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Outil indispensable dans la projection de son soft power et la déstabilisation de nations, le numérique est une arme à part entière dans la machine de guerre russe.

Le Kremlin est rompu à l'exercice de la désinformation. Du moins, il est soupçonné depuis plusieurs années de participer plus ou moins directement à des opérations d'envergure. Entre influence dans des élections et dénigrement de vaccins contre la COVID-19, les exemples sont toujours plus nombreux.

Meta affirme avoir déjoué une vaste opération de désinformation

Dans un nouveau rapport intitulé « Eliminating Coordinated Inauthentic Behavior from China and Russia », l'entreprise californienne fait état d'une campagne de désinformation à grande échelle provenant de Russie. Opérant sur plusieurs plateformes de médias sociaux telles que Facebook, Instagram, YouTube, Twitter, Telegram ou encore LiveJournal, l'opération a impliqué un réseau de 60 sites web factices. Dans un souci de crédibilité, certains de ces sites ont usurpé l'identité de grands médias européens tels que Der Spiegel, The Guardian ou Bild.

Ben Nimmo et Mike Torrey, les auteurs du rapport, écrivent :

Il s'agit de l'opération d'origine russe la plus importante et la plus complexe que nous ayons déjouée depuis le début de la guerre en Ukraine. Elle présentait une combinaison inhabituelle de sophistication et de force brute. Les sites web usurpés et l'utilisation de nombreuses langues ont exigé un investissement aussi technique que linguistique. L'amplification sur les médias sociaux, en revanche, reposait principalement sur des publicités sommaires et des faux comptes.

Les articles falsifiés critiquaient le plus souvent l'Ukraine et les réfugiés ukrainiens, ou s'opposaient aux sanctions imposées à la Russie. Leur contenu était produit en anglais, français, allemand, italien, espagnol, russe et ukrainien, entre autres, ce qui donne une idée de la portée de l'opération.

Des mèmes comme outil de propagande

Selon les auteurs, les faux comptes utilisés ont fini par fabriquer des « mini-marques » qui, en s'imposant sur différents réseaux sociaux simultanément, se sont construites une réelle visibilité. En plus de la participation des pages Facebook d'ambassades russes, les initiateurs auraient dépensé 105 000 dollars pour mettre en avant les faux articles et... des mèmes originaux. En effet, Meta rapporte que la campagne en aurait fait l'usage pour promouvoir des histoires pro-russes et anti-ukrainiennes. L'entreprise mentionne également de fausses pétitions, dont une sur Change.org qui demandait au gouvernement allemand de mettre fin à sa « générosité inacceptable » envers les réfugiés ukrainiens.

Bien que cette campagne ait été sophistiquée à certains égards, Meta affirme que le schéma de publication répétitif par des comptes créés de toutes pièces a provoqué la suppression de beaucoup de ces derniers par des systèmes automatisés. Les auteurs du rapport concluent que les deux approches employées, la création de sites d'information factices et leur diffusion via les réseaux sociaux, « ont fonctionné comme une tentative de raid contre le monde de l'information, plutôt qu'un réel effort pour l'occuper durablement. »

Source : The Verge