Les robots-tueurs sont bien présents dans l'univers cinématographique, « The Terminator » étant certainement l'exemple le plus célèbre. Pourtant, alors que les armes pleinement autonomes se rapprochent de plus en plus de la réalité, Human Rights Watch alerte une nouvelle fois sur le besoin d'une législation.
À un moment où les drones de combat se développent, la société lance un nouveau message s'inscrivant dans sa campagne contre les « robots tueurs » et appelant à une interdiction globale des « armes entièrement autonomes ».
L'expression d'un « large éventail de préoccupations »
Le 10 août, Human Rights Watch a publié un rapport analysant les politiques menées par 97 pays depuis 2013. Concernant l'Hexagone, il précise ainsi : « La France reconnaît que la suppression du contrôle humain de l'usage de la force soulève des problèmes éthiques juridiques, opérationnels et technologiques complexes. […] En avril 2019, la ministre de la Défense Florence Parly a rejeté les appels à interdire "les systèmes d'armes qui pourraient agir sans aucune forme de contrôle humain", tout en précisant également que "la France refuse de confier la décision de vie ou de mort à une machine qui agirait de manière totalement autonome et serait au-delà tout contrôle humain." »
Le rapport doit exprimer un « large éventail de préoccupations » à l'échelle mondiale. Ses auteurs expliquent que les armes autonomes « pourraient décider de qui doit vivre ou mourir, sans les caractéristiques intrinsèquement humaines, comme la compassion, qui sont nécessaires pour faire des choix éthiques complexes. »
Human Rights Watch pointe également un flou juridique concernant la responsabilité des systèmes d'armes létales autonomes (SALA). En cas de crimes de guerre par exemple, faudra-t-il accuser le programmeur ou le militaire ? Une question déjà posée par d'autres organismes, notamment Amnesty International.
Une évolution inéluctable, mais progressive
Par conséquent, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé les pays à agir concrètement, qualifiant les programmes avancés de « moralement répugnants et politiquement inacceptables ».
Mary Wareham, directrice du plaidoyer sur les armes au sein de l'organisation ajoute : « La suppression du contrôle humain sur le recours à la force est désormais largement considérée comme une menace grave pour l'humanité qui, comme le changement climatique, mérite une action multilatérale urgente. »
Selon le rapport, une trentaine de pays, parmi lesquels le Brésil, le Chili et l'Autriche, se sont déjà engagés pour l'interdiction des armes létales autonomes. Mais un pays qui ne s'engage pas dans cette course à l'armement prend le risque d'un déclassement stratégique, et la plupart des pays les plus influents s'y sont lancés il y a déjà longtemps. Dans le cas de la Russie ou des États-Unis, le rapport d'Human Rights Watch évoque ainsi des « investissements importants » dans « divers systèmes d'armes autonomes. »
Le 22 juillet, les deux députés Fabien Gouttefarde (LREM) et Claude de Ganay (LR) ont présenté un rapport un peu plus rassurant, affirmant qu'« à ce jour, les systèmes d’armes létaux autonomes n’existent pas », bien que les systèmes d'armes autonomes soient de plus en plus automatisés. Pour eux, des systèmes comme les plateformes SGR-A1 installés à la frontière entre les deux Corées sont présentés comme des systèmes autonomes, mais ne le sont pas pleinement.
Les deux élus estiment également que si cette évolution vers des armes totalement autonomes est inéluctable, elle se fera progressivement. « Hasta la vista, baby », ce n'est donc pas pour tout de suite.
Source : New York Post, Human Rights Watch, La Croix, Amnesty International