros ratés aussi...), et il était juste impossible de ne pas craquer en boutiques face au sublime artwork de ce Duck Tales.
À cette première impression s'ajoutaient les mentions « State of the Art » et même « High Resolution Graphics », qui ne laissaient aucun doute (dans ma tête en tout cas) quant à la qualité du jeu. En somme, autant d'éléments qui ont rapidement fait de Duck Tales un classique, et un sujet de conversation largement évoqué dans les cours de récréation.
À la maison, une pression sur la touche « On » de la NES reliée à la TV 36 cm de la chambre, pas de chargement, pas de mise à jour, pas de logos à zapper... Juste le menu principal, soutenu par le thème officiel de la série. Wow !
Concrètement, le jeu nous place dans la peau de Balthazar Picsou, qui doit récupérer cinq trésors légendaires, cachés dans cinq environnements différents. Nous voilà alors entraînés en Amazonie, dans les Mine Africaines, en Himalaya, Transylvanie et même sur la Lune.
Alors oui, Duck Tales accuse d'affreux ralentissements, et certains passages sont discutables, mais quel plaisir malgré tout de pouvoir incarner Oncle Picsou et voyager de stage en stage, tout en rencontrant les principaux protagonistes de la série.
Du Mega Man dans mon Duck Tales ?
En effet, si les amateurs de Mega Man ont eu cette impression de jouer à un titre très familier avec Duck Tales, c'est tout simplement car celui-ci a été mis au point par une partie de l'équipe en charge du premier cité ! Ainsi, Duck Tales compte notamment dans ses rangs Tokuro Fujiwara, mais aussi un certain Keiji Inafune.Graphiquement, difficile de ne pas voir la filiation évidente avec Mega Man, cette dernière se retrouvant également du côté du gameplay et de la liberté laissée au joueur, qui peut démarrer Duck Tales par n'importe quel niveau.
Idem pour l'audio : il est impossible de ne pas penser au célèbre robot bleu en entendant le thème musical qui ponctue chaque victoire sur un boss. De fait, sans surprise, la bande-son de Duck Tales est signée Yoshihiro Sakaguchi, lequel a également œuvré sur Mega Man.
Après tout, il fallait au moins ça pour le plus grand boss de toute la ville, le plus puissant de tout Canardville, non ?
Jump pogo pogo pogo, bounce pogo pogo pogo !
Pour le gameplay, Capcom a su insuffler une vraie aura dans ce Duck Tales, avec de nombreuses subtilités brillantes. Doté d'une canne, Picsou est capable ici de réaliser un « swing », apprécié des golfeurs, qui permet non seulement de déplacer des caisses, mais aussi d'ouvrir des coffres ou encore de balancer certains objets sur les ennemis. Un coup sur un objet trop dur ou trop lourd, et on a droit à une petite animation très rigolote.Toutefois, LE gros point fort de Duck Tales, c'est évidemment le « pogo jump ». Ainsi, grâce à une simple manipulation durant un saut (bas + B), Picsou est capable de rebondir sur sa canne. Cela permet non seulement d'anéantir la plupart des ennemis, mais aussi d'ouvrir des coffres ou encore d'atteindre des plateformes en hauteur.
Un Duck Tales, trois fins différentes
Et oui, si certains d'entre vous ont appris à la lecture de notre NEO•Classics dédié à Streets of Rage que le jeu proposait une fin spécifique en mode deux joueurs, vous serez peut-être surpris d'apprendre que Duck Tales aussi dispose de plusieurs fins possibles.Si vous terminez le jeu avec moins de 10 000 000 dollars, à la toute fin du jeu, vous serez quand même considéré comme « le canard le plus riche du monde », et Picsou dansera devant un coffre rempli de pièces d'or.
En terminant le jeu avec plus de 10 000 000 de dollars, vous retrouverez alors l'Oncle Picsou nageant au sommet d'une pyramide de pièces d'or, coiffé d'une couronne. Il s'agit de la meilleure fin possible de Duck Tales.
Enfin, la troisième possibilité consiste à terminer le jeu sans le moindre dollar en poche... Pour cela, il faut arriver au boss final avec un multiple de 3 millions de dollars au compteur. En pressant « Select », on peut alors refaire le plein de vie, contre 3 millions de dollars donc. L'astuce consiste ainsi à épuiser son stock d'or avant d'asséner le coup fatal au boss. Cela permet de visionner la « mauvaise » fin, celle où Picsou est dévasté d'avoir perdu toute sa fortune...
Et même un « bonus stage »
Plus étonnant encore, il est parfois possible de se faire emmener dans un « bonus stage » par ce bon vieux Flagada Jones. Comment ? Tout simplement en demandant un passage à ce dernier (lorsqu'on le croise dans un niveau), à un moment où votre fortune contient un « 7 » au niveau de la dizaine de milliers.Par exemple, si vous acceptez la requête du célèbre pilote en ayant 1 170 000 dollars au compteur, vous serez emmené dans un stage spécial, dans les nuages, ce qui vous permettra d'accumuler encore plus de diamants.
Une suite... et un remake ?
Côté ventes, Duck Tales s'est écoulé à un peu moins de 1,7 million d'exemplaires sur NES, soit un peu plus que le portage GameBoy, crédité de 1,43 million de ventes.Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, Capcom a pris tout son temps pour mettre au point la suite du jeu, puisque celle-ci ne verra le jour qu'en 1993, sous la forme d'un opus assez similaire au premier épisode, bien qu'un peu moins impactant (beaucoup de joueurs ayant alors migré sur Super Nintendo), et ce malgré une solide bande-son signée cette fois Minae Fujii (Breath of Fire).
À noter qu'en août 2013, Capcom a lancé une version « Remastered » de Duck Tales, que certains peuvent d'ailleurs se targuer de détenir en version physique. Les plus chanceux disposent même d'une version presse, limitée à 150 exemplaires, laquelle contient une cartouche dorée de l'épisode originel, jouable sur une NES.
Plus récemment, les deux opus de la série Duck Tales ont été proposés via l'excellente compilation The Disney Afternoon Collection, qui regroupe également les deux Chip'n Dale (Tic & Tac), Talespin (Super Baloo) et enfin l'excellentissime Darkwing Duck (Myster Mask).