L'avionneur européen a récemment mis un terme, avec succès, à deux ans d'essais en vol. Il imagine désormais faire du projet d'avion de ligne autonome ATTOL une réalité.
La vision par ordinateur avancée et l'apprentissage automatique, portés par des capteurs et des caméras, ont permis de faire faire un bond au secteur aérien sur le marché des technologies et des vols autonomes. S'il est encore difficilement envisageable, pour des raisons réglementaires et de sécurité évidentes, d'imaginer un vol totalement autonome, Airbus a transformé son projet ATTOL en alternative crédible. Le géant de l'aéronautique peut désormais affirmer qu'il arrive à faire rouler, décoller et atterrir un avion de façon autonome.
L'émancipation de l'avion commercial
Airbus expliquait, il y a quelques semaines, avoir conclu avec succès sa campagne de projet d'avion de ligne autonome, baptisé ATTOL. Cela faisait plus de deux ans que l'avionneur enchaînait les rotations et les collectes de données à bord de l'Airbus A350-1000 XWN, un beau bébé concurrent désigné du Boeing 777-X, dont les commandes ont très fortement ralenti cette année en raison du coronavirus.
Sur les deux dernières années, le groupe annonce que plus de 500 vols d'essai ont été menés. Neuf vols sur dix (450 au total) ont permis la collecte de données vidéo brutes, mais aussi le développement d'algorithmes aidant aux manœuvres autonomes. Six vols d'essai, intervenant en bout de piste du projet, ont permis de tester les capacités de vol autonome, avec une succession de décollages et d'atterrissages.
Le premier décollage entièrement automatisé fut célébré le 16 janvier 2020 depuis l'aéroport de Toulouse-Blagnac, déjà à bord d'un A350-1000. Dans le cockpit, deux pilotes, comme d'habitude, accompagnés de deux ingénieurs d'essais en vol et d'un ingénieur de vol. "Nous avons déplacé les manettes des gaz en position de décollage et nous avons surveillé l'avion. Il a commencé à se déplacer et à accélérer automatiquement en maintenant l'axe de piste, à la vitesse de rotation exacte entrée dans le système. Le nez de l'avion a commencé à se soulever automatiquement pour prendre la valeur de pas de décollage prévue et quelques secondes plus tard, nous avons décollé", avait alors commenté le pilote Airbus Yann Beaufils.
Y a-t-il un pilote dans l'avion ?
Ces tests furent grandement facilités par la présence d'une technologie de reconnaissance d'images (des caméras, des capteurs, etc.) directement installée sur l'avion. L'utilisation de technologies autonomes est destinée, à terme, à soutenir les pilotes dans leur prise décision stratégique et la gestion de leur mission, et à se délester des opérations aériennes courantes. Le tout "en améliorant la sécurité des aéronefs, garantissant ainsi le maintien des niveaux sans précédent d'aujourd'hui", précise Airbus.
L'avionneur précise que l'autonomie de ses appareils n'est pas un objectif en soi. L'idée est plutôt d'impulser une philosophie et d'explorer les technologies autonomes dans d'autres domaines, comme les matériaux, les systèmes de propulsion alternatifs, l'électrification et la connectivité.
Ces tests concluants ne sont que le premier pas vers l'éventualité d'un avion où le pilote n'aurait plus besoin de son copilote, mais serait épaulé par le système autonome (quid en cas de pépin sur un vol long-courrier ?). Si l'autonomie peut faire économiser plusieurs milliards de dollars à l'industrie, beaucoup restent sceptiques sur le plan de la sécurité.
Source : Airbus